Lancé en avril 2017, Smart Occitania est le seul démonstrateur d’Europe à tester les solutions intelligentes dans un cadre rural à l’échelle d’une région. Piloté par Enedis, en partenariat avec l’ADEME, les premières expérimentations à grande échelle viennent de commencer. Le démonstrateur a également favorisé la création d’un partenariat avec l’école de la deuxième chance. Présentation.

Le projet Smart Occitania a démarré en avril 2017, et a été présenté officiellement en octobre 2017. Il s’agit d’une expérimentation à échelle réelle de réseau électrique intelligent en milieu rural, sur l’ensemble d’une région – il s’agit du seul démonstrateur européen de ce type.

Smart Occitania : un smart grid rural, pour une région qui veut devenir à énergie positive

Il s’inscrit dans les hautes ambitions affichées par l’Occitanie en terme de transition énergétique : « Pour atteindre notre objectif d’être la première Région européenne à énergie positive à l’horizon 2050, nous agissons pour réduire nos consommations et développer la production d’énergies renouvelables » détaille Carole Delga, présidente de la région. Devenir un territoire à énergie positive est réaliste pour l’Occitanie, tant le potentiel solaire, éolien et géothermique de cette région est fort.

smart-occitania-reseau-intelligent-rural

Piloté par Enedis et soutenu par la région Occitanie, Smart Occitania s’appuie sur un partenariat avec des industriels régionaux, Actia Telecom, BRL et Groupe Cahors, et les laboratoires Promes à Perpignan et Irit à Toulouse. Lauréat de l’appel à projets « Systèmes électriques intelligents » du Programme des investissements d’avenir, il est doté d’un budget de 8 millions d’euros.

Renouvelables intermittents, flexibilité, pilotage, observabilité, création d’un écosystème

L’idée force de Smart Occitania est d’expérimenter les solutions intelligentes au niveau rural, avec un triple objectif :

  • intégrer davantage d’énergies renouvelables intermittentes sur le réseau en accroissant la capacité de flexibilité
  • améliorer, grâce aux nouvelles technologies de communication, l’observabilité et le pilotage du réseau de distribution
  • industrialiser une offre smart grid rural et créer une filière d’excellence pour une duplication nationale, voire internationale.

« C’est un projet unique afin d’amener la modernité dans la ruralité», expose Philippe Monloubou, président du directoire d’Enedis. Les ambitions sont donc particulièrement hautes. Le projet doit durer trois ans et demi.

Tester à échelle réelle un protocole de communication UNB propriétaire

Smart Occitania permettra notamment de tester à échelle réelle le protocole de communication radio Ultra Narrow Band (UNB), qui sera le mode unique de communication des solutions intelligentes déployées dans l’ensemble de l’Occitanie.

L’UNB utilise une fréquence de communication basse et libre, avec une modulation extrêmement faible – ce qui permet de limiter fortement les coûts de transmission des informations. C’est ce type de protocole qui est utilisé par Sigfox. Smart Occitania déploie un protocole propriétaire, créé spécifiquement pour ce projet – mais dont l’ambition est d’être généralisé à d’autres smart grids en France.

smart-occitania-reseau-intelligent-rural

Piloter la production et la consommation, en temps réel, pour éviter les déséquilibres

Cette communication UNB, associée à l’installation de capteurs et de modules de pilotage, permet de pendre le pouls du réseau électrique, en temps réel, et d’agir dans les plus brefs délais en cas de production intermittente trop élevée, ou en cas de demande trop forte. Le démonstrateur teste ainsi des solutions d’effacement de la consommation et de stockage pour assurer une flexibilité suffisante au réseau.

 » Nous améliorerons la prédiction pour ne pas avoir de déséquilibre car il nous faut une tension constante. Tout doit être calculé et les énergies renouvelables sont complexes à prévoir… Les nuages et le vent sont des paramètres variables. Pour l’instant, les voyants sont au vert, nos premiers résultats sont positifs et nous allons continuer. On se prépare au réseau de demain et si nous y arrivons ici, nous aurons 45 millions de clients satisfaits «  expose ainsi Didier Colin, directeur territorial Enedis dans le Gard.

Un cas pratique : la station de pompage de Bellegarde

En la matière, une expérimentation d’ampleur a commencé fin 2018, dans une station de pompage d’eau douce du groupe BRL, à Bellegarde, située en milieu rural et alimentée notamment par un champ d’éolienne à proximité. Le principe : adapter la production d’eau aux besoins conjugués du réseau électrique et des consommateurs d’eau. Une double problématique, nécessitant un équipement ad hoc, fourni par l’industriel local Actia Telecom.

 » Depuis le mois de juillet à la station de pompage de BRL à Bellegarde, nous avons installé un boîtier (SCADA) qui nous permettra de la commander à distance dès la semaine prochaine (début décembre 2018, NDLR). Nous pourrons répondre au plus vite aux demandes en eau pour alimenter le réseau électrique. Le but recherché est d’agir sur la demande, plus seulement sur l’augmentation de la production pour le rétablissement des équilibres », affirme Thierry Lafont, responsable de la division énergies d’Actia Télécom.

Maîtriser sa consommation électrique, en favorisant les renouvelables

Pour BRL, ce partenariat s’inscrit dans une volonté de maîtrise de sa consommation électrique, en améliorant son efficacité énergétique, tout en utilisant une part plus importante d’électricité renouvelable. Pour une société consommant entre 60 et 70 gigawattheures par an, soit entre 10 et 15% des charges de l’entreprise, l’enjeu est tout à la fois économique et écologique :  » Nous pomperons moins d’eau donc il faudra un meilleur rendement en réduisant encore les fuites. Nous consommerons l’énergie juste nécessaire. Nous varierons la pression en fonction des besoins « , expose Jean-François Blanchet, directeur général de BRL.

Le groupe spécialiste de l’eau voit d’ailleurs dans sa collaboration avec Enedis et Actia Telecom l’exemple même de l’alliance vertueuse, qui peut servir de modèle, duplicable dans d’autres situations :  » Si on réfléchit, on a tout intérêt à travailler ensemble. On doit y passer du temps et on veut améliorer les choses. C’est le coût de l’innovation mais par nature, l’innovation, c’est de l’investissement ! « , s’enthousiasme Jean-François Blanchet.

smart-occitania-reseau-intelligent-rural

Partenariat avec l’école de la 2e chance pour former des futurs techniciens dans la transition énergétique et les smart grids

Autre avancée concrète : Enedis vient de signer un partenariat avec la Région Occitanie et l’Ecole régionale de la 2e chance, à Toulouse. Le but : offrir à des personnes en situation d’échec professionnel la possibilité de se former à un nouveau métier lié à la transition énergétique et aux réseaux électriques intelligents.

smart-occitania-reseau-intelligent-rural

«Créer des passerelles, des formations, est donc une nécessité. Un tel partenariat est important, surtout avec une entreprise avec un tel vivier de recrutement, de formation. Cela permet aussi de détecter les pépites, les talents qui parfois n’auraient pas bénéficié d’une chance pour l’exprimer, et de travailler ensemble pour améliorer le territoire » a exposé Carole Delga lors de la signature de la convention.

 

LAISSER UN COMMENTAIRE

Please enter your comment!
Please enter your name here

Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur comment les données de vos commentaires sont utilisées.