En Europe, les projet de smart grids continuent de se multiplier, s’approchant du millier. La plupart sont des projets de recherche, mais plus de 40% sont des démonstrateurs. A la pointe de l’industrialisation de ces solutions intelligentes, la France est leader européen dans cette modernisation des réseaux électriques.

Les smart grids sont un pilier pour l’Union Européenne dans sa quête de la neutralité carbone à horizon 2050. Cette technologie, qui vise à rendre production (notamment renouvelable) et consommation d’électricité pilotables en temps réel, s’impose comme une nécessité pour augmenter la part de renouvelables intermittents dans le mix électrique.

Pour atteindre la neutralité carbone, l’Union Européenne doit miser sur les renouvelables intermittents

Car l’Union Européenne n’a pas le choix si elle veut réduire l’empreinte carbone de son secteur énergétique. Au-delà d’une nécessaire réduction de la consommation (notamment via l’amélioration de l’efficacité énergétique), le continent a, dans son ensemble, largement valorisé son potentiel d’énergies renouvelables naturellement pilotables, au premier chef l’hydro-électricité. Certes, les centrales à biomasse doivent jouer un rôle, mais il restera marginal.

Dès lors, pour produire son électricité à partir de sources renouvelables, l’Europe doit se tourner vers l’éolien et le solaire (notamment photovoltaïque). Ces sources d’énergie étant intermittentes, si l’Union veut augmenter leur part dans son mix, elle doit disposer des outils ad hoc pour mieux optimiser la consommation en fonction de la production (via les incitations à consommer quand l’énergie est abondante et autres solutions d’effacement), développer le stockage (et son pilotage en temps réel) et intégrer l’essor du véhicule électrique dans cette logique.

Les smart grids : des investissements nécessaires pour la transition énergétique

Les smart grids sont l’outil technologique permettant cette transition énergétique, depuis la brique fondamentale (le compteur intelligent) jusqu’aux bornes de recharge intelligentes pour les VE (voire les bornes bidirectionnelles, dans une logique de V2G), en passant par l’ensemble des infrastructures (capteurs, système de transferts de données et de commande, hardware, etc.) et des logiciels (gestion des systèmes électriques et de l’énergie industrielle, plates-formes de pilotage smart grids).

L’Europe est donc logiquement en pointe dans la recherche et les premières applications des solutions smart grids (démonstrateurs et déploiements industriels). Le Centre commun de recherche (JRC, pour « Joint Research Centre » en anglais), branche de la Commission Européenne, est le coordinateur de cette politique de déploiement des réseaux intelligents dans l’Union Européenne (plus la Norvège et la Suisse).

950 projets smart grids en Europe, dont 43% de démonstrateurs

Le JRC comptait en 2017 pas moins de 950 projets estampillés smart grids sur l’ensemble des pays concernés, représentant un investissement total de 5 milliards d’euros. La majorité de ces projets concernent la recherche et le développement (57%) contre 43% de démonstrateurs, à plus ou moins grande échelle. Les premiers disposent d’un volume d’investissement moyen de 3,3 millions d’euros ; les seconds représentent, logiquement, un investissement trois fois plus élevé (environ 9 millions d’euros en moyenne).

L’apogée du nombre de projets validés se situe en 2012-2013, mais les investissement annuels sont sensiblement équivalents : signe tangible que l’Europe passe, progressivement, d’une logique de projets de recherche et développement ou de démonstrateurs à petite échelle (peu onéreux, donc plus nombreux) à une logique de démonstrateurs à grande échelle ou de début d’industrialisation (moins nombreux, mais nécessitant un investissement moyen plus élevé).

Des projets nationaux plus nombreux, des projets internationaux plus ambitieux

Les deux-tiers des projets sont strictement nationaux, un tiers concerne plus de deux pays. Même deux fois moins nombreux, ces derniers captent près de la moitié de l’investissement total : logique, là aussi, car il s’agit majoritairement de projets de plus grande envergure, qu’il s’agisse de projets frontaliers ou de projets à échelle régionale, voire européenne – comme l’emblématique Interflex, qui s’achève cette année, et avec lui son démonstrateur français, Nice Smart Valley.

smart grids projets europe france - Les Smart Grids

Au total, l’investissement moyen dans un projet smart grid national est, au niveau européen, de 4,7 millions d’euros, contre 7,5 millions d’euros pour les projets internationaux.

La France, leader européen des smart grids et de leur déploiement

Sur la répartition par pays, une dizaine d’Etats se démarquent par leur dynamisme au-dessus de la moyenne, mais deux pays dominent largement les expérimentations smart grids en Europe : l’Allemagne et la France.

Porté par un distributeur d’énergie (Enedis) très impliqué dans cette technologie et une volonté politique forte (renforcée par la Loi sur la Transition Ecologique et la Croissance Verte de 2015), la France fait même figure de pays le plus avancé : en plus d’être co-leader européen en nombres de projets, la France est le seul pays d’Europe à disposer de davantage de démonstrateurs que de projets de recherche et développement.

Changement d’échelle

Le JRC compte actuellement 38 projets smart grids 100% français, et 150 projets internationaux dans laquelle la France est impliquée. Et cela sans compter les démonstrateurs qui sont arrivés à leur terme, comme les brillantes réussites d’IssyGrid, de Smart Grid Vendée et de Nice Smart Grid (les deux derniers repris dans SMILE et dans Nice Smart Valley).

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Mieux, certains de ces démonstrateurs se déploient à une grande, voire très grande échelle. C’est notamment le cas de Nice Smart Valley, qui s’achèvera cette année, mais aussi de deux des trois projets de Réseau Electriques Intelligents (REI) français.

La France, locomotive des smart grids d’Europe

Si You&Grid (Métropole Européenne de Lille et Haut-de-France), malgré un beau dynamisme, reste à une échelle relativement réduite, SMILE (SMart Ideas to Link Energies, régions Bretagne et Pays de la Loire), et Flexgrid (région Provence-Alpes-Côte-d’Azur) ont donné le coup d’envoi d’une véritable industrialisation des solutions smart grids. Le tout accompagné, pour les régions concernés, d’un développement conjoint des capacités photovoltaïques et éoliennes, et des infrastructures de mobilité électrique.

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Cela fait de la France une véritable locomotive des smart grids européens, à la pointe de la recherche et de ses applications concrètes, grâce à l’implication de son gestionnaire du réseau de distribution, de son tissu industriel et de ses collectivités locales.

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