La montée des énergies renouvelables pose la question du stockage d’énergie. Quand les experts du monde entier travaillent au développement de nouvelles technologies de stockage, la réponse pourrait venir d’une technique vieille de deux siècles.
Durant les dix dernières années, l’énergie éolienne s’est considérablement développée à travers le monde, notamment en Espagne. Dans ce pays, elle est passée de 6 % de la production énergétique nationale en 2004 à environ 20 % aujourd’hui. Si cette progression a dynamisé le secteur des énergies propres, elle s’est également accompagnée d’un besoin important de savoir gérer avec efficacité l’intermittence des énergies renouvelables. Le défi est en effet de s’assurer que le courant électrique soit disponible à n’importe quel moment et pas seulement au moment où le vent souffle dans le cas des centrales éoliennes.
En Espagne, pour parvenir à gérer au mieux cette offre accrue en énergie éolienne, les centrales ne se sont pas tournées vers les nouvelles technologies et ce que le 21ème siècle a à offrir en termes de batteries mais plutôt vers une technologie qui a su faire ses preuve depuis le 19ème siècle, à savoir le pompage-turbinage.
Les centrales de pompage-turbinage fonctionnent en deux temps. La phase de pompage où des moteurs alimentés en électricité vont actionner des turbines-pompes pour faire passer de l’eau contenue dans des réservoirs situés au niveau inférieur de la centrale vers des réservoirs placés au niveau supérieur. La phase de turbinage qui consiste à faire descendre de l’eau du niveau supérieur vers le niveau inférieur, ce mouvement actionnant alors des turbines qui vont produire de l’électricité.
Lorsque l’électricité est excédentaire, après une nuit où il a particulièrement venté par exemple, le pompage-turbinage permet de pomper l’eau dans des réservoirs créés par des barrages d’accumulation en basse altitude vers des réservoirs localisés en haute altitude. Et en cas de pic de consommation électrique, le barrage d’accumulation en haute altitude peut libérer l’eau pour activer les turbines hydroélectriques.
292 centrales de pompage-turbinage dans le monde
C’est exactement ce qu’a entrepris la société espagnole Iberdrola avec sa centrale « Cortes-La Muela hydroelectric », achevée en 2013. L’entreprise a utilisé le surplus d’électricité pour pomper l’eau de la Rivière Jucar afin de la déplacer vers un réservoir de taille très importante situé juste au dessus de la rivière, pour ensuite la libérer et générer de l’électricité.
Cette centrale d’une capacité énergétique de 1 762 mégawatts est la plus grande d’Europe et fait partie d’un complexe capable de fournir en énergie près de 500 000 foyers chaque année.
Alors qu’aujourd’hui, on parle beaucoup de batteries et de nouvelles technologies de stockage d’énergie, 98 % des capacités mondiales de stockage énergétique proviennent de centrales de pompage-turbinage. Actuellement, le monde compte 292 centrales dédiées à cette activité avec une capacité totale de 142 gigawatts. 46 projets, pour une capacité de 34 gigawatts, seraient en cours de développement, d’après le département énergétique du Global Energy Storage Database.
