Tous les voyants semblent au vert pour le marché mondial de l’éolien en mer. Doté d’un potentiel considérable, cette technologie est amenée à prendre une importance croissante dans les années à venir. Le Royaume-Uni ou les Etats-Unis ont des projets d’implantation pharaoniques, les pionniers (Allemagne, Danemark, Pays-Bas…) entendent continuer à se développer, la France va enfin construire ses premières éoliennes en mer… Face à cette effervescence, les différents acteurs du marché fourbissent leurs armes.

L’éolien en mer a le vent dans le dos. Le potentiel de cette technologie est considérable, au moins 121 GW sont installables facilement. L’Europe se taille la part du lion de ce potentiel, avec 66% du total, ce qui explique que cette technologie ait émergé sur le Vieux Continent et soit longtemps restée une spécialité européenne.

L’éolien en mer poursuit sa croissance en Europe

Et, même si les Etats-Unis et, plus modestement, la Chine, le Japon ou la Corée du Sud ont également mis en service des fermes éoliennes en mer, l’offshore reste une spécialité européenne.

En 2018, quinze nouveaux parcs ont été installé en Europe, pour un total de 2,67 GW de puissance – dont 85% partagés entre le Royaume-Uni (1,3 GW) et l’Allemagne ( 969 MW). La capacité totale de l’Europe se monte désormais à 18,5 GW – soit environ 10% de la capacité éolienne du continent, avec un rendement plus élevé que l’éolien terrestre (vents plus forts et / ou plus réguliers).

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Le Royaume-Uni a inauguré en 2018 le plus grand parc éolien en mer du monde (657 MW), Walney 3. Belgique et Allemagne ont ouvert le plus grands parcs sur leur territoire. Et douze nouveaux parcs (la plupart surdimensionnés) ont fait l’objet d’une décision finale d’investissement – soit 4,2 GW, pour un investissement total de 10,3 millards d’euros. Les coûts sont en chute libre, le marché ayant atteint une vraie maturité.

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« 2% de l’électricité consommée en Europe »

L’éolien offshore continue de croître fortement en Europe. La capacité totale a encore augmenté de 18 % l’an dernier. L’éolien offshore représente aujourd’hui 2% de l’électricité consommée en Europe. Et avec un grand nombre de projets en construction et en développement, ce nombre augmentera considérablement détaille Giles Dickson, PDG de WindEurope.

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Les perspectives sont en effet plus qu’encourageantes : La technologie ne cesse de se développer. Les turbines ne cessent de grossir. Et les coûts ne cessent de baisser. Il n’est pas plus coûteux de construire des éoliennes en mer que de construire des centrales au charbon ou au gaz. Et c’est beaucoup moins cher que le nucléaire neuf complète Giles Dickson.

Partout dans le monde, les projets d’éolien en mer fleurissent

Et même si la Suède, malgré un potentiel conséquent, continue de rester réfractaire à l’éolien en mer, même si les objectifs de l’Allemagne pour 2030 semblent modestes, un peu partout dans le monde, des pays ont lancé une politique de (très) grands travaux dans l’éolien en mer.

Le Royaume-Uni s’est fixé un objectif, à horizon 2050, de 30 GW d’éolien offshore ; un parc de 714 MW (East Anglia One) est notamment en construction au large des côtes britanniques. Les Etats-Unis sont largement entré dans la danse : le gouvernement ambitionne un total de 25 GW à terme ; une ferme de 800 MW est d’ailleurs en construction au large du Massachusetts.

L’Espagne a (enfin) lancé un grand plan d’éolien offshore, la Pologne s’est donné comme objectif d’atteindre 10 GW d’éolien en mer en 2040. Les pionniers de cette technologie, Danemark et Pays-Bas notamment, vont poursuivre leurs efforts – d’autant que les premiers parcs installés, au début des années 1990, arrivés en fin de vie, vont devoir être démantelés.

La France valide ses premiers parcs et relève ses objectifs

En France, le retard accumulé, malgré un potentiel considérable, ne semble qu’un lointain souvenir. Le 26 juillet 2019, la Commission Européenne a ainsi validé les aides d’Etat pour les six premiers parcs éoliens en mer de France, à Courseulles-sur-Mer, Fécamp, Saint-Nazaire, îles d’Yeu/Noirmoutier, Dieppe/Le Tréport et Saint-Brieuc.

En vertu d’un règlement européen stipulant que « peuvent être considérées comme compatibles avec le marché intérieur (…) les aides destinées à faciliter le développement de certaines activités ou de certaines régions économiques, quand elles n’altèrent pas les conditions des échanges dans une mesure contraire à l’intérêt commun », la Commission a levé le dernier verrou administratif avant la mise en chantier de ces six parcs.

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Le gouvernement a, par ailleurs, relevé les objectifs de la filière de l’éolien marin en France : la PPE a été modifié pour passer de 700 MW annuel à 1 GW annuel. Soit une vingtaine de GW d’ici 2040.

Iberdrola : investissement massif dans l’éolien en mer

Parallèlement, les acteurs industriels de la filière mondiale de l’éolien en mer raffermissent leurs positions. Le spécialiste espagnol Iberdrola vient ainsi d’annoncer la vente de 40% de ses parts dans le parc éolien en construction d’East Anglia One à un fonds d’investissement, le Green Investment Group (propriété depuis 2017 de l’australien Macquarie), pour un montant d’1,7 milliards d’euros.

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Le parc étant bien entamé, le risque de cet investissement est faible pour le fonds. Pour Iberdrola, ce type de cession permet de récupérer du cash, pour maintenir une capacité d’investissement élevé. C’est nécessaire, le groupe ayant prévu d’investir 13,3 milliards d’euros dans les renouvelables (dont une large part d’éolien en mer) entre 2018 et 2022. L’objectif d’Iberdrola est de développer, à moyen terme, un portefeuille de 10 GW d’éolien offshore.

Les acteurs industriels de l’éolien en mer en plein boom

Symptomatiquement, le leader mondial de l’éolien offshore a décidé de changer de nom, pour marquer la fin de ses activités dans les combustibles fossiles. L’énergéticien danois DONG (pour Dansk Olie og Naturgas : « Pétrole et Gaz naturel du Danemark) s’est rebaptisé Ørsted, a abandonné les fossiles en 2018, et annoncé un investissement de 26 milliards d’euros entre 2018 et 2025 dans les renouvelables. Il a notamment construit les différentes tranches du parc (déjà évoqué) de Walney, au large de l’Angleterre, actuelle plus grande ferme éolienne offshore du monde.

En France, EDF Renouvelables a remporté quatre des six appels d’offre pour les parcs éoliens en mer de l’Hexagone. Total, candidat malheureux à l’appel d’offre de Dunkerque, souhaite investir dans ce marché porteur, à l’exemple d’un autre pétrolier, Shell, qui figurent parmi les firmes mondiales les plus dynamiques dans l’éolien en mer. Autorités et acteurs de la filière semblent donc sur la même longueur d’onde : dynamisme et ambitions.

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