L’installation de panneaux photovoltaïques sur les toitures (et ombrières) d’une exploitation agricole offre, en France, une rentabilité toujours plus forte, notamment grâce une spectaculaire baisse des coûts d’installation. Dans un contexte où le monde paysan est en difficulté, ce type d’investissement s’avère une double bonne solution : pour l’économie de l’exploitation et pour l’avenir de la planète.
Le vaste plan « biogaz » lancé par le gouvernement a placé les exploitations agricoles au cœur de son ambition. En effet, des installations de méthaniseur permettent de valoriser le biométhane produit par les déchets agricoles et les déjections animales. Offrant, en sus, un revenu de complément bienvenu à un monde paysan dans une situation économique plutôt difficile.
L’autoconsommation photovoltaïque, une opportunité pour les exploitations agricoles
Mais le biogaz n’est pas la seule EnR dont peut bénéficier les exploitations agricoles. L’installation de panneaux photovoltaïques sur les toits des bâtiments agricoles, de certaines serres ou des ombrières (qu’elles soient d’usage agricole ou pour les véhicules) se développe depuis plusieurs années partout dans le monde. Plus timidement en France qu’ailleurs en Europe – en Allemagne notamment.
Mais le contexte n’a jamais semblé aussi favorable aux investissements dans le photovoltaïque agricole, entre la hausse des prix de l’électricité et la baisse du coût des installations. C’est le bilan de la quarantaine d’études de dimensionnement réalisées par l’équipe Énergie-Climat de la chambre d’agriculture de Bretagne.
Etudes de dimensionnement
« Avec les hausses du prix de l’électricité, auto-consommer l’énergie photovoltaïque, c’est-à-dire utiliser la production de sa centrale pour couvrir une partie des besoins de son exploitation, devient de plus en plus intéressant » affirme ainsi Laurent Somer, membre de de la chambre d’agriculture de Bretagne
Sur le premier semestre 2019, la région a vu soixante exploitations agricoles installer des panneaux photovoltaïques. 40 d’entre elles ont été analysées par la chambre d’agticulture : 10 exploitations laitières, une exploitation maraîchère, une de méthanisation, 23 exploitations porcines et 5 exploitations avicoles.
Exploitations laitières et élevage porcin : rentabilité maximale
L’étude, très détaillée, conclue que l’autoconsommation photovoltaïque s’avère particulièrement rentable pour les exploitations laitières qui utilisent des robots de traite, et donc consomment de l’électricité tout au long de la journée, permettant de valoriser toute électricité produite par les panneaux. C’est moins vrai des exploitations utilisant des salles de traite.
L’élevage porcin est également propice à cette autoconsommation : « chauffage des maternités, nurseries et du post-sevrage, sans compter la ventilation : les postes de consommation d’électricité sont nombreux et les appels de puissance, relativement stables durant la journée et l’année, ce qui fait de ce type d’exploitations d’excellentes candidates à l’autoconsommation photovoltaïque » expose Laurent Somer.
Aviculture : vendre l’électricité au réseau pendant les vides sanitaires
L’autoconsommation totale est moins conseillée dans l’aviculture. Certes, les élevages de volailles utilisent beaucoup d’électricité. Mais l’aviculture impose des vides sanitaires qui représentent, en tout, entre un et deux mois d’inactivité pour le bâtiment d’élevage, période où l’électricité produite ne pourra pas être auto-consommée par l’exploitation.
De fait, l’aviculture est sans doute plus adaptée à une valorisation mixte des panneaux photovoltaïques : auto-consommation quand les ateliers fonctionnent, vente de l’électricité sur le réseau pendant les vides sanitaires.
Méthanisation et cultures maraîchères : des opportunités à saisir
Les cas de la méthanisation et du maraîchage rendent plus difficile les conclusions générales, puisqu’une seule exploitation de chaque type est concernée par l’étude. Pour autant, l’une et l’autre se montrent parfaitement rentables.
« Avec de nombreux moteurs (pompes, mélangeurs, etc.) en fonctionnement, une unité de méthanisation consomme beaucoup d’électricité selon un profil assez stable. Quant au maraîchage, la présence de frigos et d’irrigation entraîne des consommations estivales intéressantes pour de l’autoconsommation photovoltaïque » précise Laurent Somer.
Un investissement rentabilisé entre 7 et 12 ans
Terre-solaire détaille également les conditions de rentabilité d’une installation photovoltaïque pour une exploitation agricole. En moyenne, les économies d’électricité effectuées permettent de rembourser l’investissement entre 7 et 12 ans.
Plusieurs paramètres vont varier la durée d’amortissement. La localisation géographique est, bien entendu, le plus critique. Si le photovoltaïque agricole est rentable dans toutes les régions de France, il l’est davantage en région PACA, Occitanie ou Aquitaine.
De même, le type de toiture ou d’ombrière sur lesquelles peuvent être posés les panneaux, ainsi que leur orientation, jouent sur la rentabilité. L’idéal est de disposer de toiture sans ombrage orientée au Sud et inclinée à 30°. La fréquence des dépôts de poussière et de leur nettoyage va également jouer : des panneaux sales produisent nettement moins.
Vers un soutien gouvernemental ad hoc ?
Autre critère pour évaluer la rentabilité : la taille et donc la puissance de l’installation. Certains coûts étant fixe, plus une installation photovoltaïque est grande, plus elle sera vite rentabilisée. Il faut également prendre en compte les coûts d’aménagement pour l’installation : frais de raccordement (plus l’exploitation est proche du réseau électrique, plus ils sont faibles), éventuel travaux sur la charpente. Et, bien entendu, en cas d’emprunt, les intérêts.
Reste que, globalement, ces investissements sont toujours rentables. Un équipement photovoltaïque permet aux exploitations agricoles de faire des économies, tout en accélérant la transition énergétique du pays. Pour autant, aucun dispositif d’aide spécifique au photovoltaïque agricole n’existe à l’heure actuelle en France. Sans doute un chantier possible pour le gouvernement…
