L’automobile devrait se convertir, progressivement, à la propulsion électrique. Pour éviter qu’elle présente un risque de surcharge pour le réseau électrique, elle doit être intégrée dans une transformation profonde du secteur de l’énergie, s’appuyant sur les renouvelables et les smart grids. La transition énergétique mondiale passera par cette révolution.

Fin septembre 2018, l’association Think Smart Grids a publié un dossier très complet et très pédagogique sur la mobilité électrique, son avènement programmé, son intégration dans une logique énergétique nouvelle, où pilotage de la consommation et de la production seront la norme. L’occasion de revenir sur les enjeux de cette transformation cruciale pour la réussite de la transition énergétique.

Véhicules à essence et diesel : chronique d’une mort annoncée

Les véhicules propulsés par des combustibles fossiles ne sont pas une solution d’avenir, ni d’un point de vue écologique (ils sont responsables, en France, de près de 40% des émissions de CO2 dans l’atmosphère), ni même d’un point de vue économique (le pétrole est tout sauf éternel, et si les prix sont relativement bas aujourd’hui, ils pourraient fortement varier dans les années à venir).

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Même les constructeurs automobiles les plus réticents à cette idée ont fini par se rendre à l’évidence, et investissent dans les techniques de propulsion alternatives au pétrole, l’électrique en tête. D’autres technologies émergeront peut-être et s’imposeront à grande échelle (l’hydrogène, notamment, est très prometteur), mais, pour l’heure, la seule à être mature est l’électricité.

Verdir le mix électrique pour verdir la mobilité électrique

Certes, la mobilité électrique n’est pas encore, aujourd’hui, systématiquement verte, puisque la production de l’électricité ne l’est pas. Faire circuler un véhicule électrique (VE) utilisant une électricité produite à partir d’une centrale à charbon, notamment, s’avère au final nettement plus polluant qu’avec de l’essence classique. De quoi donner des arguments aux pourfendeurs de cette technologies (il en reste).

Mais s’en tenir à un tel constat serait oublier que la mobilité électrique se développe conjointement aux énergies renouvelables, pour lesquelles elle représente à la fois un débouché et un soutien. Le secteur de l’énergie est en train de muter vers plus de sources renouvelables, et la mobilité électrique a un rôle clé à jouer dans cette mutation.

Intégrer la mobilité électrique dans une stratégie smart grid

Pour cela, la mobilité électrique doit être intégrée dans une logique de réseau électrique intelligent, où la recharge intelligente et les procédés de vehicule-to-greed offrent une flexibilité précieuse au réseau. Faisant de la mobilité électrique non un poids, mais un soutien au déploiement d’une énergie verte à très grande échelle.

Une logique que les énergéticiens et les constructeurs automobiles intègrent de plus en plus largement à leur stratégie de développement, en faisant des partenaires clés du nouveau visage énergétique qui est en train de se dessiner.

Véhicule électrique : un marché en pleine croissance

Mais, si le véhicule électrique représente l’avenir, quel est son présent ? Dans le monde, les ventes de VE augmentent fortement, elles ont atteint 1,1 millions d’unité en 2017, pour un total de 3,1 millions de véhicules en circulation sur la planète.

La locomotive de cette révolution lente est à chercher vers l’extrême-Orient : 1,2 millions de véhicules électriques circulent en Chine, soit plus d’un tiers du total. Sachant que 52% des VE achetés dans le monde le sont en Chine, cette part devrait augmenter dans les années à venir.

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En France, 140 000 véhicules électriques ou hybrides circulent, soit à peine 0,6% des 22 millions de véhicules que compte le pays. Mais le VE est porté par une vraie dynamique : ses ventes ne cessent de progresser. En 2017, 1,5% des 2,2 millions de véhicules neufs vendus en France étaient électriques ou hybrides, soit 24 904 unités.

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Entre 5 et 15 millions de VE en France en 2035

Cette dynamique devrait continuer à s’accentuer dans les années à venir. La RTE prévoir ainsi qu’en 2035 entre 5 et 15 millions de véhicules électriques circuleront en France.

« S’il existe encore une incertitude sur le rythme et la rapidité du déploiement de la mobilité électrique dans les années à venir, un consensus existe aujourd’hui sur son développement massif à moyen terme sur le segment des véhicules légers et des bus (~40 millions de VE/VHR a minima à l’échelle mondiale en 2025) ; à l’échelle française, un scénario avec plusieurs millions de véhicules électriques à horizon 2030 paraît aujourd’hui hautement probable » écrit le gestionnaire du réseau de transport dans son dernier travail de prospective.

La RTE précise d’ailleurs que ce mouvement est mondial, qu’une bascule est en cours et que cette révolution a peu de chances d’être arrêtée aujourd’hui : « De telles perspectives, encore jugées improbables il y a quelques années, sont confortées par les statistiques récentes […] et d’autre part et surtout par les investissements massifs déjà réalisés ou annoncés par les plus grands constructeurs automobiles mondiaux. Ces investissements, stimulés par un cadre régulatoire et politique favorable partout dans le monde, sont le moteur des perspectives de décroissance des coûts des batteries ».

Le transport automobile en commun (bus et car) devrait être le premier à s’électrifier intégralement, portés par des politiques publics volontaristes – un mouvement déjà largement engagé en Chine. Le véhicule léger devrait lui emboîter rapidement le pas. Pour le secteur des poids lourds, la mutation risque d’être plus lente : la RTE estime qu’il faudra attendre 2030 pour voir l’électrification du transport routier démarrer significativement.

Des économies de consommation énergétique brute, une surconsommation électrique limitée

L’autre point crucial des analyses de la RTE est que ce développement ne représentera pas un surcoût colossal de consommation électrique, et surtout que cette augmentation sera très progressive : « Un parc de 1 million de VE/VHR (véhicules légers) représente 2,2 TWh de consommation finale électrique : un scénario à 15 millions de véhicules électriques à horizon 20 ans représenterait ainsi seulement 33 TWh de consommation, soit 7% de la consommation actuelle d’électricité » expose le gestionnaire.

Sachant que le secteur des transport représentait en 2015 environ un tiers de la consommation énergétique totale de la France, une électrification massive de ce secteur offrirait au pays de fortes économies d’énergie, tout en transférant l’utilisation d’un combustible polluant (pétrole et dérivés) vers une électricité qui peut être d’origine renouvelable.

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Au final, l’augmentation de consommation électrique provoquée par le VE demeure modeste. Mieux, intégrée à une logique de smart grids, de pilotage de la charge et de vehicle-to-greed, la mobilité électrique pourrait offrir des gains de flexibilité compensant en grande partie cette surconsommation. Rendez-vous demain pour découvrir comment, dans la suite de notre étude, consacrée aux dispositifs de recharge.

 

 

 

 

 

 

1 COMMENTAIRE

  1. Certes, un véhicule électrique qui s’alimente en électricité produite à partir de combustibles fossiles (charbon, pétrole ou gaz) ne présente aucun intérêt écologique par rapport à son homologue à moteur thermique.
    Mais l’auteur de l’article n’a pas relevé que ce n’est pas le cas en France, car notre électricité est quasiment décarbonée grâce essentiellement au nucléaire (75%) mais aussi à l’hydraulique (15% environ).
    Pourquoi, alors qu’il s’agit d’un (rare) domaine où notre pays est en pointe ?
    Y aurait-il une omerta qui empêche de parler de cette énergie, décriée par des ONG antinucléaires et EELV ?

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