Alors que les cyberattaques contre les objets connectés se multiplient, au point qu’un hacker a décidé, pour le bien de l’IoT, de créer un malware pour éradiquer ceux dont les protections ne sont pas efficaces, un sondage révèle que les Français sont de plus en plus convaincus par cette technologie et ses applications pour leur quotidien.

Fin avril, OpinionWay publiait sa seconde étude annuelle sur l’adoption, par les France, des objets connectés. Le premier constat est que le marché progresse, puisque 52% des Français déclarent posséder au moins un objet connecté, contre seulement 35% en 2016. La télévision connectée reste l’objet le plus populaire, possédé par 29% des Français : suivent, avec environ 10%, la montre connectée, le système d’alarme, la voiture ou le détecteur de fumée connecté.

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Logiquement, 58% des Français, contre 44% en 2016, estiment connaître plutôt bien (46%) ou très bien (12%) les objets connectés. Plus intéressant, les secteurs clés pour lesquels les sondés estiment qu’ils est intéressant d’avoir des objets connectés sont la santé (73%), la sécurité (55%) et l’énergie et la domotique (52%).

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Trois secteurs plébiscités : la santé, la sécurité, l’énergie

La santé est logiquement plébiscitée, perçue dans un sens large, c’est à dire l’information en direct sur la santé d’un proche ou la possibilité de suivre son propre état de santé en temps réel, mais aussi l’ensemble des objets connectés associés au bien-être et au maintient d’une forme optimale.

La sécurité arrive en seconde position des secteurs adaptés aux objets connectés : là aussi, il faut l’entendre au sens large, car cela inclue tout aussi bien les systèmes d’alarme qui permettent d’être alerté en temps réel, la surveillance de son logement à distance ou l’amélioration de la sécurité routière grâce aux voitures connectées. L’impact des campagnes de communication et de publicité, en la matière, se fait particulièrement sentir.

Enfin, plus de la moitié des Français estime que les objets connectés sont un atout dans le secteur de l’énergie : ajoutons que 40% des sondés (contre 31% en 2016) citent parmi les avantage des objets connectés le fait qu’il peuvent nous aider à mieux contrôler notre consommation d’eau, d’électricité, de gaz.

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On se rend compte que, malgré les réticences pendant le développement des compteurs Linky depuis septembre 2016, les Français sont de plus plus d’accord avec l’idée qu’un réseau électrique connecté à des compteurs intelligents est une source d’économie. Les campagnes de sensibilisation de l’Etat et la communication dans les journaux télévisés sont clairement passé par là, et ont aidé à démontrer l’utilité réelle de tels outils.

La gestion des données collectées, crainte majeure des Français

Cela étant, les résultats du sondage sur les risques et inconvénients des objets connectés confirment qu’une crainte majeure des Français par rapport aux objets connectés est bien la sécurisation des données personnelles. Certes, l’inconvénient numéro 1, pour 46% des sondés, est le prix : mais ce n’est pas un critère qui remet réellement en cause une technologie et son développement. En revanche, la seconde marche du podium des inconvénients est désormais occupé par la gestion des données collectées, en forte progression, puisque cité par 42% des Français contre 33%. en 2016.

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Et le fait est qu’il s’agit bien de la faiblesse la plus flagrante de la majorité des objets connectés, comme le succès d’un logiciel malveillant (malware) récent nous le prouve. L’année 2016 a été marqué, dans le monde des objets connectés, par de très nombreuses attaques de type DDoS (Distibued Denial-of-Service), visant à chaque fois de grands ensembles d’objets connectés, rendus totalement inopérants – chaque objet attaqué servant de « base de lancement » à une nouvelle attaque.

BrickerBot, un malware qui s’attaque aux objets connectés

Depuis mars, un malware nommé BrickerBot sème la panique dans le monde de l’IoT (Internet of Things, l’Internet des Objets connectés). En effet, ce logiciel malveillant a déjà attaqué pas moins de 2 millions d’appareils connectés : ses effets sont dévastateurs, la cyberattaque rendant l’objet totalement inopérants, en remplaçant les programmes par des données aléatoires et en coupant la connexion réseau de l’objet. Ce qui revient à détruire l’objet connecté.

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Précisons tout de suite qu’il s’agit de failles qui concernent les objets connectés « privés », notamment des caméras ou des enregistreurs numériques, et non des objets connectés mis en service avec le partenariat de l’Etat, comme peuvent l’être des compteurs d’électricité connectés, pour lesquels la sécurisation des données est considérablement renforcée.

Le plus surprenant, avec ce nouveau malware, c’est qu’une fois qu’il a pénétré le système de l’objet il ne cherche pas, contrairement aux autres logiciels malveillants à attaque de type DDoS, à exploiter les objets pour mener d’autres attaques : il se « contente » d’attaquer les objets un par un.

Détruire pour guérir l’IoT de ses failles

L’explication de cette « mansuétude » de BrickerBot est expliqué par son créateur, un hacker qui poste sur des forums sous le nom de Janit0r. Il explique qu’il attaque et détruit des objets pour le bien de l’IoT : « Comme tant d’autres, j’ai été consterné par les attaques DDoS réalisées par des botnets IoT en 2016 » explique le hacker dans un email reproduit par le Bleeping Computer.

« J’avais la certitude que ces grandes attaques obligeraient les fabricants d’objets connectés à revoir leurs copies, mais quelques mois après ces attaques records, il est apparu que, malgré les efforts sincères de certains, le problème ne pouvait être résolu dans un délai acceptable par des moyens conventionnels. » détaille Janit0r.

Le hacker, devant l’inertie des fabricants, a décidé d’appliquer une médecine plutôt expéditive : il compare en effet ses attaques à une chimiothérapie. « La chimiothérapie est un traitement lourd qu’aucun docteur sensé n’administrerait à un patient en bonne santé, mais Internet devenait gravement malade aux troisième et quatrième trimestres 2016 et la médecine douce s’est avérée inefficace », explique Janit0r.

Purger le monde de l’IoT des objets connectés n’ayant pas de moyens efficaces de se défendre : la technique est violente, illégale, mais elle a le mérite de mettre le doigt sur une faiblesse d’un trop grand nombre d’objets connectés.

Les objets connectés : une révolution pour les Français

Ce hacker détruisant des objets connectés pour le bien de l’IoT nous prouve que les craintes des Français ne sont pas dépourvues de fondement, mais aussi que des actions sont menées pour pallier à ces craintes – précisons, tout de même, que de nombreux fabricants agissent pour améliorer la sécurité des données, particulièrement en France où la CNIL veille sur tout projet d’envergure.

Mais, comme pour toute technologie émergente, il faudra encore du temps pour que les failles inhérentes à son développement s’estompent suffisamment pour rassurer le grand public. D’ailleurs, les Français, malgré leurs réticences, sont convaincus que les objets connectés sont en train de révolutionner notre quotidien.

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En effet, si 43% des sondés pensent que les objets connectés vont se développer, sans bouleverser nos modes de vies, et seulement 11% estiment qu’il s’agit d’une mode qui passera, une courte majorité des Français (45%) estiment désormais que les objets connectés sont une révolution, comparable à Internet voici quelques années.

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