Lancés à grand renfort de communication, les outils de domotique, intégrés par Free et Orange dans leurs dernières box Internet, font figures d’innovation. En France, l’histoire d’amour entre la maison connectée et les fournisseurs d’accès à Internet (FAI) remonte pourtant au début des années 2010. Mais l’heure étant à la simplification et à la compatibilité entre les divers outils domotiques, une box peut désormais devenir votre unique interlocuteur avec votre maison connectée. Une bonne nouvelle pour la prise en main de la transition énergétique par les citoyens ?

Free et Orange, les deux opérateurs télécoms, se sont répondus coup pour coup, à la fin de l’année 2018, dans deux lancements largement reliés par les médias.

Free à l’assaut de la maison connectée et de la sécurité des foyers

Free a en effet présenté une nouvelle Freebox, baptisée Delta, orientée haut de gamme, avec une multitudes de services, dont divers outils de domotique et de sécurité. Pour ce faire, l’opérateur a mis en place un partenariat avec Somfy : l’abonné Free peut désormais contrôler à distance l’ensemble des ouvertures et fermetures de la maison (le cœur de métier du fabricant), mais aussi l’éclairage, les prises, l’alarme, les éventuelles caméra.

domotique fai transition energetique - Les Smart Grids

Une nouvelle interface a été ajoutée à l’application « Freebox Compagnon » pour piloter ces équipements à distance, via des protocoles IO-homecontrol et RTS. Mieux, ils sont pilotable par une commande vocale, puisqu’Alexa, l’assistant personnel d’Amazon, a été intégré à la nouvelle box de Free.

Parallèlement, l’opérateur a lancé un pack sécurité, compris dans l’abonnement Freebox Delta à 49,99 euros par mois, comprenant une caméra avec vision nocturne, un détecteur de mouvement, un détecteur d’ouverture de porte et de fenêtre, et une télécommande, reliés via un protocole Sigfox. Pour 2 euros de plus par mois, vous pourrez disposer, en cas de soucis, de la présence d’un agent de sécurité pendant 24 heurs (deux fois par an maximum).

La « Maison connectée » d’Orange répond au FreeHome de son concurrent

Quelques jours plus tard, durant son Hello Show, Orange dévoilait ses nouveautés, toutes compatible avec les 3 millions de Live Box 4 déjà installées chez des particuliers – dont l’offre « Maison connectée », gratuite, et l’offre « Maison protégée », payante par abonnement.

La première vous permet de piloter, via l’interface de votre Livebox, l’ensemble de vos objets connectés, via un protocole ULE. L’opérateur propose en priorité les produits de ses partenaires technologiques, Deutsch Telekom et Awox – une prise intelligente (39,99 euros), un détecteur d’ouverture (14,99 euros) ou encore une ampoule connectée (24,99 euros). Mais l’ensemble sera également compatible avec les objets domotiques les plus populaires, de la gamme HUE de Phillips jusqu’au thermostats connectés Netatmo.

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L’offre « Maison protégée » est un système de télésurveillance 7j/7 et 24h/24, au prix de 25,99 euros par mois pour un appartement en étage et 30,99 euros par mois pour une maison ou un appartement en rez-de-chaussée. Il comprend une centrale d’alarme, un clavier avec sirène intégrée, des détecteurs d’ouverture de porte, des détecteurs de mouvement avec prise de photo et deux badges d’activation sans contact. Le tout contrôlé par un centre de surveillance pouvant faire des interventions sur place en cas de soucis.

Pas vraiment des nouveautés, loin de là

Le plus amusant, c’est que les deux FAI ont présenté ces options comme des nouveautés. C’est oublier un peu vite que leurs deux concurrents sur le marché français, SFR et Bouygues Telecom, ont fait figure de pionniers dans l’intégration d’outils domotiques à une box Internet.

Dès 2011, Bouygues lançait la première offre de pilotage et de maîtrise de l’énergie, en partenariat avec la start-up Ijenko. Deux packs étaient proposés. Le premier, à 4,90 euros par mois, permettait de commander à distance ses appareils électriques et de suivre leur consommation énergétique en temps réel. Il comprenait une « box énergie » à connecter à la Bbox, un capteur à installer sur son compteur électrique, et trois prises intelligentes à brancher sur les appareils électriques. Le second, à 9,90 euros, offrait en plus un capteur d’humidité, un détecteur de mouvement et un détecteur d’ouverture et de fermeture de porte.

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Quand Bouygues, Orange et SFR se cassaient les dents sur la domotique

Puis, en 2012, c’était au tour de SFR avec son offre Home by SFR, une box domotique gratuite, mais nécessitant d’acheter des objets connectés pour profiter à plein de la plateforme dédiée. Orange lui-même avait lancé peu de temps après la box énergie Homelive, fonctionnant sur le même principe.

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Le bilan de ces initiatives précoces impose un constat d’échec. Assez cuisant. Les box de Bouygues et d’Orange ont fait long feu, et n’ont jamais convaincu les consommateurs. L’offre de SFR existe toujours, mais elle ne s’est pas, loin s’en faut, imposé auprès du grand public.

On pourrait relier ces déconvenues commerciales à la frilosité des Français en matière de domotique, mais d’autres FAI, dans des pays friands d’offres « maison connectée » (BT au Royaume-Uni, Verizon aux Etats-Unis), s’y sont également cassé les dents. Comme si le marché n’était pas mûr, ou l’angle d’attaque pas le bon. Les opérateurs télécoms ne semblaient pas les bons interlocuteurs pour s’équiper d’objets permettant de maîtriser la consommation de son foyer.

Une nouvelle ère pour la domotique et les opérateurs télécoms

Mais la donne a, semble-t-il, considérablement changé. Les objets domotiques commencent à s’installer dans les foyers, la nécessité de contrôler sa consommation d’énergie s’impose doucement dans les esprits. Dans le même temps, les protocoles de contrôle des objets connectés se simplifient et gagnent en compatibilité. Une plateforme unique peut désormais piloter plusieurs appareils de marques et d’origine diverses.

L’offensive d’Orange et de Free se comprend dans cette logique. Pour commencer, les deux opérateurs ne proposent plus de box distincte, mais d’intégrer le pilotage de la maison connectée dans leur box Internet. Une différence de taille, qui peut aider à convaincre des clients de s’équiper. En effet, si l’on souhaite installer des outils domotiques dans sa maison, disposer déjà de la plateforme qui permet de les piloter tous est un vrai confort. Par ailleurs, dans un monde de plus en plus connecté, limiter les interfaces va devenir un vrai besoin pour les particuliers.

Faciliter l’adoption de la domotique par les citoyens, une bonne nouvelle pour la transition énergétique !

Bouygues Telecom a d’ailleurs récemment intégré Google Assistant à ses dernières box, afin de pouvoir piloter ses objets connectés directement à partir de ces dernières. L’enjeu est de proposer les mêmes services que les enceintes connectées qui commencent à se multiplier dans le monde (aux Etats-Unis, 20% des foyers sont déjà équipés), et sont idéales pour piloter un ensemble domotique.

Pour les FAI français, s’imposer sur ce marché est important car il leur permet de générer de nouveaux revenus, avec de nouveaux modèles d’affaire. Cette simultanéité des offres d’Orange et de Free donne d’ailleurs le sentiment que la France est mûre pour le développement à grande échelle d’outils domotiques. Le contrôle, par leurs particuliers, de leur consommation énergétique, s’il est un enjeu financier pour le budget des foyers, est aussi un enjeu majeur de la transition énergétique.

De ce point de vue, l’offensive des opérateurs télécoms sur le marché de la domotique est une excellente nouvelle, qui ne pourra qu’aider à développer ces outils dans un maximum de foyers. Avec l’avènement des compteurs intelligents, ils annoncent un monde où les citoyens deviennent des consom’acteurs, et maîtrisent pleinement leur consommation d’énergie. Un nouveau modèle, pour le bien de tous.

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