Dans la foulée d’une année 2018 démarrée timidement mais achevée sur les chapeaux de roues, et de déblocages administratifs en cascade, la filière éolienne a les cartes en main pour enfin s’imposer à sa juste place dans le mix électrique français. L’éolien en mer semble enfin sur les rails, les verrous empêchant la réalisation rapide de parcs de grande envergure ont sauté : de quoi être raisonnablement optimiste.

Alors que se tient actuellement (le 16 et le 17 octobre 2019) le colloque national de la filière éolienne en France, au Parc Floral de Paris, rendez-vous annuel des professionnels de l’éolien, ces derniers ont de quoi avoir le sourire. Tous les voyants semblent être passés au vert pour que cette énergie rattrape enfin son retard.

2018 : les objectifs ont finalement été atteints, sur le gong

L’année 2018 n’a pas été aussi catastrophique que craint. Le dernier trimestre a vu la finalisation d’un grand nombre de parcs, permettant à l’éolien d’atteindre, sur le gong, les 1,5 GW de puissance installée en 2018. Moins que durant l’année record de 2017 (1,646 GW), dans les mêmes eaux que 2016, mais beaucoup mieux que l’on pouvait l’espérer à la fin du mois de septembre, quand seuls 676 MW d’éoliennes avaient été raccordés au réseau.

Au final, l’éolien a atteint l’objectif de 15 GW installés à fin 2018, fixé par la précédente PPE, malgré les lenteurs administratives, les annulations de parc, les recours à n’en plus finir.

« Nous sommes très en retard sur le développement des énergies renouvelables »

Cela n’empêche pas la France d’accuser un retard conséquent sur la production d’électricité éolienne : elle ne couvre que 6 % de la consommation électrique française, contre 20 % en Allemagne ou 18,8 % en Espagne : « Globalement, nous sommes très en retard sur le développement des énergies renouvelables. Le nucléaire ne leur laisse que peu de place dans notre mix électrique, et les objectifs fixés par les PPE sont trop faibles », pointe Marc Jedliczka, porte-parole de Négawatt, une association défendant la transition énergétique.

eolien france decollage attendu - Les Smart Grids

Pour autant, le vent semble avoir tourné. La dernière PPE s’est (enfin) montrée plus ambitieuse : elle fixe, à l’horizon 2028, un objectif de 40 GW de puissance installée – entre 34,1 et 35,6 GW pour l’éolien terrestre et entre 4,7 GW et 5,2 GW pour l’éolien en mer. Soit 2,5 GW par an pendant dix ans – en sachant que 2019, toujours englué dans les contrecoups des problèmes administratifs concernant l’autorité environnementale, ne devrait pas dépasser 1,5 GW.

Un environnement juridique et légal enfin favorable

Il faut donc accélérer, largement, et la France en a le potentiel, et, surtout, l’environnement y semble enfin favorable. En effet, administrativement, la filière est de nouveau d’aplomb, et les projets ne devraient plus s’enliser. Les recours ont été limités et compressés dans le temps, faisant gagner de longs mois de délai aux nouveaux parcs éoliens. La réforme fiscale va apporter plus d’argent aux communes qui décident d’accueillir un parc, aidant à créer des vocations.

Le financement participatif et les projets d’énergie citoyenne doivent également être soutenus : c’est l’objet d’un des ateliers du colloque annuel du Parc Floral.

Les parcs éoliens doivent également être mieux répartis sur l’ensemble du territoire : pour l’instant 40% des centrales se trouvent dans le Grand Est et dans les Hauts de France, alors que d’autres territoires (la Nouvelle Aquitaine, notamment) disposent de gisements plus que conséquents.

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L’éolien en mer s’éveille


Par ailleurs, l’éolien en mer est enfin sur la bonne voix. Après les années de retard, de recours et de report, le premier parc off-shore, celui de Saint-Nazaire, devrait être raccordé au réseau en 2022, suivi par six autres d’ici 2026. Et d’autres appels d’offre sont en route.

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Reste que le soutien gouvernemental ne doit pas faiblir, la PPE doit être, au plus vite, fixée par un décret (sans doute début 2020), et les décisions permettant de simplifier les procédures doivent se poursuivre à un rythme soutenu.

La France numéro 2 de l’éolien en Europe sur la période 2019-2023 ?

En respectant l’ensemble de ces conditions, la France pourra réaliser les prévisions de WindEurope, l’association qui fédère les acteurs de l’éolien de l’Union Européenne. Son dernier rapport traite de l’évolution de l’éolien en Europe d’ici 2023. Et il prévoit que la France s’installera sur la seconde marche du podium, derrière l’Allemagne, qui restera leader.

Si ces prévisions se réalisent, la France s’imposerait comme le quatrième pays d’Europe en puissance éolienne installée.

L’urgence climatique l’impose, et, pour cela, il faut que les décideurs et l’exécutif continuent de soutenir largement la filière pour que la France valorise enfin l’exceptionnel potentiel dont elle dispose en ce qui concerne cette source d’énergie décarbonée.

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