Le choix de la France de se tourner significativement vers les énergies renouvelables dans les prochaines années pose la question de l'intégration de ces dernières dans le réseau électrique. Comment injecter efficacement ces énergies souvent intermittentes, aux sources très localisées ? Quels sont les acteurs de l'énergie en ayant la responsabilité ? Dans quel cadre normatif ? Quelles sont les retombées économique d'un tel chantier ? C'est à ces questions que nous tentons de répondre.

 

Après être revenus sur les objectifs de la France en termes d'EnR, avoir évoqué le cadre normatif propre au chantier de l'intégration de ces énergies dans le réseau et avoir réalisé un focus sur les acteurs du raccordement, tour d'horizon, dans ce quatrième et dernier volet, des enjeux économiques soulevés. 

Le projet de loi pour la transition énergétique pour une croissance verte est actuellement de retour en discussion à l’Assemblée Nationale. Porté par la ministre de l’Ecologie, Ségolène Royal, le texte de loi fait la part belle aux énergies renouvelables qui devront atteindre 32% de la consommation électrique totale en 2030. Au delà de leurs arguments écologiques, les énergies renouvelables seront sans nul doute le moteur de la croissance économique et de la création d’emplois en France dans les années à venir. L’étape du raccordement au réseau principal devrait notamment contribuer à booster l’économie du pays.

Embaucher pour raccorder

Raccorder l’ensemble des infrastructures produisant de l’énergie renouvelable au réseau principal sur l’ensemble du territoire sera une tâche colossale pour les deux entreprises chargée de cet objectif, Réseau de Transport d’Electricité (RTE) et Electricité Réseau Distribution France (ERDF), qui ont déjà commencé à se retrousser les manches.

Fort d’un réseau de 1 300 000 km desservant 35 millions de clients, ERDF a ainsi investi plus de 3 milliards d’euros en 2012, chiffre en hausse de 20 % par rapport à 2010. Cette progression constante avait déjà permis au distributeur de raccorder plus de 1 500 MW d’énergies renouvelables en 2012, soit l’équivalent de la capacité d’une centrale nucléaire. Des performances qui s’appuient sur la formation pointue des salariés de l’entreprise. En 2012 toujours, 1,5 million d’heures de formation avaient été programmées, soit une augmentation de 30 % en un an. Les embauches, elles, avaient fait un bond de 25 %, se chiffrant à 2 145.

Chez RTE, on prend également la chose au sérieux. Chaque année, ce sont 1 milliard d’euros qui sont consacrés à la modernisation du réseau, afin de lui permettre d’accueillir de l’électricité éolienne et solaire.

Face à ces nouveaux défis impliquant nouvelles technologies et nouveaux savoirs, la jeunesse est un atout. Chose bien comprise chez RTE, qui s’est engagé à embaucher 1 200 jeunes salariés par le biais du contrat de génération pour la période 2013-2016, soit 40% d’augmentation par rapport aux trois années précédentes. En effet, l’objectif n’est pas de recruter pour recruter mais de pérenniser ce secteur d’activité par une transmission d’un savoir-faire unique.

Enfin, le raccordement des énergies renouvelables va profiter à l’ensemble de l’écosystème riche et varié en termes d’emplois qui existe autour de ces deux entreprises. Pour preuve, pas moins de 10 000 emplois sont attendus avec la production et l’installation des 35 millions de compteurs intelligents Linky, imaginés par ERDF, dont 62 à 80 % des unités seront construites en France. 5 000 de ces emplois seront consacrés à la pose des compteurs.

Faire rentrer le raccordement dans une nouvelle ère

Surtout, le raccordement des énergies renouvelables est pleinement intégré par Nouvelle France Industrielle, initiative d’Arnaud Montebourg, ancien ministre du Redressement Productif, programme qui doit permettre la transformation de l’industrie française. C’est dans cette optique que Dominique Maillard, président du directoire de RTE, a présenté en mai 2014 une feuille de route sur le projet « Réseaux Electriques Intelligents » dont fait partie le raccordement. Elaborée avec des industriels, le monde académique et les pouvoirs publics, elle propose 10 actions d’ici à 2020 pour permettre à la filière de représenter 25 000 emplois, ce qui implique une création de 10 000 nouveaux emplois dédiés aux smart grids.

Et la reprise en main du dossier par le Ministre de l’Economie, Emmanuel Macron, ne va pas remettre en cause le projet, loin de là, puisque en 2014, plusieurs actions ont été lancées, notamment la création juridique de la filière française « Réseaux Electriques Intelligents » et la constitution de l’Académie des réseaux électriques intelligents qui intégrera l’ensemble des cursus de formation.

Le raccordement des énergies renouvelables est donc une bonne nouvelle pour l’emploi en France, événement suffisamment rare à l’heure actuelle pour être soulignée. 

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