Une étude révèle que le développement de la mobilité électrique pourrait permettre à la France d’économiser environ 1,2 milliards d’euros par an. Pour cela, deux prérequis : développer le Vehicle-to-Grid (V2G) et les sources d’énergies renouvelables. De quoi donner des idées aux pouvoirs publics…

L’électrification de la voiture, en France, en est encore à ses balbutiements. Mais tout porte à croire qu’elle est la solution d’avenir, dans l’objectif de décarboner les transports et réduire l’impact écologiques de nos déplacement. Certes, d’autres pistes existent, qu’il convient de mettre en œuvre, comme le développement des transports en commun et la réduction des temps de trajet – via des architectures urbaines rapprochant les lieux de travail des lieux d’habitation, ou via le télétravail. Le développement de l’autopartage et du covoiturage correspondent à la même logique.

Véhicule électrique : la solution la plus mature pour décarboner le transport

Mais c’est bien en abandonnant les combustibles fossiles, essence et diesel, que le transport individuel deviendra vraiment propre. Et, en la matière, le véhicule électrique demeure l’option la plus mature. L’hydrogène est loin d’avoir dit son dernier mot, mais une pile à combustible se recharge grâce à de l’électricité, même si elle produit ensuite directement de l’énergie cinétique : le mobilité à l’hydrogène pose donc, in fine, les mêmes types de questions que le pur électrique, d’un point de vue d’orientation énergétique.

Or, l’idée la plus répandue, qui est aussi la plus intuitive, est que développer la mobilité électrique nécessiterait un accroissement de la production d’électricité. EDF est globalement de cet avis ; RTE estime, en revanche, qu’en développant la charge intelligente et le V2G, les capacités de production actuelles devraient globalement suffire.

mobilite electrique economies france - Les Smart Grids

Des économies énergétiques entre 1,2 et 1,3 milliards d’euros par an

Mais un rapport plus enthousiasmant encore vient d’être publié par l’association Transport & Environnement, qui évoque divers scénarios d’évolution de la production et de la consommation électrique en cas de développement des VE, en France, au Royaume-Uni, en Italie et en Espagne.

Le document détermine les gains que représenterait, en France, à l’horizon 2040, la généralisation des VE pour les voitures, camionnettes, bus et camions, et donc la fin des combustibles fossiles pour propulser des véhicules. Dans le cas d’une production d’électricité massivement d’origine renouvelable et d’une large pénétration des solutions de charge intelligente et de V2G, les économies totales (économies d’énergie incluses) se chiffreraient entre 1,2 et 1,35 milliards d’euros par an.

Flexibilité

En effet, un parc de véhicules électriques d’environ 35 millions d’unité (en 2017, le parc automobile français était composé de 39,14 millions de véhicules), reliés majoritairement à des bornes de recharge bidirectionnelle, offrirait une considérable flexibilité au réseau électrique. Elle permettrait d’éviter la construction de nouvelles centrales, car ce gain en flexibilité dépasserait la consommation électrique totale de l’ensemble des véhicules. Plus le mix électrique serait composé de renouvelables intermittents, plus les gains seraient forts – car plus la demande en flexibilité le serait.

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Cette étude confirme donc, chiffre à l’appui, que la mobilité électrique est parfaitement complémentaire d’un recours accru aux renouvelables intermittents – et que les deux entreprises doivent être menées conjointement.

Retour sur un rapport parlementaire alarmant pour la mobilité électrique

Puisque nous évoquons des chiffres, revenons sur un rapport parlementaire sur l’électricité de la mobilité en France, présenté le 20 mars 2019 par ses auteurs, la députée Huguette Tiegna et le sénateur Stéphane Piednoir. Si son but est bel et bien d’envisager les différents scénarios permettant l’abandon des véhicules thermiques à l’horizon 2040, les médias ont essentiellement retenu le coût, pour la collectivité, de cette révolution.

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Deux coûts sont essentiellement évoqués par le rapport. Le premier est la baisse (puis la fin) des revenus liées à la Taxe intérieure de consommation sur les produits énergétiques (TICPE), la fameuse « taxe sur les carburants », qui devrait rapporter environ 37,7 milliards d’euros en 2019. Ses bénéfices sont partagés entre l’Etat (45,1%), les collectivités territoriales (32,6%), la transition énergétique (20,1%) et l’Agence de financement des infrastructures de transport de France (AFITF, 3,2%).

Un coût sur 20 ans « de l’ordre de 500 milliards d’euros »

Le second coût est le développement de l’infrastructure de recharge sur l’ensemble du pays. Le rapport évoque trois scénarios, un sur une évolution « raisonnable » des capacités des batteries, un sur une fort évolution technologique des batteries, un sur la généralisation des piles à combustible. Suivant les scénarios, les coûts d’infrastructure oscilleraient entre une fourchette basse comprise entre 30,7 et 42 milliards d’euros, et une fourchette haute comprise entre 100,6 milliards et 108 milliards d’euros.

Au total, selon le rapport, d’ici 2040, « le coût de la décarbonation du parc automobile français serait avec toutes les précautions d’usage de l’ordre de 500 milliards d’euros ». Chiffres repris en boucle dans les médias.

Le rapport oublie simplement de chiffrer… les économies réalisées !

Mais les gains (considérables) qu’offriraient l’électrification de la mobilité à la collectivité ne sont pas évoqués, ou du moins sans être chiffrés. En effet, se débarrasser de la pollution des moteurs thermiques améliorerait considérablement la qualité de l’air.

Rappelons qu’un autre rapport parlementaire évaluait le coût de la pollution de l’air à 101,3 milliards d’euros par an. Des coûts sanitaires, essentiellement, mais aussi sur les bâtiments, la biodiversité, et même l’agriculture. Un air pur augmenterait le rendement des champs de blé francilien de 10%. « La pollution de l’air n’est pas qu’une aberration sanitaire, c’est aussi une aberration économique » pointaient les sénateurs.

Certes, l’électrification de la mobilité ne réglera pas à elle seule la question de la qualité de l’air, mais elle pourrait y contribuer largement. Et ainsi offrir des économies plus que conséquentes à la collectivité.

L’électrification des véhicules est indispensable pour réussir pleinement la transition énergétique, elle aussi indispensable à la survie de notre planète. La bonne nouvelle, c’est qu’elle permettra, également, de faire des économies. Aucune raison, donc, de la freiner à quelque niveau que ce soit !

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