Alors que les ventes d’objets connectés pour la maison ne cessent d’augmenter en France, se pose la question de leur rapport à l’énergie : car si les objets connectés orientés économie d’énergie permettent effectivement de réduire la consommation d’une maison, de trop nombreux autres objets, mal configurés, sont un gouffre énergétique mondial.

Selon les derniers chiffres communiqués par l’institut Gfk, les Français sont en train de se convertir aux objets connectés pour la maison. Les dépenses, dans ce domaine, ont augmenté de 33% entre 2016 et 2017, pour dépasser le milliard d’euros sur l’année.

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Les Français enfin convaincus par les objets connectés ?

Le décollage de ce marché prometteur et capital pour la transition énergétique semble être en route : la France rejoint en cela un mouvement mondial de forte croissance des ventes d’objets connectés pour la maison.

 

Le plus intéressant, d’un point de vue énergétique, est sans doute le détail de ces ventes. Car si la croissance des enceintes ou des caméras connectées est forte, au-delà des 30%, trois produits ont vu leur chiffre d’affaire exploser. Les ventes de thermostats intelligents ont ainsi bondi de 76% entre 2016 et 2017, celles des équipements d’éclairage intelligent de 126% et celles des outils de climatisation connectées de 402% !

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Un plébiscite pour les produits offrant des économies d’énergie

Ces trois produits star ont un point commun : ils permettent tous de faire des économies d’énergie. Ces chiffres prouvent que les Français ont compris l’intérêt à investir dans un équipement énergétique connecté, afin de mieux maîtriser sa consommation. Ces produits permettent de rentrer dans un cercle vertueux : les utilisateurs gagnent de l’argent, la dépense énergétique nationale baisse.

De nombreuses études prouvent qu’un équipement domotique orienté énergie permet de faire des économies allant jusqu’à 30% de consommation : de quoi amortir en quelques années l’achat d’un équipement – même en tenant compte de sa consommation électrique.

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Mais les objets connectés dépensent aussi beaucoup d’énergie

Ce n’est, malheureusement, pas toujours le cas pour les objets connectés orientés vers le confort ou le loisir – que ce soit les procédés d’automatisation ou les outils de divertissement.

Et c’est là le paradoxe de cette révolution des objets connectés : cette connectivité nécessite de l’énergie, beaucoup d’énergie. Et, pour l’heure, la dépense énergétique supplémentaire induite par l’ensemble des objets connectés équipant les maisons n’est pas compensée par les économies réalisées par les objets vertueux de ce point de vue.

Ces dépenses énergétiques se répartissent entre les appareils disposant d’une batterie qu’il faut régulièrement recharger, les appareils constamment alimentés (réfrigérateurs, télévisions, machines à laver, thermostats…) et les serveurs et routeurs nécessaires à assurer la connectivité des objets.

Une connectivité en temps réel qui réduit l’autonomie et rend la veille presque aussi énergivore que l’activité !

Concernant les objets connectés à batterie, force est de constater que leurs avancées technologiques se sont accompagnées d’une drastique baisse d’autonomie. Des performances en hausse, certes, mais la nécessité de maintenir une connexion à un réseau Internet ou local est un gouffre à énergie. De même que les autonomies des téléphones ont fondu comme neige au soleil quand ils sont devenus smart, celles des objets connectés est souvent extrêmement réduite – un aspirateur connecté ne dépasse pas les 45 minutes d’autonomie, le robot Cozmo de Anki ou les écouteurs Samsung Gear IconX peinent à atteindre l’heure et demi sans être rebranchés.

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Le problème d’un objet connecté est qu’il fonctionne en continu pour produire des données et les transmettre en temps réel : il doit pouvoir répondre en permanence, même s’il n’est pas utilisé. Maintenir cette connectivité au réseau pompe en moyenne 80% de l’énergie dépensé par un appareil – résultat, dans leur majorité, les appareils connectés consomment presque autant en activité ou en veille. Par exemple, une télévision connectée consomme en moyenne 30W quand elle est allumée, et 25 W quand elle est en veille !

Un rapport de l’AIE pointait qu’en 2013, les appareils électroniques connectés dans le monde consommaient déjà 616 TWh annuel, soit l’équivalent de la consommation électrique du Canada et de la Finlande réunis – dont 400 TWh uniquement pour maintenir les objets en veille ! Et vu la courbe de ventes des objets connectés, cette consommation, déjà problématique en 2013, devient un enjeu central de l’énergie des années à venir.

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Travailler à l’efficacité énergétique des objets

Des solutions existent pourtant pour réduire la consommation de ces objets connectés : dans une volonté d’hyper-connectivité, le choix d’un transfert de données à flux continu a été fait. Pourtant, dans de nombreux cas, un appareil n’a besoin de se connecter au réseau qu’épisodiquement – c’est notamment le cas de tous les appareils fonctionnant en automatisation.

Un énorme effort doit être fait, du coté des constructeurs, au niveau de l’efficacité énergétique de la connectivité. Les pistes ne manquent pas : de nombreux objets sont truffés de capteurs, alors que leur nombre peut être optimisé, réduisant leur consommation.

Le type de connectivité est également une donnée cruciale : si passer par un réseau type Intranet, WiFi ou Internet est particulièrement énergivore, des connectivités à faible consommation existent, qui permettent de faire transiter moins de données – mais tous les objets ont-ils besoin d’un maximum de données ? Enfin, il serait temps de travailler à des modes veille qui suspendent effectivement une majorité des fonctionnalités des appareils, et ne laissent activé qu’une possibilité de répondre à une commande.

Passer de l’accumulatif au mélioratif

Depuis plusieurs années, les fabricants d’objets connectés fonctionnent sur un principe accumulatif : plus de connectivité, plus de fonctionnalités, plus de données. Il faudrait enfin basculer vers une stratégie du mélioratif et réfléchir aux fonctionnalités et aux données qui sont nécessaires à l’utilisateur pour optimiser la consommation de l’objet.

Le décollage des ventes d’objets orientés économie d’énergie prouve que la population commence à être sensibilisée à ces questions : il serait temps que les fabricants prennent ce train en marche et offre à leurs clients le choix d’un appareil moins énergivore et, au final, plus économique et plus durable.

 

 

 

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