Le ministère de la transition écologique a présenté les objectifs et le cahier des charges des appels d’offre pour le photovoltaïque en 2020 ; alors que les projets se multiplient, souvent associés à du stockage, sont-ils à la hauteur de l’ambition française ?
Deux inaugurations récentes montrent bien le changement de paradigme des projets photovoltaïques en France, qui deviennent plus ambitieux, plus systématiquement associés à une unité de stockage et une plateforme de pilotage intelligent, et qui investissent de plus en plus des friches.
Le plus grand projet photovoltaïque avec stockage de Corse arrive à son terme
En cela, la troisième tranche (sur quatre) du plus grand projet photovoltaïque de Corse avec stockage, dans l’arrière-pays de Borgo, est emblématique des nouvelles centrales solaires françaises en cette fin d’année 2019.
Inaugurée le 8 octobre, cette centrale de Giuncaggio se compose de 25 000 m2 de panneaux photovoltaïques, pour une puissance totale de 5 MWc. Construite par le spécialiste du solaire Corsica Sole, elle produira chaque année 7 000 MWh d’électricité, de quoi couvrir la consommation de 1 500 foyers. Elle dispose surtout d’une unité de stockage par batterie de 7,5 MWh.
« Produire l’électricité aux heures creuses puis l’injecter aux heures de pointe »
Ce projet de 5 ans a été réalisé grâce à des investissements 100% privés, pour un total de 20 millions d’euros, et l’électricité produite sera vendue pendant 25 ans à EDF avant que la centrale devienne propriété de la commune. Le parc photovoltaïque a été installé sur le site d’une ancienne carrière, dans la droite ligne de la volonté gouvernementale de dégager du foncier pour le solaire en valorisant des friches.
La quatrième centrale photovoltaïque de ce groupe devrait être inaugurée à la fin de l’année. Au total, ce programme offrira à l’Île de Beauté 13 MWc de puissance photovoltaïque supplémentaire, et, surtout, une capacité de stockage de 20 MWh, permettant de répondre à l’intermittence de l’énergie solaire : associée à une plateforme de pilotage intelligent, elle permet « de produire l’électricité aux heures creuses puis de la stocker et de l’injecter aux heures de pointe, là où elle est la plus chère », précise Corsica Sole.
Avec 152 MWc de puissance installée, la Corse est, logiquement vu la puissance de son ensoleillement, la région de France ayant développé le plus largement, comparativement à sa population, l’énergie photovoltaïque : elle couvre 8,8% de la consommation électrique de l’île (contre 2,4% au niveau national).
Crozon : un smart grid associant éolien et photovoltaïque
Même type de projet, mais à taille réduite, quoique plus complet et technologiquement ambitieux, et plus au Nord et à l’Ouest, sur la presqu’île de Crozon : le 7 octobre 2019, la Communauté de communes Presqu’île de Crozon Aulne maritime (CCPCAM) a inauguré son réseau électrique intelligent, associant deux sources renouvelables et du stockage.
Le projet se compose ainsi : la centrale photovoltaïque a une puissance réduite, 60 kWc installé sur le toit du garage-atelier de la communauté de commune, l’éolienne qui lui est associée est également un tout petit modèle, avec une puissance de 30,5 kWc, ainsi que la batterie, dont la puissance est de 134 kWh.
Expertise française sur le stockage et les smart grids
Un système de pilotage intelligent permettra d’optimiser en temps réel l’utilisation de deux sources d’électricité complémentaire et de la batterie. La surproduction sera revendu à Enedis et distribuée sur le réseau public.
« La production de ce mix énergétique couvrira environ 70 % des besoins électriques annuels de la comcom. Soit une économie de 250 000 € sur 20 ans et six tonnes par an d’émission de CO2 évitées ! », expose Mirija Rabarijoelina, chef de projets chez Solvéo énergie, la société toulousaine maître d’oeuvre de ce smart grid.
Ces deux inaugurations prouvent l’expertise française dans le déploiement de projets photovoltaïques avec stockage, associés à un smart grids pour assurer une flexibilité maximale, et répondre à l’intermittence du solaire.
Une PPE photovoltaïque enfin ambitieuse
La France a en effet décidé d’accélérer enfin sur le photovoltaïque, et la dernière PPE est vraiment ambitieuse : l’objectif est de passer de 9,1 GW installés actuellement ç entre 35,6 et 44,5 GW en 2028. Soit, sur dix ans, entre 2,1 GW et 2,5 GW supplémentaires par an. En sachant que le pays peinait jusqu’ici à dépasser 1 GW annuel, le changement d’échelle est conséquent, et salutaire.
Reste, bien entendu, à mettre les actes gouvernementaux au diapason de cette ambition. Premier étage de la fusée : libérer du foncier. Une entreprise en bonne voie, comme nous l’avons vu le mois dernier.
Les appels d’offre 2020 dévoilés
Second étage : assurer un haut niveau d’appels d’offre, à des conditions attractives pour les énergéticiens. En la matière, les deux prochaines périodes d’appel d’offre pour 2020 ont été dévoilées par le ministre le 30 août 2019, et incitent à un optimisme raisonnable.
« Pour les projets de solaire photovoltaïque au sol, une nouvelle période d’appel d’offres sera ouverte en janvier 2020 pour une puissance appelée de 850 MW et une seconde en juin 2020 pour 1 GW », détaille le Gouvernement dans un communiqué de presse. « Une nouvelle période de l’appel d’offres pour les projets de solaire photovoltaïque sur bâtiment aura lieu en février 2020 pour 300 MW, après une période déjà prévue de 300 MW en octobre 2019 » complète le ministère.
Une rentabilité élevée en vue
Le cahier des charge a été revu. Parmi les nouveautés, figure la nécessité, pour le fournisseur, de fournir une attestation d’un fournisseur de modules photovoltaïques, indiquant qu’il dispose ou disposera des modules conformes aux informations déclarées pour le bilan carbone et ce dans un délai compatible avec le calendrier de réalisation. Les exigences de compétitivité des offres ont également été relevées.
Les prix plafonds et planchers ont été réduits, mais les bilans carbone plafond et plancher sont restés identiques à la précédent période. Enfin, petit coup de pouce au énergéticien : en cas de prime à l’énergie mensuelle négative, le producteur ne sera plus redevables de cette somme au gouvernement. De quoi assurer une rentabilité économique plus élevé aux projets.
Manque de visibilité à moyen terme
Le Syndicat des Energies Renouvelables (SER) a salué cet appel d’offre et ces évolutions réglementaires, mais a regretté que le gouvernement n’ai pas publié un calendrier au-delà de juin 2020 pour les projets au sol. Impossible de savoir, pour l’heure, si le total des appels d’offre pour 2020 atteindra les 2,5 GW nécessaires à la réalisation des ambitions françaises.
Plus généralement, les membres de la filière apprécieraient de savoir, longtemps en amont, quels seront les puissances proposées à appel d’offre, pour moduler leur stratégie et leur développement industriel à ces réalités.
Produire en photovoltaïque l’ énergie totale dont les fraçais ont besoin annuellement (1800 Twh ) nécessite une puissance de 1,6 Milliard de Kwc (Facteur de charge :13 %) soit 1 ,2 Millions d’Ha de panneaux.
Le budget sera de 1 600 Milliards d’€ (pour un Kwc installé en ordre de marche à 1 000 €.), budget auquel il faudra rajouter le cout du stockage qui reste à déterminer.
Cela représente 100 EPR à 16 Mds d’ € l’ unité
Tenant compté aussi que la duré d’ exploitation d’ un parc PV est de 20 ans contre 60 pour un parc nucléaire, la différence de cout entre le PV et le nucléaire au profit de l’ atome est abyssale
Avec les EnR , les anti-nucléaires font valser les chiffres, tourner les têtes et fondre nos finances