La France semble déterminée à miser largement sur l’autoconsommation individuelle pour verdir son mix énergétique. En retard sur la plupart de ses voisins, le pays peut compter sur des dispositifs facilitant le raccordement, tant d’un point de vue technique que financier. Une nouvelle plateforme mise en ligne par Enedis permet de suivre, trimestre par trimestre, l’évolution du parc renouvelable raccordé au réseau. Elle met en lumière un décollage spectaculaire des raccordements en autoconsommation individuelle en 2018.

La question de l’autoconsommation collective demeure problématique en France : les politiques publiques veulent miser sur elle, avec de nombreux dispositifs simplifiant sa mise en place et des premiers retours d’expérimentation plus que positifs.

Mais les appels d’offre sur le sujet, lancés en 2018, se sont avérés extrêmement décevants, marquant un vrai décalage entre les orientations gouvernementales et les choix techniques des entreprises, groupes de particuliers ou municipalités. Les professionnels de la filière ont signalé des freins, cahier des charges trop complexe, fiscalité pas assez avantageuse, flou sur l’évolution des tarifs. Reste à savoir si le gouvernement saura répondre à ces critiques et continuera à soutenir ce type d’autoconsommation.

Enedis, un « véritable catalyseur de l’autoconsommation »

En revanche, l’autoconsommation individuelle semble se porter comme un charme. L’année 2018 a marqué une hausse des installations, rappelant le boom du début des année 2010. Rappelons que la France accuse un sérieux retard sur ses voisins en termes d’installation d’autoconsommation individuelle (qui concernent essentiellement des panneaux photovoltaïques en toiture), notamment l’Allemagne ou le Benelux, qui disposent pourtant d’un ensoleillement moins fort.

Mais la donne semble en train de changer, sous l’impulsion des signaux du marché (le coût du photovoltaïque baisse, augmentant la rentabilité d’une installation en autoconsommation) et des politiques publiques. En la matière, le principal accélérateur est le gestionnaire de réseau de distribution, Enedis, qui se veut un « véritable catalyseur de l’autoconsommation, simplifiant depuis 2016 les conditions techniques et contractuelles de raccordement grâce à Linky, et en supprimant ainsi les coûts de raccordement pour la quasi-totalité des installations ». Une politique qui porte ses fruits : « 90% des demandes de raccordement d’unités de production de petite puissance (≤ 36 kVA) se font désormais dans le cadre de l’autoconsommation », précise Enedis.

Des installations en autoconsommation individuelle doublées entre 2017 et 2018

En novembre 2018, le gestionnaire du réseau de distribution a mis en ligne une plateforme, baptisée Le mix par Enedis, détaillant avec précision les différents raccordements au réseau, par trimestre, par puissance, par type de raccordement, par type d’énergie.

En se concentrant sur les raccordements concernant l’autoconsommation avec injection du surplus et l’autoconsommation pure (et en excluant l’injection totale, qui concerne les centrales de production pour le réseau), pour des puissances inférieures à 36 kW, on obtient une photographie précise de l’évolution de l’autoconsommation individuelle en France.

Et, en la matière, la croissance est tout à fait exponentielle. L’année 2018 s’est achevée avec 39 935 installations électriques en autoconsommation raccordées au réseau Enedis (toutes énergies confondues). Contre 20 120 fin 2017, 8 534 fin 2016 et 3 479 fin 2015. Sur ce total, 28 743 concernent une autoconsommation avec injection du surplus sur le réseau, et 10 652 l’autoconsommation totale. 95% de ces installations concernent les particuliers.

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Le photovoltaïque domine largement l’autoconsommation française

Au total, ces installations représentent une puissance de 135,77 MW : l’écrasante majorité (97,9%) sont des panneaux photovoltaïques, le plus souvent installés en toiture, ce qui confirme le poids dominant du solaire sur les stratégies d’autoconsommation. Pour autant, les autres renouvelables ne sont pas à zéro : fin 2018, la France comptait 176 installations d’éoliennes en autoconsommation, essentiellement dans l’ouest maritime (Bretagne et Normandie) et 66 installations hydrauliques, essentiellement dans le centre de la France.

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Concernant l’autoconsommation photovoltaïque, la répartition géographique montre une prédilection pour la façade atlantique sud, de la Loire-Atlantique aux Landes, pour le quart Sud-Est, pour le Nord et le Pas-de-Calais, et pour la Haute-Garonne, département disposant le plus d’installations (1 790) alors qu’il est loin d’être le plus peuplé. Cette répartition semble à la confluence de deux facteurs : le taux d’ensoleillement (le sud, la Haute-Garonne) et la proximité de pôles de recherche et de développement des énergies renouvelables (autour de la Vendée, via Smart Vendée et SMILE ; autour de la métropole lyonnaise, grand pôle de recherche en la matière). Pour le nord de la France, citons la proximité avec une Belgique très équipée, ainsi que le rôle pilote de la région, notamment via le réseau électrique intelligent YOU & GRID.

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Une tendance forte, qui devrait aider à verdir le mix énergétique français

Cette plateforme indique également l’état des demandes de raccordement en cours. Fin 2018, 8 065 demandes de raccordement de projet de moins de 36 kW destinés à l’autoconsommation étaient en cours d’instruction, pour une puissance totale de 31,6 MW.

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Certes, l’ensemble de ces chiffres restent globalement négligeables par rapport à la puissance de production électrique totale installée en France. Mais ils indiquent une tendance lourde, que viennent renforcer les mesures du plan solaire de 2018 visant à favoriser l’autoconsommation photovoltaïque. Le potentiel français étant plus que conséquent, cette augmentation de la puissance raccordée pourrait se poursuivre à un rythme très soutenu dans les années à venir. Une bonne nouvelle pour l’évolution du mix français – et pour les besoins de flexibilité du réseau électrique.

 

1 COMMENTAIRE

  1. En plus on ne manque pas d’entreprises françaises spécialisées dans le domaine ! Je pense notamment a des PME, qui plus est indépendantes de grands groupes, comme Sirea qui proposent depuis de nombreuses années des solutions d’autoconsommation pour le particulier. il y a même des simulateurs en ligne qui permettent d’estimer son taux de couverture en fonction de sa consommation : https://autoconsommation.eco/

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