Créé en 2015, démarré en 2017, devant s’achever fin 2020, le réseau électrique intelligent SMILE est au milieu du gué. Il ouvre, comme prévu, deux showrooms présentant ses innovations, dans le but de les valoriser à l’international, et poursuit ses expérimentations de solutions smart grids à échelle industrielle.

Le vendredi 24 mai 2019, dans les locaux d’Enedis à Rennes, le Réseau Electrique Intelligent (REI) SMILE (Smart Ideas to Link Energies) a ouvert, comme prévu dans sa feuille de route, son espace d’exposition, consacré aux solutions smart grids qu’il expérimente. Le coût de cet impressionnant showroom est d’environ 1,5 millions d’euros.

smile showrooms reseau intelligent 1-2 - Les Smart Grids

Il a été inauguré en présence de Loïg Chesnais-Girard, président de la région Bretagne, et de Philippe Monloubou, président du directoire d’Enedis. Le 25 juin, un espace équivalent sera ouvert à Nantes.

SMILE, un réseau électrique intelligent à la pointe de l’innovation

Rappelons que SMILE fait partie des trois projets de REI lancés en 2017 par le gouvernement français : leur objectif est de déployer à échelle industrielle des technologies précédemment validées dans des démonstrateurs à petite échelle. Ils visent à la fois une validation de solutions industrielles et le développement d’un écosystème dédié en France.

SMILE est, avec FLEXGRID, le projet le plus dynamique. Il prend place dans l’Ouest de la France, dans les régions Bretagne et Pays-de-la-Loire. Il a déjà homologué 43 projets, publics et privés, pour plusieurs centaines de millions d’euros d’investissement. Ce projet est fondamental pour l’avenir énergétique des deux régions, en particulier la Bretagne, qui, située en bout de réseau et sans centrale nucléaire sur son sol, ne produit que 13% de l’électricité qu’elle consomme.

Les innovations déployées dans SMILE permettront d’augmenter considérablement la part de renouvelables intermittents dans le mix énergétique national et régional. Rappelons qu’en matière d’EnR, Bretagne et Pays-de-la-Loire disposent d’un très important potentiel, notamment éolien.

Des showrooms pour convaincre, notamment à l’international

Les deux showrooms ont pour vocation d’exposer le savoir-faire déployé dans le cadre de SMILE, et de mettre en avant des solutions innovantes, qui sont, pour la plupart, duplicables ailleurs.

Lors de l’inauguration du showroom de Rennes, Philippe Monloubou a ainsi rappelé que les nombreuses expérimentations lancées par SMILE sur les territoires insulaires (en particulier l’îlotage) étaient un excellent exemple de technologies qui pourraient s’exporter : « Ce que nous inventons pour les îles bretonnes pourra très bien être dupliqué ailleurs dans le monde. Songeons qu’un pays comme l’Indonésie compte 17 000 îles. Si nous pouvons capter ne serait-ce qu’une partie de ce marché, cela serait déjà énorme » a ainsi déclaré le président d’Enedis.

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Symboliquement, dès le 3 juin, une délégation thaïlandaise est venu visiter le showroom de Rennes.

Plateforme de pilotage

Ces espaces devraient ainsi augmenter la visibilité des projets déployés dans le cadre de SMILE, notamment à l’international. Il s’agit en effet d’un des manques du REI, qui n’a pas noué de partenariat avec d’autres régions européennes, empêchant notamment l’accès aux financement d’Interreg. Aucune expérimentation de SMILE n’a non plus déposé de dossier pour le fonds de financement européen H2020.

Ces deux showrooms rejoignent, en figure de proue, les projets les plus emblématiques et les plus matures de SMILE. C’est le cas notamment de la plateforme Atlas, chargée d’agréger les données de la production et de la consommation électriques en temps réel. Son but est d’assurer une continuité dans l’approvisionnement en maximisant la part des énergies renouvelables. Atlas est déployé sur l’ensemble du territoire de SMILE.

La Marseillaise, un smart building exemplaire

La rénovation de l’immeuble de La Marseillaise, à Nantes, est également un porte-étendard de SMILE. Cet ancien siège d’une société industrielle a été transformé en foyer de jeunes actifs ; EDF et le prometteur immobilier Galéo en ont profité pour en faire un exemple de smart building.

La rénovation, réalisé pour le bailleur social la Nantaise d’Habitations, a ainsi donné naissance à 39 logement de type 1, une laverie, des salles de travail et de multimédia, une cuisine, etc.

Mais c’est d’un point de vue énergétique que cet immeuble se distingue. Des panneaux photovoltaïques ont été installés sur le toit, dans une logique d’autoconsommation collective, avec de nombreux capteurs pour optimiser l’utilisation de l’électricité produite : « Le bâtiment permettra de piloter certains usages et d’accompagner les comportements des occupants », note Guillaume Lelong, chef de projet innovation chez EDF.

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« Alimenter la réflexion sur la future réglementation thermique des bâtiments »

Mais là où La Marseillaise va plus loin, c’est que le bâtiment produit souvent plus d’électricité qu’il n’en consomme. Et, plutôt que de revendre le surplus au réseau, les porteurs du projet ont décidé d’alimenter avec les parties communes de cinq bâtiments voisins. Rentrant ainsi dans une zone réglementairement grise : « C’est là que ça se complique. Pour donner une dimension smart au bâtiment, nous sommes allés bien plus loin que ce que l’on fait classiquement dans la réduction des charges énergétiques. Au-delà des considérations techniques, le projet impose maintenant des décisions organisationnelles, juridiques et économiques qui contribueront aussi à alimenter la réflexion sur la future réglementation thermique des bâtiments » pointe ainsi Guillaume Lelong.

Déjà opérationnel, posant de vraies questions réglementaires sur l’avenir de la transition énergétique au niveau des bâtiment, l’immeuble de La Marseillaise n’en demeure pas moins l’un des plus petits budgets de SMILE, avec 180 000 euros, dont 55 000 financés par la région.

Depuis notre précédent point technologique, de nombreux autres projets ont rejoint SMILE. Rendez-vous demain dans la suite de notre étude pour vous présenter les plus notables et évoquer la question de la cybersécurité de l’ensemble des données traitées par le REI.

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