Alors que le gouvernement français s’est fixé des objectifs ambitieux en termes de politique énergétique, la question du partage des données apparaît comme essentielle. Un domaine dans lequel les différents acteurs français se révèlent être à la pointe de l’innovation.

« La gestion des données s’impose comme un enjeu majeur qui peut contribuer à simplifier le quotidien des énergéticiens et de leur écosystème, et optimiser par exemple : la circulation d’informations de référence en interne, la relation bâtie avec les collectivités, la prise de décision sur le terrain ». Pour Jean-Marc Lazard, président de Opendatasoft, groupe spécialisé dans la production et le partage de données, la question des données énergétiques est sans doute un tournant majeur de la transition écologique.

Des acteurs convaincus par l’open data

Outils de connaissance par excellence, la donnée et son partage sont devenus des composants essentiels de l’innovation énergétique. Et alors que l’industrie de l’énergie produit un nombre immense de données diverses : des relevés de compteurs à la qualité de l’eau, l’Etat français a pris le parti de favoriser cette révolution majeure qu’est l’open data énergétique.

Ainsi, depuis les lois de Transition Énergétique pour une Croissance Verte, et pour une République numérique, les opérateurs d’énergie doivent mettre en place des politiques d’ouverture de leurs données sur les consommations de gaz et d’électricité. Ces opérateurs sont en effet les principaux acteurs de l’open data énergétique, au côté des collectivités territoriales. Leur rôle dans la gestion générale du partage de données est donc essentiel. A l’image du géant français EDF, certains opérateurs tentent de mettre en place des dispositifs visant à favoriser, grâce à l’accès aux données, l’innovation.

L’entreprise a ainsi choisi de créer des plateformes de partage de ses données sur les indicateurs de consommation d’énergie en Outre-mer, en Corse, et sur les îles du Ponant. Véritables vitrines de la transition énergétique, les îles françaises, qui sont contraintes de produire la totalité de leur électricité sur place, disposent de données énergétiques éminemment éclairantes.

Il s’agit donc ici d’aider tout partenaire, entrepreneur, ou simple citoyen, à comprendre de la manière la plus précise possible, le fonctionnement de l’ensemble de la chaine des systèmes électriques, de la production jusqu’à la commercialisation.

Des données pour favoriser l’innovation

Le partage de ces informations est une première étape vers l’objectif ambitieux du gouvernement d’arriver à 100% d’énergies renouvelables en 2030 pour les territoires d’outre-mer et 2050 pour la Corse. Mais les territoires insulaires ne sont évidemment pas les seuls concernés par ce vaste mouvement. En 2017, Engie avait ainsi fait de son parc de la Haute borne dans la Meuse, le premier parc éolien en open data du monde.

Grâce à des données en temps réel, l’entreprise peut ajuster notamment l’orientation des machines, et économiser des dizaines de milliers d’euros. Si l’intérêt est donc d’abord interne à l’entreprise, l’ouverture de ces données pourrait être créatrice d’opportunités. « On va ouvrir les données progressivement pour voir comment la communauté s’en saisi » affirmait lors de l’ouverture du parc, Raphael Genin, analyste en innovation chez Engie.

Les professionnels du secteur sont donc les premiers initiateurs de ce changement essentiel vers la transparence et l’exploitation des informations énergétiques. Selon une étude menée par le cabinet Wavestone, 88% des décideurs d’entreprises du secteur de l’énergie considèrent que l’ouverture des données est d’abord une opportunité.

Le rôle essentiel des pouvoirs publics

Une transition qui est largement encouragée par les pouvoirs publics, a l’image du grand concours de data-visualisation des données locales d’énergie lancé par le ministère de la Transition écologique et solidaire qui souhaite ainsi « favoriser une meilleure appropriation de la consommation d’énergie dans les territoires par les citoyens, les collectivités territoriales et plus globalement toutes parties prenantes (…) par le croisement des données locales d’énergie avec d’autres données en open data, par la création de solutions de data-visualisation et par l’analyse comparative de ces données » 

Un concours national du 15 juin au 11 octobre 2018 qui devrait permettre d’apporter des éclairages concrets sur des différents enjeux, grâce à l’exploitation des données disponibles. Le ministère souhaite ainsi obtenir « une photographie « air-énergie-climat » mixant des données de consommations d’énergie, de productions d’énergie renouvelable, d’émissions de polluants et de gaz à effet de serre », mais aussi « établir un modèle de prévision de la production d’énergie renouvelable en fonction des prévisions météorologiques et du parc éolien ou photovoltaïque disponible », ou encore, « améliorer la performance énergétique des logements et bâtiments et identifier des travaux de rénovation à réaliser par les propriétaires, bailleurs et syndics ».

Des chantiers essentiels donc, qui participeront pleinement à la réussite de la transition énergétique française. L’avenir et l’évolution de l’open data énergétique devrait donc dépendre également de l’Etat français et de ses injonctions.

Si l’ensemble des acteurs privés semblent convaincus des bienfaits de l’ouverture des données, la question de la protection des données personnelles doit se poser, notamment en termes juridiques. Selon Brice Bohuon, Directeur général de la CRE (Commission de régulation de l’énergie), « il y a un équilibre à trouver entre totale transparence et protection juridique de ces informations ».

Pour progresser à la fois sur le volume des données et la qualité de leur exploitation, l’open data dans l’industrie énergétique française devra donc être un lieu de coopération entre acteurs privés et pouvoirs publics. Les initiatives de grands groupes comme EDF ou Engie, font de la France un pays pionnier en termes de partage des données énergétiques, reste à savoir si les synergies chapeautées par le ministère de la Transition écologique permettront de continuer dans cette lancée.

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