Le marché de la maison connectée (smart home), notamment dans le domaine de l’énergie, donne des signes indiquant que le décollage tant attendu est pour bientôt. Entre énergéticien, fournisseurs d’équipements, fournisseurs de solution de pilotage et start-up, les acteurs de ce marché fourbissent leurs armes pour tirer leur épingle du jeu.

Certes, ce n’est pas encore la grande explosion annoncée et attendue. Mais la confiance des Français dans les solutions de la Smart Home, notamment dans le domaine énergétique, n’a jamais été aussi haute, et les ventes croissent progressivement.

L’habitat : un passage obligée de la transition énergétique

Les évolutions lourdes du marché de l’énergie poussent à cette émergence. Dans l’optique d’une nécessaire transition énergétique permettant de réduire les émissions de gaz à effet de serre (GES), optimiser et contrôler sa consommation énergétique est indispensable.

Au niveau de l’habitat, l’effort le plus conséquent doit porter sur l’efficacité énergétique des logements. Les défauts d’isolation (au froid ou au chaud) de l’immobilier français sont une des sources les plus importantes d’émission de GES. Qui plus est, mieux un logement est isolé, plus le chauffage électrique y est efficace, par comparaison avec le gaz (ou même le bois énergie).

Pour répondre à l’urgence climatique, l’habitat doit consommer moins d’énergie, et électrifier au maximum cette énergie. La lutte contre les passoires thermiques et l’amélioration de l’isolation sont indispensables à cette réussite. Les investissements dans de l’électro-ménager moins énergivore (déjà en cours) également.

Optimiser l’énergie consommée dans l’habitat, via des solutions Smart Home

Mais cette ambition passe aussi par une optimisation de l’énergie consommée en temps réel. En la matière, les outils énergétique de la smart home (radiateurs, chaudières et thermostats connectés, éclairage intelligent, solutions de pilotage en temps réel, capteurs de présence ou de fenêtre ouverte, solutions de stockage de l’électricité…) doivent se démocratiser pour permettre ces économies.

La technologie semble parfaitement mature pour un déploiement à grande échelle. Jusqu’ici, les Français demeuraient assez timides sur l’adoption de ces objets connectés énergétiques.

La Smart Home vers « l’ère de la crédibilité »

Mais les ventes commencent à décoller. En 2018, les outils Smart Home ont représenté un chiffre d’affaire, en France, d’environ 1 milliard d’euros, entre la vente d’équipement et leur installation. Les études d’opinion montrent que les Français sont de plus en plus convaincus de l’utilité et de la rentabilité de la Smart Home, et une part croissante de propriétaires envisagent de s’équiper. Plus de la moitié des promoteurs immobiliers ont l’intention de doter leurs projets dans le neuf de ces technologies.

Comme l’affirment nos collègues du Monde de l’énergie, le marché de la Smart Home énergie est entre dans « l’ère de la crédibilité ». S’interrogeant également sur l’importance des données collectées par ces outils, dont le marché attise les convoitises de nombreuses sociétés, ils dressent un intéressant panorama des acteurs de ce marché en pleine ébullition.

Autoconsommation, batterie domestique, VE : un nouveau rapport habitat-énergie

Et ce d’autant que la Smart Home n’est qu’une des composantes de la mutation du traitement énergétique de l’habitat. Elle sera accompagné du développement de l’autoconsommation photovoltaïque (individuelle ou collective), de l’utilisation de batteries domestiques pour stocker l’électricité et du déploiement à grande échelle des véhicules électriques et de leur recharge, dans des solutions de V2G ou V2H.

smart home acteurs marche expansion - Les Smart Grids

Si bien que la Smart Home énergie intéresse aujourd’hui de nombreuses entreprises, qu’il s’agisse de groupes internationaux, de sociétés d’envergure nationale ou de start-up émergentes. Tous fourbissent leurs armes et leur stratégie, pour ne pas rater ce virage crucial.

Les énergéticiens fourbissent leur stratégie smart home

Les énergéticiens (EDF et Engie en tête) voient dans ces technologies une activité complémentaire, qui pourrait devenir rentable, mais qui leur permet aussi de s’installer à l’intérieur des maisons. Cette question pourrait devenir centrale avec la décentralisation de l’énergie : les offres de services et d’équipements domestiques devraient prendre une part croissante dans l’activité de ces groupes.

Car, dans l’optique d’une fourniture d’énergie s’approchant du 100% renouvelable, le gouvernement a programmé un recul progressif des sources d’énergie sur lesquelles s’appuie l’essentiel de leur business model actuels (nucléaire pour EDF, gaz naturel pour Engie). L’une et l’autre ont déjà largement commencé à diversifier leurs activités, notamment dans les renouvelables.

Mais les équipements de la maison connectée doivent s’insérer dans leur stratégie globale. Reste à savoir si elles doivent le faire en interne ou via un partenariat avec des acteurs spécialisés. Et quels perspectives d’offres commerciales peuvent s’articuler avec cette stratégie.

Les fabricants de matériel et d’équipements au milieu du gué

Les fabricants de matériel et d’équipements (Chaffoteaux, Delta Dore, Hager, Schneider Electric, Legrand, Somfy…) sont quant à eux au milieu du gué. Ils ont perçu l’opportunité que la Smart Home leur offrait de renouveler leurs gammes.

Ils ont également largement progressé dans la compatibilité des systèmes de collecte de données et de pilotage : les protocoles tendent à se rapprocher, permettant d’intégrer leurs équipements à des outils tiers – thermostats, box domotiques, enceintes connectées. En revanche, aucun n’a encore réussi à développer de services payants.

Box domotique et enceintes connectées

Les entreprises commercialisant des box domotiques ou des enceintes connectées « smart home ready » ont, elles aussi, réussi à nouer des partenariats pour rendre leurs équipements compatibles avec un maximum d’objets et de marques.

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Reste que le temps réduira probablement la jungle des solutions actuellement proposées, qui émanent, pêle-mêle, d’énergéticiens, de fabricants de matériel, de géants du net ou de start-up. Ce sous-marché va, très probablement, se concentrer autour de quelques acteurs. Reste à savoir lesquels tireront leur épingle du jeu.

Quelle stratégie pour les start-up ?

De nombreuses start-up (Heatzy, Lancey, Qinergy, Weem…), justement, ont réussi à se faire une place dans cet univers en expansion. Mais face à la croissance annoncée de ce marché, elles sont face à une alternative stratégique.

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La première solution est de continuer de grandir en solo en espérant une success story transformant la start-up en acteur incontournable du marché, tout en gardant sa liberté. Mais le taux de croissance devra être exponentiel, sous peine d’être dépassé par des groupes aux reins plus solides, et se faire racheter à bas prix quand s’amorcera la chute.

L’autre solution est de se rapprocher d’un grand groupe, soit via un partenariat stratégique, soit via un rachat pur et simple (comme celui de Netatmo par Legrand et de Chacon par Awox).

Le client final, grand gagnant de l’empoignade qui s’annonce ?

Difficile, aujourd’hui, de prévoir comment évoluera dans les mois à venir ce marché, et quels acteurs sauront tirer parti des évolutions, grâce au bon positionnement, à la bonne innovation, à la bonne offre ou au bon partenariat, au bon moment.

Mais cette compétition, qui promet d’être impitoyable, devrait faire un grand gagnant : le client final, qui disposera d’offres et de solutions toujours plus adaptées et économiques.

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