La métropole de Dijon s’est lancée dans un projet de ville intelligente de grande ampleur, qui lui permet de piloter l’espace public, en temps réel, et de mieux interagir avec ses citoyens. Si la première partie de la mission d’OnDijon est déjà sur les rails et ne pose pas de questions de fonds, la seconde doit encore se déployer pleinement et soulève des interrogations, tant sur la gestion des données que sur le gigantisme du projet.

Nous avons vu, dans la première partie de notre étude, comment la métropole de Dijon s’était doté d’un outil de pilotage centralisé des services municipaux, qui lui donne une vision, en temps réel, de tous les équipements urbains et des équipes municipales, afin d’adapter leurs actions pour le bien des citoyens. Tout en améliorant la sécurité et en réduisant la facture énergétique de la ville.

ondijon smart city 2 2 citoyens - Les Smart Grids

Des données en open data, parfaitement protégées et anonymisées

Mais les ambitions d’OnDijon débordent ce cadre. La métropole veut utiliser les données collectées pour développer de nouvelles applications ou services, pensés par les membres du consortium, ou par des équipes tierces, venues de start-up ou de la recherche universitaire.

Dijon a en effet fait le choix de l’open data pour les données collectées : une fois anonymisées et garanties compatibles avec le Règlement Général sur la Protection des Données (RGPD), elles resteront propriétés de la ville (et ne pourront donc, en aucun cas, être vendues par les membres du consortium) et seront en libre accès.

« Les données numériques, issues des services publics, qui remonteront au centre de commandement constitueront un bien public, et hormis les données personnelles (permettant d’identifier un individu), l’intégralité sera accessible à tous les citoyens. Cette accessibilité (l’open data) est un choix politique, et il est au coeur de notre projet » précise François Rebsamen, président de la métropole de Dijon.

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Une application de signalement attendue pour OnDijon

La première application proposée par OnDijon sera destinée à l’alerte d’incidents sur l’espace public (chute d’arbres, encombrants non ramassés etc.). Toute personne pourra ainsi signaler un soucis, et l’authentifier par une photographie et, au choix de l’utilisateur, une géolocalisation. L’hyperviseur déterminera alors quel service est compétent pour régler le problème, et l’en informera. L’application devrait être hébergé sur le même serveur que MyDijon (qui propose une gestion en ligne des services offerts aux habitants, comme les cantines ou les garderies).

La métropole attend de généraliser, dès cet été, l’usage des smartphones chez ses équipes municipales, afin qu’elles augmentent leur réactivité, pour lancer une version beta de cette application.

Impliquer les start-up et les universitaires dans le projet de smart city

L’écosystème de start-up de la métropole a été invité à plancher sur de nouvelles applications et valorisations des données générées. Coté universitaire, le projet smart city a permis de faire émerger plusieurs formations orientés vers les technologies numériques, qui pourront fournir des idées neuves, et, assurément, des futurs employés à l’hyperviseur ou aux autres branches de la métropole intelligente.

« OnDijon a débouché sur la création d’une chaire universitaire dédiée à la gouvernance de la donnée, une formation spécialisée d’ingénieurs en informatique et en numérique du Centre d’Études Supérieures Industrielles qui ouvrira à la rentrée 2019 et l’arrivée deux nouvelles écoles d’ingénieurs, l’École Spéciale des Travaux Publics et l’École d’Ingénieurs en Informatique et électronique ESEO », expose François Rebsamen.

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Un projet trop cher, trop difficile à rentabiliser ?

Pour autant, des voix se sont élevées pour critiquer ce projet. L’opposition municipale, et notamment le conseiller municipal Emmanuel Bichot, s’interroge sur « le coût très élevé » du projet et « la pertinence d’un choix technologique aussi lourd ».

Le montant engagé semble effectivement important, et le retour sur investissement n’est pas assuré, s’agissant, de plus, d’une première, avec les risques inhérents au fait d’essuyer les plâtres.

La métropole assure s’être couverte auprès de ses partenaires industriels, de façon à ce qu’ils assurent un service optimum, garantissant une réussite financière au projet : « Il s’agit d’un contrat à la performance dans lequel les entreprises se sont engagées sur des critères précis de qualité et de fiabilité. Il prévoit de lourdes pénalités financières en cas de manquements » expose la municipalité. Le réseau informatique doit par exemple assurer une disponibilité de 99,9%, tandis que les interventions d’urgence doivent être effectuées en moins d’une heure.

Le risque de donner trop de pouvoir à un consortium unique et privé

D’autres craignent que le consortium, partenaire unique et engagé sur 12 ans, ne fasse main basse sur les données et, surtout, n’acquiert une autonomie de fait qui le rende indéboulonnable et force la métropole à continuer de travailler avec lui au-delà de la fin du contrat : « Il ne s’agit pas d’une délégation de service public. Nous sommes maîtres d’ouvrage, donc propriétaires de toutes les données ainsi que du hardware et avons privilégié les logiciels ouverts » défend la métropole.

Certes, l’hyperviseur fourni par Capgemini et la plateforme de gestion des équipements de Citelum sont des équipement propriétaires. Mais, restant maître de la data, Dijon assure que la métropole a anticipé la possibilité de faire migrer l’ensemble de son infrastructure vers un système différent.

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Un modèle qui fait des émules

En tout état de cause, ce modèle, s’il ne fédère pas tous les suffrages possibles dans le petit monde de la smart city made in France, attire d’autres villes de taille équivalente. Angers s’est notamment servi de l’exemple dijonnais pour développer sa propre stratégie smart city, qui devrait se concrétiser en septembre 2019, avec l’annonce du consortium retenu.

Ainsi, au-delà des critiques, légitimes, l’ambition du projet OnDijon nourrira, à n’en pas douter, les futurs projets smart city de l’Hexagone.

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