Second volet de notre étude sur le Vietnam, consacré au plan Smart Cities, un projet qui vise à développer des solutions de villes intelligentes au Vietnam, tout particulièrement à Hanoï. L’objectif est d’améliorer la vie urbaine, trop souvent anarchique et polluée par des infrastructures vétustes.

Nous avons vu, la semaine dernière, comment le Vietnam avait décidé de renouveler son réseau électrique à l’aide de solutions smart grids. L’objectif du gouvernement est de faire face aux défis d’un pays en pleine croissance démographique et économique : sécuriser l’approvisionnement électrique, fiabiliser le réseau, intégrer les énergies renouvelables, réduire les émissions de gaz à effets de serre.

Appliquer les nouvelles technologies aux défis des villes vietnamiennes

Parallèlement à ce plan « Smart Grid », le pays a mis sur place un plan « Smart Cities », qui vise à intégrer des solutions issues des nouvelles technologies pour répondre à la vétusté et aux limites des infrastructures urbaines. Le plan est programmé jusqu’en 2030, et Hanoï, la capitale, concentrera les actions, pour être à la fois la figure de proue et le laboratoire des solutions mises en place par le pays.

Bien évidemment les nouvelles infrastructures électriques auront une part prépondérante dans la réussite de ce plan, comme squelette des projets de villes intelligentes : sans un solide réseau électrique intelligent, une smart city est comme un pantin sans fil – inutile.

Mais les défis à relever dépassent largement la questions de l’approvisionnement en énergie : nous avons vu que la gestion des eaux pluviales et usées était catastrophique au Vietnam, mais une croissance urbaine effréné et, jusqu’à un passé très récent, sans planification ont généré d’autres maux.

Un réseau électrique solide et intelligent est le squelette de toute Smart City

La circulation et le stationnement sont anarchiques, provoquant pollution, bouchons, accidents. Les logements sont construits sans planification, et dominés par des bâtiments luxueux inabordables pour la majorité de la population et des constructions précaires menaçant de s’effondrer à chaque second. La prise en compte de la nature et de l’écologie, dans les actes et les conscience, est souvent proche du néant. La sécurité des personnes, dans de trop nombreux quartiers, n’est pas assurée.

Bien entendu, la première étape consiste à s’assurer de ne pas commettre à nouveau les erreurs du passé, et s’appliquer à développer des nouveaux quartiers pensés pour être durables et intégrés dans une vie urbaine. Mais d’indispensables travaux sont à mener sur les infrastructures existantes.

Le Vietnam : des atouts dans les nouvelles technologies

En matière de nouvelles technologies, le Vietnam a des atouts à faire valoir : son ouverture à ces technologies est récente, mais elle porte ses fruits, aidant à la modernisation du pays. Les nouvelles technologies sont aujourd’hui utilisées avec succès, entre autre, par les douanes, l’éducation nationale, les systèmes de santé ou de gestion de la circulation.

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En 2015 le Vietnam figurait dans le top 10 de la zone Asie-Pacifique pour la conception de logiciel et dans le top 30 mondial. Aujourd’hui 60% des moins de 35 ans sont familiarisés avec les nouvelles technologies et 52% ont accès à Internet, des chiffres en constante augmentation, sur lesquels les autorités peuvent s’appuyer pour mettre en place leurs projets de villes intelligentes.

Hanoï va rendre intelligents ses nouveaux quartiers hitech

Hanoï est la capitale du Vietnam, et sa deuxième ville par la population, et devrait devenir sa première ville intelligente. Des projets de nouveaux quartiers vont, à coup sûr, réaliser cette ambition. Le premier est Hoà Lac, un centre urbain en périphérie de la capitale, à une trentaine de kilomètres, qui concentre un parc dédié aux nouvelles technologies, l’Université nationale de Hanoï, et une zone industrielle accueillant des grands groupes spécialisés dans le numérique.

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Plus ambitieux encore, le centre urbain Nhât Tân – Nôi Bài vient d’obtenir les 4 milliards de dollars nécessaire à sa construction, par un partenariat avec le Japon, via les groupes BRG et Sumitomo. Ce nouveau quartier comprendra une cité centrale et des cités satellitaires, conçues pour fonctionner ensemble, dotées des dernières technologies des smart city, et où rayonneront un centre culturel, un quartier d’affaire avec une tour de 108 étages, un centre commercial et un centre d’exposition et de festival.

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Pour le reste de la ville, des points d’interrogation et un concours de projets

Mais les chantiers touchant les parties déjà existantes de la ville sont autrement plus problématiques. Hanoï a fixé des domaines à privilégier pour la mise en place de solution smart city. Les transports vont être révolutionné par un réseau de chemin de fer urbain dernier cri, dont les travaux ont déjà commencé.

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Les autres chevaux de bataille sont l’énergie, l’environnement, la santé et l’éducation. Sur ce dernier point, des projets de partenariat avec le secteur privé permettraient de développer des environnements numériques dans les écoles de Hanoï. Mais, en dehors de la modernisation déjà évoquée du réseau électrique, aucun projet concret n’a encore émergé.

Un concours vient d’ailleurs d’être lancé par The Asian Development Bank pour soutenir, voire créer, 20 start-up qui proposeront des projets smart city applicables à la réalité vietnamienne. Nommé Global Smart City Innovation Challenge, il vise à associer des entrepreneurs vietnamiens innovants à des acteurs internationaux du secteur privé, notamment de Singapour ou d’Australie.

«On ne parviendra jamais à transformer Hanoï en ville intelligente de manière intégrale »

Car les défis à relever, pour une ville comme Hanoï, sont considérables : «On ne parviendra jamais à transformer Hanoï en ville intelligente de manière intégrale. En effet, l’installation des nouvelles technologies ne sera possible que dans certains quartiers ainsi que dans la ville satellite de Nhât Tân – Nôi Bài» note sans enthousiasme Vu Thi Vinh, urbaniste, ancienne secrétaire générale de l’Association des villes vietnamiennes et ancienne adjointe rectrice de l’Université d’architecture de Hanoï.

Car si la ville a d’indéniables atouts pour réaliser son ambition, elle fait face à des freins d’importance, notamment son plan d’urbanisme, incohérent sur le long terme, son manque de fonds d’investissement, son retard technologique et une méconnaissance de la population sur la notion même de « ville intelligente ».

Associer les habitants, une étape nécessaire

«L’objectif ultime de la cité intelligente est d’atteindre une interaction directe et immédiate entre la population et ses administrations via les nouvelles technologies. En effet, si la population est incapable de faire part à ses administrations des problèmes qu’elle encourt, alors l’idée même de ville intelligente échoue. Pour ce faire, il est important que tous les habitants puissent comprendre ce concept !» explique ainsi Vu Thi Vinh.

La pédagogie, donc l’éducation. Rendre Hanoï intelligente nécessite de soutenir l’intelligence de ses habitants : et la ville veut se donner les moyens d’y parvenir.

En 2030 les nouveaux quartiers et le réseau électrique seront smart, c’est une certitude ; mais cet horizon semble bien proche pour généraliser ce concept à toute la cité.

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