En France métropolitaine, l’électricité produite par la biomasse solide continue de progresser, soutenue notamment par le gouvernement, mais elle demeure une énergie d’appoint. Outre-mer, en revanche, dans les ZNI, elle est une composante centrale de la future autonomie énergétique renouvelable que visent la majorité des territoires.

Nous avons évoqué, dans la première partie de notre étude, la part encore réduite de la biomasse solide dans la production d’électricité en France métropolitaine. En nous appuyant sur les chiffres du dernier Baromètre des énergies renouvelables de l’Oberv’ER, nous avons vu que cette électricité, toujours issue de la cogénération, semblait trouver un second souffle, soutenue par le gouvernement et forte de nouvelles technologies innovantes. La nouvelle PPE se montre d’ailleurs assez ambitieuse pour cette énergie à l’horizon 2023.

ZNI de France : un objectif d’autonomie énergétique renouvelable en 2030

Pour autant, en métropole, l’électricité issue de la biomasse ne sera jamais autre chose qu’une énergie d’appoint, permettant de renforcer la flexibilité locale du réseau électrique, mais sans jouer les premiers rôles. Mais, dans une majorité des Zone non-interconnectées (ZNI) d’Outre-Mer, la biomasse est le pilier de l’ambitieuse transition énergétique en cours.

En effet, à part la Corse et Wallis-et-Futuna, toutes les ZNI de France ont pour objectif, selon la Loi de Transition Energétique pour la Croissance verte de 2015, d’atteindre 50% d’énergies renouvelables (EnR) dans le mix électrique en 2020, et l’autonomie énergétique dès 2030. Or, le mix électrique moyen des ZNI est actuellement de 66% d’énergies fossiles – un chiffre qui atteignait, en 2017, 90% en Martinique et à Mayotte.

La biomasse solide, un atout pour l’électricité d’Outre-Mer, riche en ressources combustibles

La bonne nouvelle, en revanche, est que la consommation électrique de ces territoires peu peuplés est globalement faible, et que peu de puissance installée peut suffire à faire basculer le mix énergétique dans le bon sens. Et, en la matière, la biomasse solide a de solides arguments à faire valoir, notamment pour les territoires situés dans les zones tropicales. C’est particulièrement le cas pour les régions pourvues de cultures forestières produisant du bois de manière durable, dont les déchets peuvent être valorisés dans une centrale à biomasse, ou de cultures agricoles produisant de nombreux déchets comme la canne à sucre.

Les résidus de canne à sucre résultant de son utilisation industrielle, nommés la bagasse, sont notamment un excellent combustible pour une centrale électrique thermique. Elle peut même remplacer assez simplement le fioul ou le charbon dans une centrale existante, moyennant des travaux d’aménagement au coût réduit.

Guyane : une nouvelle centrale à biomasse locale

Et, la construction de centrales biomasse dans les ZNI de France connait une franche accélération ces dernières années. En Guyane, le groupe Voltalia a démarré en 2018 la construction d’une centrale biomasse, sur la commune de Roura. D’une puissance de 5,1 MWe, cette centrale de Cacao produira de l’électricité à partir de déchets de bois en provenance d’exploitations forestières ou de scieries à proximité.

biomasse solide france 2 2 outre mer - Les Smart Grids

Déjà équipée d’une centrale de même type, d’une puissance de 1,7 MWe, la Guyane devrait continuer de construire de tels équipements. La dernière PPE a en effet fait de la biomasse le principal levier pour que le département atteigne les 85% d’EnR dans sa production d’électricité en 2023.

Martinique : Galion 2, l’aube d’un nouveau rapport à l’électricité

Plus au nord, en Martinique, à Trinité, en septembre 2018, le groupe Albioma a inauguré une centrale Galion 2. D’une puissance de 40 MW, cet équipement brûlant un mélange de bagasse et de biomasse-bois fournit déjà 15% de la consommation totale de l’île. Cette centrale porte ainsi la part des EnR dans le mix martiniquais à 22% (contre 7% en 2016).

biomasse solide france 2 2 outre mer - Les Smart Grids

« La bagasse ne peut cependant assurer que 5 % des besoins. La chaudière est donc alimentée en complément par de la biomasse locale ou importée. La biomasse locale peut soit provenir de déchets (palettes, déchets verts…), soit être issue de cultures sans conflit d’usages (cultures énergétiques, valorisation des haies existantes et plantées nécessaires à l’élevage…), soit être d’origine forestière dans une logique d’exploitation durable des forêts. La biomasse importée vient d’Amérique du Nord, avec une attention portée à deux critères : une gestion durable des forêts concernées (fournisseurs certifiés) et un taux d’émission de CO2 évité de l’ordre de 85 % par rapport au charbon en intégrant le transport » expose Frédéric Moyne, directeur général d’Albioma.

40% de ressources locales, 60% d’importées : un modèle pour la Martinique, la Guadeloupe, la Réunion…

Des filières d’approvisionnement locales vont être mises en place pour couvrir les besoins de la centrales en biomasse bois. L’objectif est d’atteindre les 40% de ressources locales contre 60% de biomasse importée pour la centrale Galion 2. Avant 2017, la production d’électricité martiniquaise provenait à 90% d’importation.

D’autres centrales de ce type sont par ailleurs en projet dans d’autres ZNI. La conversion de centrales thermiques conventionnelles, au fioul ou au charbon, vers la bagasse et la biomasse est par ailleurs en cours. Ainsi, à l’horizon 2023, les centrales du Moule (64 MW), en Guadeloupe, et de Bois-Rouge (108  MW) et du Gol (122  MW), sur l’île de la Réunion, devraient devenir 100% renouvelables. Elles fonctionneraient sur le même principe que Galion 2, avec 40% de bagasse et de biomasse locales, et 60% de ressources importées. Cela permettrait à la fois de verdir le mix de ces îles tout en sécurisant le réseau, autorisant une part plus élevées d’autres EnR, comme l’éolien ou le photovoltaïque.

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