Le projet Flexmob’île vient d’entrer dans sa phase d’expérimentation. Situé à Belle-île-en-Mer, il allie véhicules électriques en autopartage, charge intelligente et solutions de stockage stationnaire. Ce smart grid à l’échelle insulaire va tester de nouvelles solutions de flexibilité, afin de faire de la mobilité électrique un atout pour les réseaux, et mieux intégrer l’électricité issue des panneaux photovoltaïques de l’île. Découverte.

Le projet a démarré au début du mois de mai 2019, pour une durée de deux ans, à Belle-île-en-Mer. Baptisé Flexmob’île, son but est de « réduire l’empreinte carbone et favoriser l’indépendance énergétique de l’île », via un « écosystème électrique intelligent », comme l’exposent les porteurs du projet.

Flexmob’île fédère la communauté de communes de Belle-île-en-Mer, le syndicat Morbihan Energie, Les Cars bleus, Enedis et Renault. Le but est d’améliorer l’intégration de l’électricité issue de renouvelables intermittents (ici des panneaux photovoltaïques) tout en préparant l’électrification de la mobilité au niveau de l’île.

belle ile stockage ve charge intelligente - Les Smart Grids

Flexibilité pour territoire insulaire

Belle-île-en-Mer, contrairement à d’autres îles bretonnes, est reliée au réseau électrique national, via un câble électrique sous-marin. Mais cet approvisionnement est particulièrement coûteux : le territoire vise, à terme, une autonomie énergétique renouvelable, en développant notamment le photovoltaïque et l’éolien. Les besoins en électricité des 6 000 habitants de l’île peuvent être couverts avec des installations relativement modestes, mais le grand enjeu, comme pour tous les territoires insulaires, est de répondre à l’intermittence du photovoltaïque et de l’éolien.

Flexmob’îles va tester grandeur nature des solutions de flexibilité qui vont permettre d’optimiser l’utilisation de la production électrique renouvelable. Le projet s’appuie essentiellement sur une flotte de véhicules électrique en autopartage, mise à la disposition des habitants et des touristes, et sur des bornes de recharge intelligentes. Il s’inscrit dans la continuité du « Smart Fossil Free Island », initié par Renault dans l’île de Porto Santo, au Portugal, dans l’archipel de Madère. Le principe : recharger les VE grâce à l’électricité produite en surplus par les panneaux photovoltaïques installés en toiture des équipements public.

Des VE en autopartage, à disposition des habitants

« Notre objectif reste le même que lors du déploiement de Porto Santo : concevoir des solutions globales, avec des technologies déjà bien éprouvées et d’autres qui sont plus nouvelles, pour répondre à des besoins locaux », expose Gilles Normand, directeur du véhicule électrique pour le Groupe Renault.

Dans le détail, dix bornes de recharge intelligentes ont été déployées, en avril 2019, à proximité des principaux points d’intérêt de l’île. Sept Renault Zoé et un Kango ZE sont proposés, depuis le 2 mai 2019, en autopartage ou location à la demande. Ils sont disponibles en libre-service, branchés sur les bornes de recharge. Pour l’instant, les particuliers intéressés doivent s’inscrire en mairie pour participer à la phase de test. Le but est que, dès cet été, l’autopartage fonctionne en autonomie, grâce à une application mobile.

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« Déclencher la recharge quand le bâtiment produit plus d’énergie qu’il n’en consomme »

Mais le cœur de ce projet, d’un point de vue d’optimisation énergétique, ce sont les bornes de recharge intelligentes. Elles seront pilotées de façon à privilégier la recharge quand l’électricité locale (celle des panneaux photovoltaïques) est produite en surplus : « Grâce au système de recharge intelligente, nous pourrons déclencher la recharge des voitures électriques quand le bâtiment produit plus d’énergie qu’il n’en consomme. Par exemple, les panneaux solaires installés sur le toit de l’école chauffent et éclairent les salles de classe en semaine. Mais l’énergie produite le week-end ou pendant les vacances scolaires sera utilisée pour charger les voitures » détaille Gilles Normand.

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Pour compléter le dispositif, le groupe Renault a fourni des batteries de seconde main de VE afin de créer une unité de stockage stationnaire pour le principal club de vacances de l’île – gros consommateurs d’électricité, notamment en été et la nuit, quand la production photovoltaïque est nulle. Cette unité de stockage va permettre d’alimenter le club avec l’électricité produite le jour, notamment pour le chauffage électrique des bungalows.

Des batteries de seconde vie converties en unités de stockage

En cas de succès, d’autres unités de ce type seront déployées dans les points névralgiques de l’île. L’ensemble du dispositif permettra d’installer davantage de panneaux photovoltaïques sur l’île, et ainsi verdir son mix électrique.

Cela explique l’enthousiasme des élus locaux. Ils ont immédiatement soutenu ce projet, qui met Belle-île sur la voie de la transition énergétique : « Lorsque Jo Brohan, le président de Morbihan Énergies, m’a présenté le projet, il m’est apparu comme une évidence que nous devions ensemble, au côté du groupe, être au cœur de l’innovation pour la construction d’un nouvel écosystème de la mobilité durable » expose Frédéric Le Gars, président de la communauté de communes de Belle-Ile-en-Mer.

Au-delà, les enseignements accumulés par Flexmob’île serviront de base à d’autres projets similaires, pour des territoires insulaires ou non : « Les optimisations mises en place à Belle-Île-en-Mer sont réplicables sur d’autres îles, mais aussi à l’échelle de villes ou de quartiers », conclue Gilles Normand.

 

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