Le gouvernement, qui a lancé récemment un groupe de travail sur le solaire, va se pencher sur les moyens de renforcer l’autoconsommation énergétique – en particulier l’épineuse question des systèmes de stockage.

Dans le cadre du « plan de libération des énergies renouvelables », le secrétaire d’Etat auprès du ministre de la Transition écologique, Sébastien Lecornu, a présidé le 18 avril 2018 la première réunion du groupe de travail chargé d’accélérer le développement du photovoltaïque en France. Cette initiative associe l’ensemble des acteurs de la filière – parlementaires, associations d’élus (Association des maires de France, Assemblée des départements de France, Régions de France, Amorce, Fédération nationale des collectivités concédantes et régies), ONG (France nature environnement), représentants des professionnels du solaire et de l’électricité, des administrations du ministère de la Transition écologique et des autres ministères (Economie et Finances, Agriculture, Culture et Armées).

L’enjeu de ce groupe de travail est de convenir d’une série de mesures afin de soutenir le développement de l’énergie solaire en France. Enerplan, le syndicat français des professionnels de l’énergie solaire, propose ainsi que d’ici 2028 le solaire couvre au minimum « 10% de la production électrique française » – soit 45 à 50 GWh. Un niveau difficile à atteindre compte tenu de la lourdeur de la machinerie administrative qui régit l’installation de panneaux solaires. Aussi, le groupe se penche sur des pistes d’allègement, comme la facilitation des permis de construire, la mobilisation de terrains publics inutilisés et l’allégement des procédures sur les terrains pollués ou encore la mise en place d’un guichet ouvert pour les installations de moins d’un MW.

L’autoconsommation c’est bien…

L’objectif est de faciliter l’implantation de panneaux photovoltaïques à tous les niveaux, spécialement par des particuliers, très pénalisés par ces procédures complexes. Ces derniers ont beaucoup à gagner à produire l’énergie qu’ils consomment (financièrement, mais aussi dans la lutte contre le changement climatique). On parle d’autoconsommation, une pratique qui constitue « un levier important de développement du photovoltaïque » d’après Alexandre Roesch, délégué général du Syndicat des énergies renouvelables (SER). Elle s’inscrit dans une démarche globale d’évolution des habitudes de consommation, et mène à privilégier des équipements moins énergivores et à adopter les bons gestes au quotidien : débrancher les appareils en veille, baisser le chauffage quand on est absent…

« La nouvelle loi permet d’impliquer les consommateurs dans la transition énergétique », souligne Frédéric Wurtz, directeur de recherche au Laboratoire de génie électrique de Grenoble (G2ELab). « Le secteur du bâtiment absorbe deux tiers de l’énergie électrique produite en France. Or les immeubles et les maisons sont des collecteurs potentiels d’énergie renouvelable, avec du solaire sur les toits. » Parmi les exemples de projet d’autoconsommation, on trouve la résidence des Souffleurs, inaugurée en décembre 2017 à Bordeaux. Ce bâtiment collectif prévoit produire sa propre électricité grâce à 144 panneaux solaires en cours d’installation sur son toit. Les premiers pronostics font été de 30 % d’économies sur la facture d’électricité de ses habitants (en moyenne 50 euros mensuels).

…Mais avec un système de stockage, c’est encore mieux

Au fil des années – et des initiatives privées et publiques – le secteur devient de plus en plus compétitif. « Le développement du photovoltaïque est remonté au niveau d’il y a quelques années, mais on ne voit pas encore les effets des derniers appels d’offres », souligne Alexandre Roesch. La dernière en date est l’implantation de systèmes de stockage sur batterie afin d’y conserver l’énergie non consommée au moment de la production. Notons toutefois que le coût des batteries représente aujourd’hui un important obstacle au développement de ces technologies. Les batteries prennent également une place considérable, et réservent donc ces systèmes à des grandes habitations. A l’heure actuelle, pour ne rien arranger, la durée de vie des batteries est inférieure à la durée d’amortissement d’un système de stockage.

« Les équipes ont beaucoup travaillé techniquement, mais nous n’avons pas encore trouvé le modèle économique à adopter compte tenu du niveau de maturité du marché », indique un porte-parole du spécialiste mondial en gestion énergétique, Schneider Electric. Et cela se fait ressentir : les projets de Tesla et de Schneider Electric ont pris du retard, et EDF a peu vendu de batteries. « Nous n’avons pas encore livré de Powerwall en France » déplore Tesla, alors que l’offre EDF « Mon soleil et moi » n’a vendu qu’une cinquantaine de batteries pour 1 700 systèmes solaires installés. Pour Anne-Sophie Dallery, de Solarwatt France, cela est imputable au « prix de l’électricité réseau très compétitif » et le « peu de subventions sur la mise en place d’un système de stockage pour le particulier ».

EDF a toutefois décidé de passer à la vitesse supérieure avec son un plan stockage électrique. Ce dernier prévoit l’installation de 4 GW de batteries dans le pays – et plus largement l’installation de 10 GW de nouvelles capacités de stockage dans le monde. Pour ce faire, le groupe français compte renforcer sa capacité de recherche et développement dans le domaine, avec un investissement doublé pour atteindre 70 millions d’euros sur la période de 2018 à 2020. En parallèle, EDF Nouveaux Business consacrera dans les deux ans à venir 15 millions d’euros, soit un tiers de ses investissements, aux projets et start-up liés au stockage électrique et à la flexibilité.

Des leviers concernant le prix restent à actionner pour asseoir cette tendance

L’autoconsommation est une pratique qui est en train de connaitre un essor encourageant. Un certain nombre de leviers existent pour que celle-ci occupe une part significative de la consommation des ménages. Le stockage de l’énergie ainsi produite est crucial si nous voulons que le phénomène atteigne son plein potentiel. Or, les systèmes de stockage en sont encore à leurs balbutiements en France. Les avancées chez certains de nos voisins sont cependant encourageantes, et devraient nous montrer les voies possibles. Nous en connaissons certaines – le recours au tiers financement pour rendre un système à domicile accessible aux ménages moins privilégiés, par exemple. Le groupe de travail mis en place par le ministre de la Transition écologique et solidaire va certainement en explorer d’autres.

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