En France, la filière de méthanisation profite d’un dynamisme qui rejaillit sur tous les types de valorisation. Si l’injection de bio-méthane sur les réseaux de gaz naturel reste privilégié, la production d’électricité, le plus souvent dans des centrales à cogénération, progresse régulièrement.

La méthanisation a le vent en poupe, en France. Il s’agit en effet d’une énergie au potentiel fort, à la fois renouvelable, rentable, stockable et pilotable : elle n’a, pour ainsi dire, que des avantages.

Les quinze propositions du groupe de travail « Méthanisation », mandaté par le gouvernement en 2018, ont d’ailleurs toutes été validées ; certaines sont déjà rentrées dans la loi, renforçant l’attractivité de cette technologie. Les installations se multiplient, notamment dans le secteur agricole, comme nous le révèle le Baromètre 2018 des énergies renouvelables électriques, publié en début d’année 2018 par l’Observatoire des EnR.

La filière biogaz française en plein essor, essentiellement pour l’injection dans les réseaux de gaz

L’injection de bio-méthane dans les réseaux de gaz naturel est, de très loin, la valorisation que privilégie l’Etat. La majeure partie des 15 mesures vise d’ailleurs à soutenir cette filière, qui s’est récemment structurée par la création d’une association interprofessionnelle, France Gaz renouvelable, à l’été 2018. Elle rassemble tous les acteurs, privés, publics et institutionnels, de la filière, et est devenu un interlocuteur de premier plan sur ces questions.

biogaz electrique france dynamisme - Les Smart Grids

L’association a de hautes ambitions pour le bio-méthane : elle estime qu’à l’horizon 2050 la France pourra produire 270 TWh de gaz vert par an, soit 100% des besoins du pays. Elle insiste aussi pour que le gouvernement soit nettement plus ambitieux avec cette filière : les acteurs du biogaz militent pour que la prochaine PPE fixe comme objectif à la France d’atteindre 30% de gaz vert dans les réseaux en 2030, au lieu des 10% actuellement prévus.

Le biogaz électrique : essentiellement pour les territoires sans gaz naturel

Pour autant, à l’ombre de l’injection, la valorisation du biogaz sous forme d’électricité progresse elle aussi. Cette sous-filière s’appuie sur des centrales à cogénération, qui brûlent le biogaz pour alimenter les réseaux de chaleur et produire, en faisant tourner des turbines grâce à la vapeur générée, de l’électricité.

Le gouvernement la recommande uniquement dans les territoires ne disposant pas d’un réseau de gaz naturel, ou ne disposant pas des moyens techniques d’injecter du biogaz dans le réseau de gaz naturel. Ce qui limite son impact, mais pas son dynamisme.

Les ISDND : produire du biogaz à partir des décharges

Il faut bien distinguer deux types de production de biogaz électrique en France. Le premier est issu des décharges : ces Installations de Stockage de Déchets Non Dangereux (ISDND) produisent du biogaz généré spontanément par la fermentation de déchets non triés, d’origine le plus souvent ménagère. Fin juin 2018, 153 installations de ce type fournissent de la chaleur et de l’électricité, pour une puissance totale de 268 MW, soit 61% de la puissance de biogaz électrique installé en France. Sur ce total, plus de 70 MW sont installés dans la seule Île-de-France, qui domine largement cette cogénération au niveau national.

biogaz electrique france dynamisme - Les Smart Grids

Aucune nouvelle ISDND produisant de l’électricité n’est à prévoir dans les années qui viennent, les politiques publiques souhaitant encourager à la fois la réduction des déchets et leur tri systématique avant leur recyclage ou leur valorisation.

La méthanisation au sens strict, produit elle aussi du biogaz électrique

Le second type de production de biogaz électrique provient de méthaniseurs au sens strict : il s’agit de sites qui valorisent exclusivement des déchets putrescibles, préalablement triés, en les mélangeant, dans une unité de stockage close, à des bactéries. Ces dernières accélèrent la fermentation de ces déchets, qui produit alors du biogaz (essentiellement du bio-méthane). Ces déchets sont issus essentiellement de quatre origines : ordures ménagères, sites industriels, stations d’épuration, déchets agricoles.

En 2017, il existait en France 16 unités de trimécanisation-biologique produisant du biogaz. Ces installations trient automatiquement les déchets ménagers entre part putrescible et part recyclable. Cette technologie n’a pas convaincu et devrait sans doute être interrompue. En revanche, un nombre croissant d’agglomérations organisent désormais un tri des ordures ménagères d’origine organique, pour les valoriser seules dans des méthaniseurs, le plus souvent pour une injection dans les réseaux de gaz naturel.

Industrie, stations d’épuration et, surtout, agriculture

Du coté de l’industrie, la France dispose de 202 installations traitant les effluents issus d’entreprises, majoritairement issues de l’agroalimentaire ou la chimie, pour générer du biogaz. Il sert essentiellement à produire la chaleur utilisées par ces sites industriels.

Par ailleurs 79 méthaniseurs valorisent les boues de stations d’épuration en vue de produire du biogaz en cogénération. La France veut, à terme, que toutes les stations d’épuration urbaines où c’est techniquement possible valorisent ainsi ces boues, mais, là encore, avant tout pour alimenter les réseaux de gaz.

Reste le secteur agricole. Les méthaniseurs s’y multiplient, assez logiquement : 90% du potentiel de production de biogaz français s’y trouve, essentiellement via la valorisation des lisiers et, dans une moindre mesure, des déchets agroalimentaires. Début 2018, l’Ademe comptait 382 unités de méthaniseurs agricoles produisant de l’électricité, pour une puissance totale de 103 MW.

biogaz electrique france dynamisme - Les Smart Grids

Une filière dynamique, qui couvre 0,5% de la consommation électrique de la France

Au total, la filière biogaz électrique française compte 588 sites de production, pour 447 MW de puissance installée fin septembre 2018, et une production électrique de 1 950 GWh, soit 0,5% de la consommation nationale (en 2017). Un chiffre en augmentation régulière depuis 2005.

biogaz electrique france dynamisme - Les Smart Grids

Sur ce total, les installations de méthanisation représentent 156 MW, et connaissent un vrai dynamisme, avec 60 nouvelles unités sur les 9 premiers mois de 2018, pour 13 MW supplémentaires. La PPE a fixé, pour ces méthaniseurs en cogénération, un objectif de 270 MW installés en 2023, et entre 340 et 410 MW.

Certes, cette sous-filière ne permettra jamais, à elle seule, de réussir une transition énergétique. Mais elle a un rôle à jouer, de complément, en valorisant le biogaz là où il ne peut être injecté dans les réseaux de gaz naturel. Son dynamisme et sa rentabilité lui assurent en tout cas un très bel avenir.

LAISSER UN COMMENTAIRE

Please enter your comment!
Please enter your name here

Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur comment les données de vos commentaires sont utilisées.