Mauvaise nouvelle sur le front de la mobilité propre en France : les intentions d’achat de véhicules électriques ont stagné par rapport à l’année dernière. S’il ne s’agit pas d’un coup d’arrêt, cette enquête prouve la difficulté qu’a encore cette technologie à convaincre et, par tant, à décoller. Malgré d’indéniables progrès sur les gros points noirs de la mobilité électrique (prix, autonomie, temps de recharge, réseau de bornes).

La mobilité électrique est à l’orée de son explosion. Tous les analystes le prévoient, les constructeurs automobiles s’y préparent, les autorités musclent les infrastructures pour y répondre, les spéculateurs anticipent une hausse de la demande de matières premières pour les batteries Lithium-Ion : l’électrification est le seul avenir possible pour l’automobile.

10% des Français prêts à acheter un VE, pas plus qu’en 2018

Pour autant, cette révolution tarde à se faire sentir dans les ventes. Le grand décollage, tant attendu, n’a pas encore eu lieu. Pire : même dans les intentions d’achat, la demande tend à stagner, du moins en France.

C’est le principal enseignement du 3ème Baromètre Energie de L’Argus, qui s’appuie sur une enquête auprès de 2 100 répondants en mai 2019. Seuls 10% des Français envisagent d’acheter un véhicule électrique. Soit le même chiffre qu’en 2018, contre 6% en 2017.

L’autonomie continue de poser soucis, malgré les considérables progrès

Le plus étonnant est sans doute les motivations qui empêchent de basculer vers l’électrique. En effet, l’autonomie arrive en tête : elle est, pour 63% des sondés, le frein le plus important à cette conversion. Alors même que les capacités des batteries ne cessent de croître, et que chaque nouvelle génération de véhicule propose des autonomies toujours plus élevées.

Sur ce point, sans doute, un vrai effort de communication est nécessaire pour tordre le cou à ce qui ressemble de plus en plus à une idée reçue, cohérente avec la réalité de 2015, mais plus du tout avec celle de 2019.

vehicules electriques france intentions achat - Les Smart Grids

La recharge, un questionnement légitime, sur lequel travaillent les autorités

Le second frein est plus attendu, et il correspond à une réalité : 54% des Français sont gênés par les contraintes de chargement. Bornes publiques pas assez nombreuses, temps de chargement élevés, voire impossibilité de pouvoir recharger à son domicile (pour 35% des sondés) : les griefs sont nombreux, mais pris en compte par les autorités.

Le renforcement du réseau de recharge public, l’amélioration du droit à la prise, les installations de borne facilité en copropriété : un grand nombre de mesures de la Loi Mobilité de 2019 visent spécifiquement ce problème.

Les prix des VE doivent continuer de baisser

Le prix reste aussi un blocage d’importance, puisque 51% des Français estiment l’offre électrique trop chère ou pas adaptée. En la matière, la baisse constante des prix des batteries et les économies d’échelle induites par l’industrialisation de cette technologique devraient porter leurs fruits, et le prix de véhicules électriques devraient continuer de décroître.

Des petites voitures citadines électriques à prix cassé, comme le modèle qu’envisage de commercialiser Renault, devraient ainsi faire leur apparition.

Le VE, pas écologique ? Une idée reçu à laquelle il faut tordre le cou

Autre idée reçue : 47% des sondés estiment que l’électrique n’est, au final, pas plus écologique que le moteur thermique. Si les conditions d’extraction et de recyclage du lithium sont loin d’être durables et écologiques (et justifient la défiance des clients potentiels), la critique provient, là encore, d’une forme de désinformation.

Oui, les émissions finales d’un véhicule électrique et son impact écologique quotidien dépendent de la façon dont est produite l’électricité qui l’alimente. Un VE roulant dans un pays où l’électricité est produite massivement avec du charbon s’avérera peu écologique. Mais il produira, in fine, moins d’émissions qu’un moteur diesel ou essence. Une vérité qui mériterait d’être répétée.

Se projeter dans le système énergétique du futur

Surtout, acheter un véhicule électrique, c’est se projeter dans le système énergétique du futur. Même les opposants au nucléaire doivent comprendre que la France envisage, à terme, de produire toute son électricité avec des sources renouvelables, et que miser sur la mobilité électrique permettra, dans un premier temps, d’émettre moins de CO2 (le changement climatique étant une problématique sans doute plus urgente que le démantèlement des centrales nucléaires), et, dans un second temps, d’accompagner la mutation énergétique du pays vers plus de renouvelables.

De même, mettre dans la balance la problématique réelle du lithium avec les conséquences des gaz à effet de serre relève, là aussi, de la malhonnêteté intellectuelle. On compare une pollution dommageable, qu’il faut réduire et combattre, mais superficielle à l’échelle du globe, avec une catastrophe écologique qui va bouleverser l’ensemble des écosystème de la Terre. Là aussi, un vrai effort pédagogique est indispensable.

Indispensables campagnes de communication

D’autant qu’en intention d’achat, le diesel a repris, en 2019, du poil de la bête, et a bondi de 24 à 28%. Un véritable non-sens dans la situation écologique et climatique actuelle.

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La communication des médias et du gouvernement n’est donc, de toute évidence, pas suffisante. Soit en volume, soit en qualité. Il faut vraiment faire œuvre de pédagogie, pour briser ces idées reçues qui continue d’entourer le véhicule électrique.

Hyundai rejoint Ionity, pour développer les infrastructures de recharge en Europe

Et également mettre en évidence les initiatives qui prouvent qu’une révolution est en marche. Ainsi, tout récemment, le groupe Hyundai (qui possède également la marque Kia) a rejoint le conglomérat Ionity GmbH, fondé par BMW, Ford, Daimler AG et Volkswagen, et visant à muscler l’offre de bornes de recharge automobile dans l’Union Européenne.

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L’objectif est de proposer un réseau de bornes de recharge à haute puissance, le long des axes routiers principaux, et compatible avec un maximum de marques, afin de proposer une alternative à Tesla en terme de densité d’infrastructures de recharge. L’initiative ne compte pour l’heure que 140 stations (400 prévues pour fin 2020), qui souffrent pour l’heure de soucis techniques (application de recharge peu claire, compatibilité avec certains modèles problématiques, pannes).

Aider à l’adoption de la mobilité électrique

Le soutien d’un constructeur de poids, qui va contrôler 20% de la co-entreprise, devrait aider à régler ces soucis. Il s’agit, en tous les cas, d’une preuve que les industriels de l’automobile ont conscience des questions que soulève la mobilité électrique, et sont prêts à y répondre. « Notre participation dans cette coentreprise réaffirme l’enthousiasme du groupe pour la mobilité électrique dans l’avenir«  a déclaré Thomas Schemera, le vice-président du groupe Hyundai Motor.

C’est en mettant en avant ces initiatives, en continuant de muscler le réseau de recharge, en faisant la chasse aux idées reçues, que les autorités pourront accompagner les évolutions technologiques de la mobilité électrique et aider à son adoption par le plus grand nombre.

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