Concept désormais connu de tous ou presque, l’IA est en train de bouleverser notre vie du quotidien. Mais pour les entreprises, la révolution de l’intelligence artificielle est-elle en marche ? quelles applications sont concernées ? Le point sur le sujet avec différentes illustrations de ses nombreuses potentialités.

Comme nombre de procédés révolutionnaires avant elle, la question de l’intelligence artificielle (IA) divise la population quant à ses bénéfices réels. Si ses partisans vantent sa capacité à effectuer des tâches pénibles et répétitives pour soulager l’Homme, ses détracteurs l’accusent déjà de constituer une menace sur l’emploi. Quelle que soit la position idéologique sur le sujet, tous s’accordent sur l’irrésistible développement de l’IA dans la société moderne. « L’intelligence artificielle et les capteurs sont partout pour la santé, le confort, le bien-être, la sécurité de l’utilisateur et lui promettent des services personnalisés dans la ville, dans la maison, dans la voiture (autonome). » estime Véronique Lacour, Directeur Exécutif Groupe Transformation et efficacité Opérationnelle chez EDF.
Mais encore faut-il s’accorder sur sa définition… « L’IA, ce sont des systèmes qui vont essayer de se rapprocher le plus possible de l’intelligence humaine », estime Romain Picard, directeur au sein de l’entreprise californienne de big data Cloudera. « L’IA consiste à déléguer à des machines une partie des capacités humaines en termes d’intelligence, de décision et d’action », croit pour sa part Mouloud Dey, directeur de l’innovation chez SAS France, spécialiste des logiciels d’analytique avancée. D’après la norme ISO 2382-28, l’IA se définit par la « capacité d’une unité fonctionnelle à exécuter des fonctions généralement associées à l’intelligence humaine, tels que le raisonnement et l’apprentissage ». Derrière ce buzzword parfois galvaudé se cachent en fait deux sous-catégories : le machine learning (ML) ou apprentissage automatique, qui s’appuie sur le big data pour identifier les jouets les plus demandés à Noël à partir de l’étude des réseaux sociaux, par exemple ; et le deep learning, ou apprentissage profond, qui permet de reconnaître des objets plus complexes pour les interpréter (ex : reconnaissance vocale).

Les nombreux usages pour les entreprises

Pour les entreprises, l’IA recèle une multitude d’usages concrets, qui concernent la quasi-totalité des secteurs de l’économie. Certaines applications très connues comme la reconnaissance vocale, faciale ou digitale intéressent de nombreux domaines d’activité tels que la sécurité, les télécommunications, l’aéronautique ou encore l’automobile. D’autres solutions sont également déjà largement développées dans la domotique, pour la gestion automatisée et programmée de certaines tâches ménagères par exemple, et dans l’industrie, pour des gains de productivité sur chaque poste de travail. Dans le marketing, l’IA peut être utilisée pour cibler les clients potentiellement intéressés par certains produits ou services. Dans les ressources humaines, elle permet notamment de trier automatiquement les CV selon les critères prédéfinis. Après l’informatisation et la dématérialisation des services, l’introduction de l’IA dans la sphère professionnelle apporte, de manière globale, des promesses d’optimisation des moyens techniques comme humains, visant à améliorer la compétitivité des sociétés. Le Model driven business (MDB) permet ainsi, à partir des données collectées, de modéliser une activité comme la production ou la vente afin de l’optimiser, au point même de pouvoir l’automatiser. Mais d’après Stéphane Roder, PDG du cabinet de consulting AI Builders, « il ne sert à rien de recruter en masse des data scientists pour « voir » ce qu’ils pourraient faire et attendre d’eux qu’ils reviennent avec une idée géniale qui va révolutionner votre entreprise. Ce ne sont pas des consultants, ce sont des informaticiens de la statistique. Ils savent merveilleusement bien résoudre un problème qu’on leur soumettra, mais dans l’entreprise, ils sont rarement à l’origine d’un développement car trop éloignés de sa réalité opérationnelle. » Selon lui, « ce sont les métiers de l’entreprise qui seront les « révélateurs » de ces nouveaux gisements de gains de productivité, car ils ont conscience des paramètres qui font le succès de leur activité ». Autrement dit, pour que l’IA profite aux sociétés, elle doit se rapprocher de ses différents corps de métier pour qu’ils identifient les bénéfices potentiels et s’approprient son utilisation.

L’IA au coeur de métiers qui se réinventent

Mettre l’IA au service de l’entreprise, c’est la logique qu’a suivie EDF pour lancer en juin dernier une structure de 20 collaborateurs dédiée à l’intelligence artificielle. Son but : répondre aux besoins métiers du groupe en développement des solutions d’IA. Le pôle dirigé par Aude Vinzerich fonctionne en mode agile, sur la base de trois mois de conception et trois autres d’expérimentation par projet, afin de concevoir un assistant pour traiter les 250 emails quotidiens reçus par le service comptabilité, par exemple. Pour ce service, l’IA rend également service aux milliers de fournisseurs du groupe, en orientant et en prétraitant plus rapidement leurs demandes par un chatbot, synonyme de gain de temps espéré de 60 %. Et contrairement aux idées reçues, l’IA ne détruit donc pas les métiers ; elle contribue à les transformer et en créé aussi de nouveaux ! « Cette inquiétude [sur la suppression d’emplois] est infondée car même si une entreprise meurt, une autre prend sa place, assurant une demande constante de compétences », estime Jean Leonetti, président de la Communauté d’agglomération de Sophie-Antipolis. Ainsi, les entreprises travaillant sur l’IA dans la technopole auraient créé 5 000 emplois en cinq ans. Pour pourvoir à l’ensemble des besoins, Cédric Villani, député et mathématicien brillant, a d’ailleurs plaidé dans un rapport rendu en mars 2018 pour le triplement des salariés formés à ces technologies.

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