Au départ, il n'y avait une simple friche. Une large bande de terre inexploitée le long d'un axe autoroutier longeant le littoral, servant à rallier le centre-ville marseillais. Un terrain dont il était, hier encore, difficile hier de déceler un quelconque potentiel devenu symbole du tournant technologique que prend l’urbanisation marseillaise, qui puisera à nouveau toute son énergie dans sa proximité avec la mer Méditerranée.
Un terrain vague marseillais quelconque, à l'origine baptisé « îlot Allar », du nom de la rue qui y conduisait va faire peau neuve. Cette friche qui fait face au centre d'hébergement d'urgence de la Ville a en effet été sélectionnée il y a quelques temps par Eiffage, dans le cadre du projet Euromed, afin d'y édifier un éco-quartier.
Le néo-ensemble urbain porte désormais le nom de Smartseille, et il représente un pari pour le groupe Eiffage, car comme son nom peut l'évoquer, il va être le théâtre, à deux pas des quartiers Nord de la ville, de la fusion de deux thématiques-clé : la smart city (et la smart grid) et la construction durable.
Thalassothermie
Eiffage a décidé de faire de cet espace un démonstrateur de ce que pourrait être le futur de l'urbanisation de la citée Phocéenne, équipant les bâtiments de technologies innovantes, notamment d'un point de vue énergétique. En effet, le climat sur la côte méditérranéenne nécessite chauffage en hiver et climatisation en été. Les bâtiments nouvellement érigés seront donc raccordés à un équipement thalassothermique, prenant son essence en mer, là où le circuit puisera calories ou frigories en fonction de la demande. Au final, Eiffage estime que la facture énergétique des bâtiments sera 30% moins chère que celle d'un système classique, une première en Europe dans ce genre de cas.
Du côté de l'aspect esthétique des bâtiments, on notera la signature de quelques-uns des architectes locaux les plus prisés, de Eduardo Souto de Moura à Corine Vezzoni en passant par Jacques Sbriglio. Quant à l'aspect pratique, quelque 650 places de stationnements partagés entre les logements et locaux professionnels ont été prévus, les usagers ne partageront donc pas l'espace aux mêmes heures. Le nouveau quartier de 2,7 hectares est prévu pour disposer d'une capacité d’accueil de 4 000 personnes, qu'elles soient résidentes ou professionnelles, mais aussi d'une crèche, d'une maison de retraite et de 60 000 m2 de locaux d'activités.
La thalassothermie est une technologie qui réussit à convaincre de plus en plus sur les bords de la Méditerranée, en témoigne l'installation de ce type de système dans un centre aquatique à Sète, dont les consommations étaient depuis longtemps un véritable gouffre énergétique.