LesSmartGrids.fr a eu le plaisir d’interviewer Julien Chardon, patron d’ilek, nouvel acteur sur le marché de l’énergie responsable, qui nous en dit plus sur le partenariat qu’il a récemment conclu avec la STEP de Perpignan, avec qui son entreprise va permettre à 722 foyers de bénéficier d’offres de biogaz.
LesSmartGrids : Avec l’ouverture du marché de l’énergie, pléthore de fournisseurs alternatifs ont vu le jour, pouvez-vous nous présenter ilek ?
Julien Chardon : ilek est un fournisseur d’électricité verte et de gaz bio 100% français, fondé à Toulouse en 2016. Aujourd’hui nous fournissons plusieurs milliers de foyers à travers la France avec une énergie produite dans les territoires de façon responsable (en hydroélectricité et par éolienne pour l’électricité, via la méthanisation pour le biogaz) et durable.
Le modère d’ilek est simple : permettre aux producteurs d’énergies renouvelables indépendants de vendre directement aux consommateurs particuliers. La rémunération est ainsi plus juste et le système plus transparent pour le consommateur, qui finance directement le développement de filières en plein essor.
Et pour rendre l’énergie verte accessible au plus grand nombre, nous avons décidé de mettre le client au cœur de notre stratégie. L’ensemble de nos équipes sont réunies à Toulouse et nous personnalisons au maximum nos services pour répondre à tous les besoins.
LSG : Vous avez annoncé fin mai avoir noué un partenariat avec la STEP (acronyme de station d’épuration NDLR.) de Perpignan autour d’un pilote pour la fourniture au niveau local de gaz bio, pouvez-vous nous en dire plus sur ce projet ? Comment est produit le gaz par exemple ?
JC : Effectivement, la STEP de Perpignan est le premier site d’épuration d’eau usées d’Occitanie à profiter du processus de purification de l’eau pour produire de l’énergie ! La méthanisation agricole avance à grand pas, mais les sites de ce type sont en effet plus rares.
Le processus de production de gaz est simple et commun à l’ensemble des installations de méthanisation : les déchets, en l’occurrence les boues issues de la phase de traitement des eaux usées, sont intégrées à un digesteur. Sous l’effet de la montée en température et du brassage des déchets dans cette cuve, un gaz est dégagé et recueilli. Il est ensuite épuré et compressé pour être injecté sur le réseau général de gaz français.
La réelle plus-value de ce procédé réside dans la capitalisation énergétique sur une ressource existante et jusqu’alors non valorisée : le déchet. Le gaz est naturellement rejeté par ces matières lorsqu’elles sont répandues sur les cultures pour les fertiliser. Ici on ajoute simplement une étape pour récolter cette énergie et le digestat issu de la méthanisation (la matière restante après l’opération) est ensuite restitué pour la fertilisation des espaces de culture.
LSG : Le gaz est donc directement réinjecté dans le réseau local et il fournit combien de foyers ?
JC : Le biogaz produit à Perpignan est effectivement injecté sur le réseau général de gaz français et peut donc fournir 722 foyers chaque année à travers la France avec une énergie renouvelable et locale.
LSG : Quel est le rôle d’ilek sur ce pilote ?
JC : ilek joue le rôle de fournisseur de gaz. Nous assurons l’intermédiaire entre le producteur d’énergie, Perpignan Méditerranée Métropole (propriétaire de la STEP) et les consommateurs.
LSG : Combien de temps le pilote est-il censé durer ?
JC : Le contrat entre ilek et la STEP de Perpignan est conclu pour 24 mois.
LSG : Est-ce une première pour ilek ou avez-vous déjà opéré sur d’autres expérimentations ?
JC : Oui c’est une première dont nous sommes fiers.
LSG : Pensez-vous que la filière méthanisation est suffisamment soutenue en France par les pouvoirs publics ?
JC : Il est d’abord important de souligner le rôle central joué par GRDF, gestionnaire de réseau français, particulièrement actif dans le soutien et le développement de la filière. C’est un élément sécurisant pour les producteurs qui souhaitent se lancer, mais aussi un réel atout dans le lien avec les fournisseurs.
Les pouvoirs publics ont également assuré un lancement rapide de la filière biogaz à ses débuts. Aujourd’hui et avec une tendance baissière des prix publics du gaz, le développement des installations de méthanisation est ralenti, ce qui complique l’atteinte des objectifs de développement à horizon 2020.
LSG : Pensez-vous que l’avenir de l’énergie est local, c’est-à-dire que celle-ci sera produite et consommée localement dans un cycle court ?
Le pari d’ilek est de proposer une énergie verte française et donc locale au plus grand nombre, pour permettre à chacun de reprendre en main sa consommation quotidienne de cette ressource, la rendre plus responsable.
C’est pour cette raison et parce que nous croyons effectivement que la réussite de la transition énergétique se situe dans ce fonctionnement que nous développons en continu notre portefeuille de producteurs partout en France. Nous permettons ainsi à nos clients de rémunérer au meilleur prix des producteurs d’énergie proche de chez eux, en participant ainsi directement au développement des énergies renouvelables sur le territoire.
Propos recueillis par Julien Jormot
