Le chef de l’Etat Emmanuel Macron a présenté, le 13 février 2019, quatre mesures pour encourager le développement de la mobilité électrique en France. Soutien financier à l’achat, densification du réseau de recharge, accélération sur le véhicule autonome et, surtout, création d’un consortium franco-allemand pour produire des batteries. Un prélude à cet « Airbus des batteries » dont l’Union Européenne a un besoin crucial.

Alors que la loi mobilité était en cours de finalisation, le président de la République a dévoilé un plan pour accélérer le développement de la mobilité électrique en France. Le 13 février 2019, Emmanuel Macron a présenté quatre mesures phares, s’inspirant de la « mission Mosquet-Pélata », confiée, en octobre 2018, à deux spécialistes du secteur, Xavier Mosquet, du Boston Consulting Group, et Patrick Pélata, ancien numéro deux de Renault.

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Objectif : 1 million de VE d’ici 2022

L’objectif global est en effet élevé : la France envisage d’atteindre le million de véhicules électriques rechargeables en 2022. Fin 2018, un peu plus de 200 000 circulaient. Il faut donc doper les immatriculations, à un rythme beaucoup plus soutenu qu’actuellement.

« Non pas que la France soit mal placée. Mais, même forte, la croissance actuelle des ventes ne va pas suffire. Il faut doubler de rythme pour atteindre + 50 % si nous voulons être au niveau des régions les plus avancées : la Californie, la Norvège, les grandes villes chinoises » expose Xavier Mosquet.

Sécuriser les aides publiques et renforcer les aides d’usage

La première mesure proposée par Emmanuel Macron veut justement inciter les Français à s’équiper. Pour ce faire, le président souhaite sécuriser les acheteurs potentiels en donnant une visibilité du bonus écologique à horizon 2022.

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Mais les aides financières, indispensables, ne sont pas suffisantes selon la mission commandée par l’exécutif : « L’Etat devra aussi accorder aux utilisateurs de véhicules électriques des bénéfices non financiers liés à l’usage, tels que voies réservées, parkings spécifiques et gratuits. Ces avantages sont aussi importants que les incitations financières pour convaincre les indécis » précise ainsi Xavier Mosquet.

Densifier et rationaliser le réseau de bornes de recharge

Seconde mesure défendue par le gouvernement : densifier et optimiser le réseau de bornes de recharge. La France dispose actuellement de 25 000 bornes publiques, mais une partie non négligeable est actuellement sous-utilisée, suite à un défaut de localisation. En conséquence, l’exécutif confirme l’objectif des 100 000 bornes pour 2022, mais avec un travail plus précis sur leurs emplacements, afin de les faire correspondre aux besoins de usagers.

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Le président veut compléter cet effort sur la recharge publique de propositions facilitant la recharge privée, en maison privée, dans les copropriétés ou en entreprises.

Troisième mesure : donner un vrai coup de fouet au véhicule autonome. Emmanuel Macron fixe l’objectif de 2021 pour la mise en place de services de transport autonome en « taille réelle ». Pour ce faire, la France devra rapidement augmenter l’ambition de ses expérimentations, trop limitées pour l’instant.

Vers le très attendu « Airbus des batteries » ?

Mais la mesure phare de ce plan sur la mobilité électrique, celle qui annonce une vraie nouveauté et non un renforcement de plans déjà établis, c’est bien la volonté d’enclencher le très attendu « Airbus des batteries », en développant (enfin) une filière européenne de la batterie de véhicules électriques.

L’Europe demeure un pôle industriel de premier plan pour l’automobile, mais ne dispose d’aucun constructeur de batteries d’envergure, l’obligeant à se fournir majoritairement en Asie, et surtout en Chine. Une situation qui fragilise un tissu industriel, avec les emplois qui vont avec. Car, comme le rappelle Emmanuel Macron, « la batterie représente, à elle seule, 30 % de la valeur d’un véhicule 100 % électrique ».

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Un consortium franco-allemand doté de 1,82 milliards d’euros

La première pierre de cette filière sera un consortium franco-allemand, financé à hauteur de 700 millions d’euros par la France et de 1,12 milliards d’euros par l’Allemagne, pour un total de 1,82 milliards d’euros. Ce « chantier prioritaire du gouvernement » sera labellisé « projet important d’intérêt commun européen » : ce statut permet de dépasser les seuils européens de financements publics – et donc la mise en place d’un projet industriel construit sur des fonds à 100% étatiques.

Reste que le temps presse, car l’avance industrielle asiatique, en particulier chinoise, ne se rattrapera pas en un claquement de doigt. L’ambition et le cadre de départ sont encourageants, mais ils doivent être suivi d’actions promptes et volontaristes – pour éviter que cette belle ambition ne se transforme en un cimetière des éléphants. Les prochains mois seront déterminants, ainsi que les futurs partenariats avec d’autres pays ou des industriels automobiles de premier plan.

Saisir les opportunités

Dès le 15 février 2019, la région Bourgogne-Franche Compté s’est portée candidate pour accueillir une usine de batteries, profitant de la double proximité avec l’Allemagne et les usines du groupe PSA, à Sochaux. Un terrain appartenant au constructeur pourrait même être mis à disposition du consortium franco-allemand.

Une main tendue que le gouvernement devrait saisir, afin de mettre en branle, le plus rapidement possible, cette nécessaire filière européenne des batteries.

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