Interflex est un projet européen sur la flexibilité des sources d’électricité associée aux réseaux intelligent, aux énergies renouvelables, aux voitures électriques et aux techniques de stockage. Six démonstrateurs, situés dans cinq pays européens, vont tester pendant trois ans de nouvelles technologies : celui de la France, situé à Nice, vient d’être baptisé du nom de Nice Smart Valley.

Le premier forum Smart City Nice Côte d’Azur s’est tenu à l’Allianz Riviera le mercredi 26 avril 2017 : l’occasion, au cour de tables rondes, d’interroger les problématiques de la ville intelligente et des smart grids au niveau local, national et européen. Les participants ont pu évoquer les nombreux projets locaux dédiés à ces technologie, comme le bilan final de Nice Grid, le démonstrateur de quartier solaire intelligent installé à Carros entre 2011 et fin 2016.
Mais l’événement central de ce forum, c’est le dévoilement, par
Christian Estrosi, président de la Métropole Nice Côte d’Azur et de la région Paca, et Bernard Mouret, directeur régional Côte d’Azur d’Enedis, d’un nom. Celui du démonstrateur français du projet européen de smart grids InterFlex. Ce démonstrateur, actif depuis le 26 janvier 2017, s’appellera Nice Smart Valley.

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Un projet européen réunissant 5 grands distributeurs d’électricité

Interflex est un projet européen de 36 mois, visant à analyser les « INTERactions entre des FLEXibilités fournies par les acteurs du marché de l’énergie et le réseau de distribution » : il s’agit d’une série d’expérimentations grandeur nature des smart grids, pour optimiser les réseaux énergétiques locaux.

Dans le cadre d’Horizon 2020, plus grand programme européen dédié à la recherche et au développement, la Commission Européenne a sélectionné Interflex parmi 28 projets sur les Smart Grids. Coordonné par Enedis (ex-ERDF) et financé à 75% par des fonds européens, le projet Interflex réunit des fabricants de matériel, des fournisseurs d’électricité, des spécialistes des réseaux intelligent, et surtout 5 grands distributeurs d’électricité européens : Avacon (Allemagne), Enedis (France), E.ON (Suède), Enexis (Pays-Bas) et ĈEZ Distribuce (République tchèque).

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Un budget de 23 millions d’euros, six démonstrateurs, quatre thèmes

Doté d’un budget de 23 millions d’euros sur trois ans, ce projet vise à appliquer à échelle réelle les technologies smart grids dans un contexte favorisant largement les énergie renouvelables. Les 20 partenaires du projet vont mener à bien leurs expérimentations dans les 5 pays et sur 6 démonstrateurs, autour de quatre grands thèmes :

    • l’intégration sur le réseau électrique des énergies renouvelables
    • l’amélioration de l’efficacité énergétique
    • le stockage de l’énergie
    • les véhicules électriques et le développement des bornes de recharge

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Les six aspects expérimentés, site par site : Réponse à la demande, Intégration des sources d’énergie,

Stockage, Véhicule électrique, Îlotage, Automatisation du réseau

Energie produite localement et nouvelles techniques de stockage

Dans le détail, le démonstrateur allemand, situé en Basse-Saxe entre Helmstedt et Salzgitter, à proximité d’Hanovre, expérimente en zone rurale une plateforme de flexibilités et de ressources d’énergies distribuées : il s’agit d’utiliser au maximum une énergie produite localement, à proximité de son lieu d’utilisation, pour soulager le réseau de distribution. L’efficacité d’un réseau intelligent est au cœur de ce projet mis en place par Avacon.

Deux démonstrateurs ont été mis en place en Suède par E.ON. Le premier, situé à Malmö, travaille sur la complémentarité des réseaux de chaleur et d’électricité. Son principe est d’utiliser l’inertie thermique de l’enveloppe des bâtiments, qu’il s’agit d’optimiser, comme une source de stockage d’énergie, permettant d’augmenter la flexibilité électrique du réseau. Cela doit permettre d’améliorer le taux d’utilisation d’énergies renouvelables, puisque l’électricité produite par ces énergies intermittentes pourra être stockée quand elle n’est pas utilisable immédiatement.

Îlotage et stockage stationnaire

Le second, situé à Simris, dans le sud du pays, expérimente l’îlotage des réseaux de distribution, en rendant un quartier indépendant du reste du réseau, en y associant les clients dans une approche « peer to peer », où chaque client producteur d’électricité pourra la fournir à un client qui en a besoin. Cela permet d’évaluer les avantages de l’îlotage pour le gestionnaire de réseau de distribution.

Le démonstrateur néerlandais mis en place par Enexis à Eindhoven propose une approche multi-service pour utiliser toute la flexibilité disponible. Il étudiera plus particulièrement le stockage stationnaire et les véhicules électriques, dans le but d’optimiser les interactions entre les gestionnaires de réseau, les responsables d’équilibre et les opérateurs de bornes de recharge.

Fonctions intelligentes des bornes de stockage

Le démonstrateur tchèque, piloté par ĈEZ Distribuce, analyse comment les énergies renouvelables peuvent être intégrées au réseau de distribution par une automatisation du réseau associé à des systèmes de stockage. Le démonstrateur teste également des fonctions intelligentes de recharge des bornes de véhicule électrique : le but est d’utiliser ces bornes comme un outil de flexibilité du réseau, ces fonctions intelligentes leur permettant notamment de concentrer leurs périodes de charge sur les moments où de l’électricité est produite en surplus par les énergies renouvelables – et, au contraire, de limiter la charge quand le réseau menace d’être saturé par une demande trop forte.

Quand au démonstrateur français, mis en place par Enedis, il prend donc le nom de Nice Smart Valley et teste les flexibilité en appui du réseau, les système de stockage et l’îlotage. Implanté autour de Nice, il couvre un territoire diversifié, «puisqu’il comprend la zone de Carros, La Gaude, Saint-Jeannet, Nice Méridia, la station d’Isola 2000, la vallée de la Tinée, le village de Guillaumes, les îles de Lérins. Toutes les configurations géographiques avec leurs problématiques sont représentées pour renforcer la pertinence de cette expérimentation», explique Christian Estrosi.

Travailler aussi à l’intégration économique des smart grids

En effet, le projet vise à mettre en place une série d’îlots situés dans des zones géographiques variées, en séparant un quartier du réseau qui l’alimente traditionnellement et en n’utilisant que de l’énergie stockée sur batteries ou produite localement. Comme en République Tchèque, des expérimentations sont développées sur la charge intelligente, en utilisant le compteur Linky pour assurer la jonction entre le réseau et les bornes de recharge, de façon à ce que ces dernières ne puisent de l’énergie dans le réseau que s’il y en a de disponible.

Le but de ces expérimentations, et c’est particulièrement prégnant à Nice, est également de proposer un modèle économique viable pour ces réseaux intelligents et les solutions qui sont testées : « Nous allons mailler 30 000 clients dans le secteur de l’Eco-Vallée. Nous allons chercher encore davantage de clients industriels » a ainsi annoncé Bernard Mouret, le directeur territorial Côte d’Azur d’Enedis.

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D’un point de vue de calendrier, 2017 est dédié à la mise en place, 2018 à l’expérimentation et 2019 à la collecte des données : ce projet est capital dans le développement, au niveau européen, des smart grids et des énergies renouvelables, par le nombre et l’ampleur des techniques qui seront testées à échelle réelle. Affaire à suivre de très près, donc.

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