La métropole d’Angers accélère sur la ville intelligente. Territoire d’expérimentation de l’IoT depuis sa labellisation French Tech en 2015, Angers veut déployer des solutions connectées sur l’ensemble de la métropole. Une ambition à long terme, puisque 120 millions d’euros seront investis sur deux ans, d’abord dans les infrastructures, puis dans les usages. Avec l’objectif avoué de devenir le territoire le plus intelligent de France.
Parmi les métropoles françaises de moins de 500 000 habitants, la championne de la smart city semblait devoir être Dijon. Son ambitieux plan « Ville intelligente », lancé en 2017 par son maire socialiste François Rebsabem, la positionne en précurseur et leader. L’ambition dijonnaise de devenir la ville la plus intelligente de France semblait tout à fait réaliste.
Angers, au cœur de l’IoT et de la smart city
Mais un concurrent est en train de se lever à l’Ouest. Angers et Dijon sont deux villes qui se ressemblent. Elles sont toutes les deux peuplées de 150 000 habitants, à la tête d’une métropole de 300 000 habitants pour Angers, de 250 000 pour Dijon. Elles affichent toutes les deux un fort dynamisme économique et démographique, et s’appuient largement sur les nouvelles technologies pour doper leur attractivité.
Angers a pour elle une population plus jeune et plus nombreuse ; Dijon profite de rayonner comme la plus grande métropole de sa région, là où Angers souffre de la proximité de Nantes et de Rennes.
Depuis 2014 et l’élection de Christophe Béchu (Les Républicains) comme maire et président de la communauté urbaine d’Angers, la ville a décidé de se lancer tout azimut dans les nouvelles technologies, les objets connectés et la smart city. Symbole de cette ambition : en juin 2015 la ville obtient le label French Tech, et inaugure, en présence du président François Hollande, la Cité de l’objet connecté, une plateforme d’innovation industrielle dédiée à l’IoT.
Faire d’Angers un laboratoire des objets connectés
L’objectif était de faire de la ville un laboratoire de la smart city, en offrant aux start-up et aux grands groupes l’occasion d’y tester leurs innovations, tout en attirant les étudiants dans les grandes écoles de la ville, qui ont ouvert des chaires dans l’IoT. La ville « avait déjà un terreau favorable, avec de grands groupes d’électronique présents sur [son] territoire », précise Constance Nebbula, conseillère municipale déléguée à l’économie numérique et à l’innovation.
Mais, pour fédérer les différents acteurs de cette transformation numérique, la métropole a mis en place une structure ad hoc, baptisée Pavic. Un acronyme aux multiples significations : « Plateforme d’Aménagement de la Ville Intelligente et Connectée » à sa création en 2015, mais depuis devenu « Programme Accélérateur de la Ville Intelligente et Citoyenne ». L’association regroupe les collectivités locales, des grandes écoles d’ingénieur en électroniques, des entrepreneurs locaux (notamment des start-up) et des grands groupes industriels.
Fédérer les acteurs locaux et nationaux pour lancer des expérimentations
Le Pavic a pour but d’accompagner les porteurs de projet IoT dans la métropole, et leur apporter un soutien logistique et un accès au réseau de ses adhérents. Parmi ces derniers, on retrouve notamment Vinci Cegelec, Engie, Lacroix City, Veolia, Enedis, Suez, Bouygues Énergie service, mais aussi le CHU d’Angers, l’École supérieure d’électronique de l’Ouest (ESEO) ou l’antenne angevine de l’École d’Ingénieurs en Informatique et prévention des risques (ESAIP).
Rapidement, une quinzaine d’expérimentations démarrent sur le territoire de la métropole. Parmi eux figurent notamment un projet d’éclairage public intelligent, ou de bancs connectés. La ville a également recours à l’agrégation de ses données pour mieux connaître le profil des touristes qui viennent découvrir Angers et sa région – et ainsi adapter la politique municipale à cette réalité économique.
Preuve de l’importance que prend Angers dans l’IoT, au niveau mondial, la ville a accueilli l’édition 2017 du Word Electronics Forum, un rendez-vous incontournable des professionnels de l’électronique high-tech. Symboliquement, c’était la première fois que cette rencontre avait lieu en dehors d’une grande capitale mondiale.
Un autre symbole : en janvier 2018 Christophe Béchu était présent, à la tête d’une délégation de la French Tech Angers, au CES de Las Vegas, la grand-messe de l’électronique grand public.
Après les expérimentations, place au déploiement de la smart city à l’échelle de la métropole
Mais la fin de l’année 2018 a vu Angers changer résolument de braquet et s’engager dans un projet smart city à l’échelle du territoire de la métropole. Un projet vécu comme une prolongation des expérimentations lancées depuis 2015, et qui s’appuiera, bien entendu, sur les retours de ces tests. « Un territoire peut être qualifié d’intelligent quand les investissements amènent à une qualité de vie élevée, avec une gestion avisée des ressources » a ainsi déclaré Christophe Béchu durant la réunion de présentation de ce projet.
Le but avoué d’Angers est de cibler les solutions intelligentes qui offrent soit des économies soit une amélioration sensible de la vie quotidienne des habitants. La métropole veut éviter de se lancer dans des projets pharaoniques à la rentabilité aléatoire. Pour autant, l’enveloppe budgétaire allouée à ce projet de smart city est conséquent : les investissements sont évalués à 120 millions d’euros sur les 12 prochaines années.
« Répondre aux défis environnementaux, économiques et démographiques du territoire angevin »
Les collectivités locales vont, bien évidemment, s’appuyer sur le Pavic pour réussir cette mue numérique. L’association leur permettra de choisir les bons projets et les bons partenaires, pour une efficience maximale. Le choix des projets à prioriser se fera dans le courant de 2019, mais il est déjà acquis que la ville démarrera par de gros travaux d’infrastructure, pour développer une plateforme de pilotage centralisée, et truffer la ville de capteurs et d’outils de pilotage. L’éclairage intelligent devrait être un des premiers chantiers.
« L’ambition de ce projet de territoire intelligent est bien entendu de répondre aux défis environnementaux, économiques et démographiques du territoire angevin. Surtout, nous voulons adopter une approche globale, au niveau d’Angers Loire Métropole, pour mobiliser efficacement toutes les infrastructures pour qu’elles soient efficientes et fédérer ce qui se fait de meilleur chez nous», a déclaré Constance Nebbula.
Au final, Christophe Béchu veut faire d’Angers le premier territoire intelligent de France. Les ambitions sont hautes. Le coup d’envoi vient d’être donné. Reste à connaître le détail des projets, et suivre, de très près, leurs réalisations.