Interflex est une projet d’envergure européenne : il visant à expérimenter les nouvelles flexibilités du réseau électrique, dans le cadre d’une pénétration accrue des énergies renouvelables et de la mobilité électrique. Le démonstrateur français s’est installé sur la Côte d’Azur et a pris le nom de Nice Smart Valley. Il vient de rentrer dans sa dernière ligne droite, avec des expérimentations grandeur nature des nouvelles sources de flexibilité testée.

Horizon 2020 est actuellement le plus grand programme de recherche et d’innovation piloté par l’Union Européenne. Au sein de ce programme, Interflex est un vaste projet européen, regroupant six démonstrateurs dans cinq pays (France, République Tchèque, Allemagne, Suède, Pays-Bas), afin de tester à échelle réelle les nouvelles flexibilités dont auront besoin les réseaux électriques pour intégrer plus de renouvelables intermittents.

Nice Smart Valley : pour tester toutes les flexibilités

Pilotage de la demande, stockage, intégration des véhicules électriques dans des logiques de V2G, îlotage, automatisation des réseaux électriques : autant de pistes de travail pour répondre à une production d’électricité décentralisée et intermittente.

nice smart valley demonstrateur francais interflex - Les Smart Grids

Le démonstrateur français s’est installé en 2017 sur la Côte d’Azur : d’une durée de trois ans, coordonnée par Enedis, il a pris le nom de Nice Smart Valley. Au sein d’Interflex il se distingue par sa volonté de tester non seulement tous les cas d’usage prévus par le projet, mais encore de les déployer dans des territoires extrêmement variés. Nice Smart Valley se déploie en effet dans des quartiers de Nice, dans les villes de La Gaude et de Saint-Jeannet, dans le village de Guillaumes, la vallée de la Tinée, la zone industrielle de Carros, la station de sport d’hiver d’Isola 2000 et les îles de Lérins.

nice smart valley demonstrateur francais interflex - Les Smart Grids

 

Le projet est entré dans sa troisième et dernière année d’existence, celle des expérimentations grandeur nature. L’objectif est de déboucher sur l’industrialisation de « solutions innovantes sur le réseau d’électricité, en France, mais aussi en Europe, pour accueillir les énergies renouvelables décentralisées et les nouveaux usages de l’électricité, comme par exemple les véhicules électriques, susceptibles d’engendrer des contraintes sur les infrastructures de réseaux de distribution », selon les porteurs du projet.

Adapter ses habitudes de consommation électrique aux besoins du réseau

Depuis l’automne 2018, plus de 200 clients particuliers et une dizaine d’entreprises ont été recrutés par EDF afin de changer leurs habitudes de consommation électrique et les adapter à la production. Dans les faits, leur compteur intelligent Linky a été relié à une application, qui leur propose un tableau de bord en temps réel. Cette plateforme leur indique ainsi les moments où leur consommation doit être réduite, mais aussi les moments, au contraire, où ils doivent utiliser leurs appareils les plus énergivores (machine à laver, lave-linge, outils de jardinage… pour les particuliers, procédés industriels pour les entreprises).

Sur le même modèle, ENGIE a développé un système de pilotage distant, permettant au client de choisir une température moyenne dans son logement, et laissant l’énergéticien déterminer quand leur chauffage au gaz doit être allumé et éteint.

Pour chapeauter ces deux expérimentations, Enedis a développé un portail numérique, baptisé e-flex. Ce dernier regroupe l’ensemble des clients recrutés par EDF et par ENGIE, et permet de gérer en temps réel l’offre et la demande de flexibilité des clients concernés, et de contrôler les effets réels sur le réseau.

Une centrale à gaz en cogénération pour renforcer la flexibilité du réseau

Poursuivant l’idée de complémentarité entre les réseaux d’électricité et de gaz, GRDF a équipé le site de Schneider Electrics, dans la zone industrielle de Carros (qui utilisait déjà la géothermie et des panneaux solaires), d’une centrale au gaz en cogénération, produisant à la fois de la chaleur et de l’électricité. Cette centrale est extrêmement réactive, et permet de gérer des flexibilités de l’ordre de la minute. L’ensemble est piloté et automatisé à distance, en fonction des besoins du réseau électrique.

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« La cogénération inaugurée aujourd’hui, fonctionne au gaz distribué par GRDF et produit de l’électricité qui est injectée sur le réseau d’électricité exploité par Enedis. La particularité de cette cogénération, c’est qu’elle est pilotable à distance lorsque le réseau électrique a besoin de souplesse. Cette souplesse ou flexibilité est nécessaire pour stabiliser le réseau électrique qui doit faire face à de plus en plus de production d’électricité renouvelable intermittente, qu’il est nécessaire de compenser en permanence. Cette « smart cogénération » se présente ici comme le meilleur allié du développement des énergies renouvelables locales. Elle peut fonctionner au gaz renouvelable et produire chaleur et électricité renouvelables pour les besoins du client Schneider Electric, et en plus, elle donne de la flexibilité au réseau d’électricité » se félicite à raison Jean-Luc Cizel, directeur délégué territoires PACA GRDF.

Nice Smart Valley : une expérimentation de V2H

Dans la même logique, EDF a installé, chez un client entreprise déjà équipé de panneaux solaires en toiture et d’un véhicule électrique, un système dit de Vehicle-to-Home (V2H), déclinaison à petite échelle du Vehicle-to-Grid (V2G). Le principe : faire fonctionner l’entreprise comme un mini-smart grid.

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Ainsi, quand de l’électricité est produite par les panneaux photovoltaïques, elle peut soit servir à alimenter l’entreprise, soit servir à recharger la batterie du véhicule électrique, soit être vendue sur le réseau. L’électricité consommé par l’entreprise peut, de son coté, venir soit directement des panneaux photovoltaïques, soit de la batterie du VE (si il n’est pas utilisé), soit du réseau. Enfin la batterie du VE, une fois branchée, peut soit être rechargée à partir des panneaux, soit être rechargée à partir du réseau, soit être en stand-by, soit servir à fournir de l’électricité à l’entreprise. Le tout en temps réel, en fonction des besoins et contraintes de l’entreprise et du réseau.

Un îlotage réussi grâce à une batterie dans les îles Lérins

Nice Smart Valley a également permis d’expérimenter à échelle réelle l’îlotage dans les îles de Lérins. Le principe de l’îlotage est de séparer temporairement une zone du réseau de distribution public d’électricité (comme cela peut arriver pour une île ou une zone reculée en cas de panne), tout en maintenant l’électricité pour les usagers. Jusqu’ici, l’îlotage reposait en général sur des générateurs au fioul, particulièrement polluants. L’idée est de les remplacer par des alternatives vertes.

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Enedis a ainsi installé dans les îles Lérins une batterie fournie par Socomec, alimentée par des sources renouvelables locales, pour remplacer ces groupes électrogènes. Le 13 mars 2019, un premier test d’îlotage a été mené sur place avec succès. Une seconde batterie a été fournie, en avril, par ENGIE, associée à un protocole de communication sans fil avec la première.

Au final, les différents cas d’usage déjà testés ont confirmé la pertinence des choix technologiques faits. Les expérimentations se poursuivront jusqu’à la fin de l’année, pour continuer de valider des solutions fiables à la montée en puissance des renouvelables intermittents et du véhicule électrique.

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