De nombreuses villes de France sont engagées dans des stratégies de numérisation de type « smart city ». Mais, pour franchir un vrai pallier, ces villes doivent changer d’échelle, afin d’assurer de réelles économies (financières, énergétiques, de temps). Et pour cela, un partenariat avec le secteur privé, que ce soit pour la réalisation ou le financement des ces projets, est souvent une excellente solution.

La smart city séduit de plus en plus les villes du monde, et notamment en France, où l’adoption de solutions numériques permet d’améliorer de nombreux aspects de la vie urbaine (télécoms, mobilité, énergie, bâtiments, gestion des déchets, santé, sécurité…). Ces politiques s’inscrivent dans l’optique de rendre les villes plus durables, plus économes, plus proches de leurs habitants, et de répondre intelligemment aux situations d’encombrements, de gaspillages et de nuisances environnementales.

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Même d’un point de vue financier, le pari de la smart city est résolument gagnant : une étude du cabinet Roland Berger démontre que les économies offertes par la smart city aux villes françaises pourraient atteindre 9,2 milliards d’euros en 2025.

Un nécessaire changement d’échelle pour les villes françaises

Mais, pour ce faire, les villes françaises doivent, chacune à leur niveau, changer d’échelle. Pour les villes ayant mis en place des solutions smart city, il s’agit de tourner la page des expérimentations limitées à un bâtiment, un quartier, un service, pour généraliser des technologies ciblées en fonction des besoins de la ville.

Pour les autres, il s’agit de choisir, là aussi, quelles options privilégier, déterminer celles qui s’avèrent les plus rentables, et investir en conséquence. Plus généralement, tout nouveau projet smart city doit « faire l’objet d’évaluations socio-économiques rigoureuses, systématiques et adaptées au caractère innovant des projets », comme l’expliquent Carine Staropoli, économiste, et Benoît Thirion, consultant, associé chez Altermind.

« La smart city est par nature transversale »

Toutes les municipalités n’ont cependant pas la puissance financière et les équipes de métropoles comme Lyon ou Paris, et, pour effectuer ce changement d’échelle, une stratégie 100% publique peut vite trouver ses limites, tant d’un point de vue de compétence que d’un point de vue financier.

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C’est d’autant plus vrai que le déploiement plus large de la smart city impose de penser la ville et les services comme une globalité, non comme des îlots séparés ou hiérarchisés : « alors que les villes sont historiquement organisées en silo, la smart city est par nature transversale : elle repose sur une interconnexion des fonctions urbaines et une coordination des acteurs », détaillent Carine Staropoli et Benoît Thirion.

Des partenariats public-privé féconds

Dès lors, à l’image de Dijon, les villes françaises devraient s’appuyer sur un poste de pilotage unique pour la smart city, destiné à coordonner progressivement l’ensemble des équipements de l’espace public. Pour ce faire, Dijon s’est associé à plusieurs entreprises du secteur privé, non comme des sous-traitants, mais comme partie prenante de cette ambition et de ces réalisations – avec partage des emplois, des investissements et des futurs bénéfices, dans une logique « gagnant-gagnant ».

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« Ce type de contrat (…) suppose une forte implication dans la relation contractuelle, avec des objectifs de performance, des dispositifs de contrôles et de sanctions ; une maîtrise de la donnée produite ou collectée dans le cadre du service, essentielle pour garder le contrôle du pilotage du territoire et garantir la protection des citoyens en tant que tiers de confiance » complètent Carine Staropoli et Benoît Thirion.

Garder la main

De ce point de vue, les sociétés à capitaux mixtes (public-privé) sont une voie intéressante à développer, puisqu’elles réunissent dans la même entité les deux partenaires. Il est même possible d’imaginer de véritable coopératives dont seraient membres non seulement la collectivité publique en charge de la smart city, non seulement ses partenaires privés, mais également les usagers : de tels partenariats existent dans des démonstrateurs énergétiques, ils pourraient également s’imposer dans le monde de la smart city.

Au-delà de ces partenariats, toute la difficulté, pour les collectivités publiques, est de trouver un bon équilibre : elles doivent absolument garder la main sur les normes, la régulation, l’utilisation des données qu’imposent une digitalisation de la vie quotidienne. Elles doivent rester décisionnaires et moteurs des innovations de leurs territoires, et ne jamais déléguer leurs responsabilités au secteur privé. Elles ne doivent cependant pas non plus brider l’innovation et les initiatives d’origine privée, mais les soutenir et les accompagner.

Des financements ad hoc pour les projets énergétiques des smart cities

D’un point de vue de financement, également, le secteur privé peut apporter son expertise aux villes désireuses de s’engager dans une stratégie smart city. Car, notamment dans le domaine de l’énergie (gestion intelligente des bâtiments ou de l’éclairage public), de nombreux investissements dans la smart city ont prouvé leur rentabilité à moyen terme, mais ne sont pas effectué par les villes, faute de liquidité.

Or, des entreprises privées adossés à des acteurs de l’énergie, comme Siemens Financial Services (SFS), ont développé des solutions incluant le financement et l’accompagnement technologiques pour rendre la solution smart city rentable – et ainsi rembourser facilement le prêt : « Les fournisseurs de financements spécialisés comprennent l’importance de la mise en œuvre de nouveaux équipements et de nouvelles technologies pour générer des revenus et réduire les dépenses opérationnelles. Ils peuvent donc fournir des solutions de financement personnalisées qui permettent de réaliser des économies d’énergie et de réduire les dépenses » expose ainsi Thierry Fautré, président de SFS France.

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Un secteur privé impliqué, à l’écoute des besoins spécifiques des villes

Un rapport souligne que, pour les petites villes, un total de 6,6 milliards d’euros pourrait être débloqué pour financer des projets énergétiques ; ces projets permettraient de réaliser des économies, afin de rembourser l’argent investi, en conservant une part de bénéfice : « le financement spécialisé peut aider à rendre la technologie verte plus rapidement disponible dans les villes et pour les propriétaires d’immeubles privés » défend Thierry Fautré.

La transformation smart des villes françaises aura donc du mal à se passer d’un partenariat avec un secteur privé impliqué, proche des besoins spécifiques de chaque collectivité, et adaptant ses offres, techniques ou financières, à la réalité locale d’un territoire. De cette union raisonnée, où la collectivité garde toujours les rênes et le contrôle, naitrons les plus beaux fruits des smart cities « à la française ».

 

 

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