Les radiateurs connectés offrent de belles économies d’énergies, notamment les modèles électriques programmables et à détecteurs de mouvement : mais ils proposent désormais de nouvelles fonctionnalités, comme être équipés d’une batterie ou servir, également, à générer de la puissance de calcul informatique ! Des innovations d’importance, notamment en France où le chauffage électrique continue à se faire une place au soleil.
Historiquement, la France est l’un des eldorado du chauffage électrique. Le prix de l’électricité présente en effet le double avantage d’être assez bas en France et de ne pas dépendre du cours des énergies fossiles. Cela explique que la France est le pays d’Europe où les radiateurs électriques sont les plus nombreux : 34% des logements sont équipés de ce système de chauffage, contre 5% en Allemagne par exemple.
La France, eldorado historique du chauffage électrique
Le chauffage électrique présente également l’avenir, puisqu’il peut fonctionner à partir d’énergies décarbonée comme le nucléaire et renouvelables (éolien, photovoltaïque, hydroélectricité) et ainsi limiter son impact carbone – à l’inverse des chaudières au fioul et au gaz. Une chaudière au bois utilise elle aussi un matériau renouvelable, mais émet des gaz polluants contribuant à augmenter la pollution de l’air intérieur.
Ainsi, l’Agence de l’Environnement et de la Maitrise de l’Energie (Ademe) a calculé, en 2014, que pour une maison de 120m2 construite entre 1975 et 1981, sur un an, les émissions étaient les suivantes :
– pour les chaudières fonctionnant au fioul : 7,4 tonnes de CO2 ;
– pour celles au gaz et au propane : 5,5 t de CO2 ;
– pour les équipements de micro-cogénération gaz ou bois : 5,3 t de CO2 ;
– pour les chauffages électriques à effet Joule : 4,6 t de CO2
L’électrique est l’avenir du chauffage
Et encore, pour les chauffages électriques, ces émissions tiennent compte des émissions « grises », c’est à dire des émissions nécessaires à produire l’électricité à partir d’une autre énergie (charbon, gaz, nucléaire, hydroélectricité, éolien, photovoltaïque…). La part des énergies renouvelables dans le mix électrique étant amené à croître, les émissions des chauffages électriques vont mécaniquement baisser d’autant.
Par ailleurs, l’isolation thermique renforcée des bâtiments bénéficiera également au chauffage électrique : de tous les systèmes produisant de la chaleur, il est celui dont le rendement augmente le plus quand l’isolation augmente. Dit autrement : plus un bâtiment est bien isolé, plus le chauffage électrique y est efficace. Pourtant l’actuelle Règlementation thermique (RT2012) et la future Règlementation environnementale 2018 (RE2018), aussi aberrant soit-il, favorisent les énergies fossiles (non transformées) au détriment de l’électrique (énergie secondaire). Quoi qu’il en soit, l’avenir étant à la lutte contre les « passoires thermiques », il est aussi à ce système de chauffage.
Le radiateur connecté, accélérateur de transition énergétique
C’est d’autant plus vrai que la technologie numérique vient renforcer l’efficacité de ces systèmes de chauffage : en devenant intelligent, le radiateur électrique peut s’adapter précisément aux besoins de ses utilisateurs, permettant de faire des économies d’énergie tout en améliorant le confort des usagers.
Le radiateur intelligent permet en effet de piloter le chauffage pièce par pièce, depuis n’importe quel point du bâtiment, voire à l’extérieur de ce dernier, via une application. Il offre également la possibilité de ne chauffer une pièce que si elle est occupée, de programmer la mise en route du chauffage peu avant le retour des habitants, ou de repérer les fenêtres ouvertes. Il peut communiquer avec les autres radiateurs (ou un système domotique central) pour déterminer, en fonction des demandes de l’utilisateur, quel est le meilleur équilibre de chauffage à un instant T.
Ces fonctionnalités offrent ainsi un confort d’usage amélioré, et une baisse sur la consommation d’électricité, et donc sur les factures, allant jusqu’à 40%. Ces équipements sont ainsi rentabilisés en quelques années, en fonction des choix de chauffage que fait l’utilisateur, désormais plus conscient de sa consommation – rappelons qu’un degré de moins permet de réduire cette consommation globale de 7%.
Un radiateur équipé d’une batterie
Mais une nouvelle génération de radiateurs connectés arrive, qui proposent de nouvelles fonctionnalités, et davantage encore d’économie d’énergie. Ainsi, une start-up grenobloise, Lancey Energy Storage, a créé un radiateur intelligent révolutionnaire.
Il propose la plupart des fonctionnalités classiques d’un radiateur connecté, notamment le détecteur de fenêtres ouvertes ou des capteurs déterminant quelle pièce doit être chauffée en fonction du nombre de personnes qui s’y trouvent.
Mais son originalité, et c’est une première mondiale, est qu’il est équipé d’une batterie interne. Le principe : en heures creuses, quand la production d’électricité dépasse la demande (la nuit, ou entre 11h et 16h), l’électricité est stockée dans la batterie, même si le radiateur est allumé. Cette batterie est ensuite utilisée aux moments de pics de consommation (notamment en début de matinée et au pic du soir), où la demande en électricité dépasse l’offre – et où l’électricité est la plus chère.
Economies et adaptation au réseau électrique de demain
Cette technologie offre des économies d’environ 20%, tant sur la facture que sur la consommation d’énergie. Elle offre également au réseau électrique un soutien bienvenu, en limitant les périodes de forte charge, notamment durant le crucial pic du soir, en hiver. Une généralisation de ce type de radiateurs permettrait de réduire considérablement la consommation électrique dans ces périodes-clés. En effet ce radiateur a été conçu pour, d’emblée, dialoguer avec un compteur communicant et donc s’insérer dans un smart grid.
Elle pourrait également optimiser l’utilisation de l’électricité produite par les sources renouvelables intermittentes : l’énergie solaire offerte par les panneaux photovoltaïque pourrait être stockée durant la journée, quand les habitations sont vides, pour être utilisée pour chauffer le soir et la nuit ; l’énergie éolienne produite au cœur de la nuit pourrait elle aussi être stockée pour chauffer les bâtiments à partir de 8h, durant le pic du matin, ou en fin d’après-midi.
Chauffer des logements… avec des postes de calcul informatique !
Autre innovation, dans un autre esprit : Qarnot, une start-up française, propose de chauffer des logements, notamment des logements sociaux, avec… des processeurs informatiques ! L’idée est simple : les besoins en puissance de calcul informatique vont exploser dans les années à venir, un processeur dépense de l’électricité pour fonctionner et produit une chaleur que les data-centers cherchent à limiter, par de coûteux systèmes de refroidissement – alors qu’elle pourrait être utilisée.
D’où cette conclusion : des disques durs de calcul peuvent être installés dans un immeuble ou un groupe d’immeuble pour le chauffer, en fonction des besoins des usagers, tout en délivrant une puissance de calcul, certes intermittente, mais forte, qui peut être revendue à des sociétés. Qarnot a déjà installé 400 radiateurs de ce type dans des bâtiments parisiens, le déploiement de la seconde génération d’ordinateurs / radiateurs est programmé sur Bordeaux, avec près de 350 pièces.
Encore au stade du développement, ces deux solutions vont dans le sens de l’histoire : elles permettent d’optimiser l’utilisation de l’énergie, et en particulier de l’électricité, pour réaliser des économies et assurer une transition énergétique la plus rapide possible.