Le salon des Maires et des collectivités locales vient tout juste de fermer ses portes à Paris (du 21 au 23 novembre 2017). L’occasion idéale de revenir sur les différents programmes d’expérimentation des « smart cities » à la française. Destinées à rendre les villes et les territoires de demain plus attractifs et plus connectés, les technologies numériques représentent un des enjeux majeurs de développement durable pour les collectivités locales, et cela à la fois sur les plans environnemental, énergétique, économique ou social.

Smart grids, un potentiel illimité au service des territoires de demain

Des smart grids aux smart meters (compteurs communicants), en passant par la mobilité électrique et les objets connectés des nouvelles smart cities, la révolution numérique et digitale a révolutionné les modes de gestion des grandes agglomérations, et initié de nouveaux modes de développement territorial. Les smart grids par exemple, que l’on peut définir comme « l’ensemble des réseaux de distribution d’électricité intelligents qui utilisent des technologies informatiques et de télécommunication dans le but d’optimiser le transport d’énergie des points de production à ceux de distribution », permettent de faciliter la mise en relation et l’équilibrage de l’offre et de la demande d’électricité entre les producteurs (d’énergies renouvelables de préférence) et les consommateurs d’électricité. Ils offrent aux villes et territoires la capacité de se mettre en réseau et d’exploiter leurs données locales pour les restituer sous forme de services auprès des citoyens, des agents de la collectivité ou de tout autre acteur. Les administrations et les collectivités peuvent ainsi développer de nouveaux services plus efficaces en termes de coûts et plus respectueux de l’environnement, dans les secteurs des transports, de l’énergie, de la santé, de la sécurité ou du tourisme. 

Ces nouveaux marchés offrent à la fois de fortes perspectives de développement et l’espoir d’une société future moins énergivore, plus respectueuse de l’environnement et du climat. Selon un rapport publié au mois de novembre 2016 par l’organisation Smart Grid + Smart City qui organise chaque année le salon éponyme consacré aux territoires intelligents, durables et connectés, l’ensemble de ces technologies devraient poursuivre leur déploiement à l’échelle internationale durant la prochaine décennie. Une enquête du groupe international de télécommunications espagnol Telefonica estime même que le marché mondial de la Smart City pourrait passer de 361 milliards en 2017 à plus de 1000 milliards d’euros en 2022.

La multiplication des smart cities à la française

La France est en première ligne sur ces évolutions. De nombreuses expérimentations, mettant au premier plan les « smart things », ont lieu actuellement dans l’Hexagone. Plus d’une vingtaine de communes, métropoles et communautés d’agglomérations françaises ont déjà entamé leur transformation et développent des services intelligents via l’ouverture des données, le réseau Wifi linéaire public gratuit ou encore les dispositifs d’e-administration. « 64% des villes intelligentes tricolores se sont lancées dans l’open data, c’est-à-dire l’ouverture des données, sur les transports en commun disponibles en temps réel par exemple, aux entrepreneurs voire même aux citoyens », apprend-on dans le Journal du Net.

Ces informations permettent notamment d’adapter les services proposés aux besoins des administrés et de mieux évaluer les effets des politiques locales. A Dijon par exemple, un consortium réunissant Bouygues et Citelum (marque ombrelle d’EDF Solutions Energétiques) a remporté en septembre 2017 un contrat très novateur destiné à mettre en place une gestion centralisée et connectée de l’espace public. Présenté en exclusivité à l’occasion du Salon des maires et des collectivités locales, ce projet déploiera un centre de gestion des données et de pilotage de toutes les fonctions de la métropole comme l’éclairage public, les services de voiries, de l’énergie, des feux, ou encore de la vidéosurveillance.
Autre exemple à Lille où la MEL (Métropole européenne de Lille) a lancé cette année le projet « So Mel, So Connected ». Celui-ci doit servir à démontrer la possibilité de produire et d’utiliser de manière optimisée de l’énergie, à l’échelle locale, en mobilisant de manière intelligente et dynamique les capacités du réseau électrique.
A Marseille enfin, le projet de démonstrateur Smartseille est l’un des trois programmes structurants ayant permis l’obtention du label Eco-Cité Euroméditerranée aux côtés de la Boucle d’eau de mer Massileo, conçue et réalisée par EDF Optimal Solutions, et du parc des Aygalades. Ce projet immobilier de 58.000 m2 vise l’exemplarité en termes de développement urbain durable et proposera un condensé des nouvelles technologies dans les secteurs du bâtiment et de la domotique. Il regroupera par exemple des bâtiments de logements et de bureaux haute qualité énergétique, des voitures électriques en autopartage, ou de nouveaux services numériques comme une tablette, baptisée « tablophone », accrochée à l’entrée de chaque logement et qui permettra de gérer son stationnement, faire appel à la conciergerie ou consulter sa consommation d’énergie.

Les smart grids ont également convaincu de nombreuses smart cities dans l’Hexagone puisque plus d’une dizaine d’entre elles ont déjà des projets de réseaux électriques intelligents en cours. Les grandes agglomérations françaises sont bien sûr dans le lot comme Paris, Lyon et Toulouse pour les plus anciennes, mais pas seulement. La petite ville de Chartres par exemple, a mis en place récemment un projet basé sur l’utilisation de l’éclairage public, la gestion du stationnement ou encore le contrôle du remplissage des poubelles en direct.

Une réponse à l’urbanisation massive

En combinant les technologies des télécommunications et de l’Internet des objets, les smart cities permettront à terme de rendre les villes moins consommatrices en énergie, moins génératrices de déchets, plus organisées, plus sûres et agréables à vivre. Une évolution souhaitable qui débouchera sur un modèle d’organisation plus durable et nous permettra de répondre efficacement aux grands enjeux démographiques. En effet, compte tenu de l’urbanisation croissante des populations en France et à l’international, plus de deux personnes sur trois pourraient vivre dans une smart city à l’horizon 2030, et les technologies expérimentées actuellement semblent donc plus que pertinentes.

Pour le député PS Luc Belot, auteur d’un rapport sur « l’avenir des smart cities » et spécialiste des questions liées au numérique, « si chaque ville expérimente pour le moment ses propres recettes sans qu’il n’y ait de vrais échanges », la France est toute de même « en bonne position pour faire émerger des stratégies de smart cities car ses collectivités sont pilotées par des élus qui ont des compétences larges et des entreprises disposant d’un savoir-faire reconnu dans les services et l’innovation ». Seul problème, la collecte et le traitement des données personnelles restent un sujet encore relativement sensible pour une part de la population. La réutilisation de ces données devra faire l’objet de débats citoyens à l’échelle locale, au risque d’entraver le bon développement des projets de smart cities. Outre l’aspect technologie et développement durable, le déploiement harmonieux des villes intelligentes résulte aussi d’une bonne gouvernance participative dans laquelle tous les citoyens sont volontairement intégrés et connectés entre eux.

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