Le 15 septembre 2018, le projet Smart Grid Vendée est arrivé à son terme, après cinq ans de travail sur les réseaux électriques de demain, la flexibilité et l’intégration des EnR. Les acteurs ont tiré le bilan de ce démonstrateur d’importance, dont les expérimentations seront prolongées à plus grande échelle dans le cadre de SMILE.
Le vendredi 7 septembre, les partenaires du démonstrateur Smart Grid Vendée étaient réunis aux Sables d’Olonne pour tirer les enseignements de 5 années d’expérimentation sur le futur des réseaux électriques.
15 septembre 2018 : fin officielle de Smart Grid Vendée
Lancé en 2013, Smart Grid Vendée avait pour mission d’expérimenter l’intégration des énergies renouvelables (EnR) et la gestion des réseaux électriques à l’échelle d’un département. Il était à la fois le seul démonstrateur européen à tester l’intégralité de la chaîne énergétique, du producteur au consommateur, et l’un des dix plus importants par son budget de 28 millions d’euros, dont 9,5 millions apportés par l’ADEME dans le cadre des Investissements d’avenir, et 16,9 millions par Enedis.
Ce démonstrateur a officiellement fermé ses portes le 15 septembre, avec la dissolution du consortium réunissant Enedis, RTE, Engie Ineo, Legrand, Actility, General Electric (GE) et le CNAM (Conservatoire national des arts et métiers). Mais les équipements et les solutions développées ont été intégrées au projet de Réseau Electrique Intelligent SMILE (SMart Ideas to Link Energies) des régions Bretagne et Pays de la Loire, qui déploie les solutions smart grids à plus grande échelle.
La Vendée, terrain d’élection pour expérimenter les smart grids
La Vendée était un espace idéal pour expérimenter les solutions intelligentes. « Parce qu’il y a, ici, plus de vent dans le Sud qu’au Nord du département, plus de soleil dans les terres que sur le littoral (ou inversement), parce que l’on a des productions intermittentes, des utilisateurs de toutes les catégories, ruraux ou urbains, que toutes les difficultés d’intégration des sources d’énergies étaient réunies, la Vendée offrait un territoire pertinent pour imaginer les réseaux intelligents de demain. Ce département est une petite France, où l’on a expérimenté ce qui se déroulera, demain, à l’échelle nationale ou européenne », a ainsi déclaré Alain Leboeuf, président du Sydev (Syndicat départemental d’énergie et d’équipement de la Vendée), auquel adhèrent toutes les communes et intercommunalités du département.
Autre atout de la Vendée : sa forte conversions aux EnR : « Rapportée à sa superficie et sa population, la Vendée est très équipée en renouvelables. Elle représente ainsi 1,3% du territoire pour 6% de la capacité EnR française », a ainsi détaillé Frédéric Wauquiez, directeur produit de GE.
Faire œuvre pédagogique auprès des populations
Une des grandes spécificités de ce démonstrateur était sa volonté d’aller à la rencontre des usagers et des populations. Le grand public reste très peu au fait des contraintes induites par la transition énergétique et le déploiement à grande échelle des EnR, et, surtout, des solutions pratiques que peuvent offrir les smart grids à ces limites. L’hostilité d’une partie de la population française aux compteurs connectés est imputable en grande partie à sa méconnaissance des technologies de flexibilité qu’ils permettent de mettre en œuvre – Linky est, avant tout, un agent de la transition énergétique.
Smart Grid Vendée a donc multiplié les initiatives pédagogiques à destination de la population, tout en développant des outils innovants. La plus emblématique est sans doute ce studio immersif, mobile, ludique et pédagogique. Circulant sur l’ensemble du territoire, il propose aux usagers un parcours durant 1h30 où ils se projettent en 2038, autour de quatre questions centrales de la vie quotidienne et leur impact énergétique : la production d’énergie, la mobilité, l’habitat, l’alimentation.
Etudes auprès des usagers et formation d’ingénieurs spécialisés smart grids
Des études ont également été menées auprès des populations pour mesurer leur engagement sur ces questions : « Si les effacements de chauffage et d’eau chaude sanitaire – c’est-à-dire le report ou le décalage des consommations – ont été généralement peu perçus, les usagers sont avant tout sensibles à la maîtrise des consommations, le plus souvent liées au confort thermique des bâtiments et à la performance des installations », précise une de ces études menée par le CNAM de La Roche-sur-Yon.
Le CNAM, justement, a créé en 2014, dans le cadre du démonstrateur, une formation d’ingénieurs en génie électrique, spécialisés dans les smart grids. Avec une excellente entrée sur le marché du travail pour les 66 diplômés à ce jour : « Si le marché est encore balbutiant, la quasi-totalité des étudiants aurait trouvé un emploi à l’issue de leur formation » pointe avec satisfaction le CNAM.
150 partenaires, 120 bâtiments tertiaires, 4 parcs éoliens, 47 fermes photovoltaïques…
Au-delà de cet aspect humain, primordial, l’heure est donc au bilan. Smart Grids Vendée fut l’occasion de tester l’impact des sources d’électricité renouvelables, décentralisées et intermittentes (éolien et photovoltaïque) sur les consommateurs et sur le réseau électrique ; l’objectif principal était de développer des solutions innovantes pour adapter la production et la consommation d’électricité aux besoins du réseau, pour lisser les pics de consommation et répondre à l’intermittence de ces nouvelles EnR.
En cinq ans, 150 acteurs publics et privés (collectivités locales, industriels, start-ups, sociétés d’ingénierie, établissements d’enseignement…) ont appris à travailler ensemble sur ces questions. En tout, le démonstrateur s’est déployé sur 120 bâtiments tertiaires, 40 commandes d’éclairage public pilotant 1 200 points lumineux, sept usines de production d’eau potable, quatre parcs éoliens, 47 centrales photovoltaïques, un centre de recharge de voitures électriques, deux stations météorologiques et cinq postes sources.
Ces installations ont toutes été équipées de capteurs et d’outils de pilotage, raccordé à des plateformes d’agrégation de données, afin d’observer les habitudes de consommation, en temps réel, et agir, également en temps réel, sur la production ou la consommation électrique.
Rendez-vous demain pour détailler les principales expérimentations et enseignements pour les partenaires du projet.
