Les îles non-interconnectées au large du Finistère, Ouessant, Sein, Molène, se sont lancées dans un déploiement à grande échelle des énergies renouvelables (EnR). Pour atteindre leur objectif de 100% de renouvelables d’ici 12 ans, elles vont s’appuyer sur une population convaincue et sur des solutions smart grids. Présentation.

Nous avons vu, dans la première partie de notre étude, que les ZNI (Zone Non-Interconnectées) de Ouessant et de l’île de Sein avaient mis en place, en partenariat avec l’Association des îles du Ponant (AIP), un vaste plan d’efficacité énergétique et de valorisation des EnR – hydrolienne à Ouessant, photovoltaïque sur l’île de Sein, en attendant la levée des freins empêchant l’installation d’éoliennes en bord de mer.

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Des unités de stockage pour répondre à l’intermittence des EnR

Ces territoires insulaires se sont donné comme objectif d’atteindre les 100% de renouvelables dans leur mix énergétique à l’horizon 2030. Pour parvenir à intégrer davantage d’EnR intermittentes, ces îles doivent s’appuyer sur un pilotage intelligent et sur une population partie prenante. Des projets sont déjà en cours en la matière, faisant de ces îles des territoires pilotes de la transition énergétique.

Pour faire face à la variation de production et de consommation d’énergie qu’induit l’utilisation de renouvelables intermittentes, dans une logique décentralisée, Ouessant et Sein ont installé des unités de stockage par batteries électro-chimique Lithium-Ion, qui permettent de lisser la production renouvelable.

Un centre de pilotage intelligent de type EMS

Mais le cœur de la réussite de ce projet de micro-grid est un centre de pilotage intelligent, qui assure les arbitrages entre les différentes sources énergétiques, dans le respect des contraintes techniques (puissance minimale de fonctionnement des moteurs, réserve primaire, maintien de la puissance de court-circuit).

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Chacune des deux îles a été équipé en juin 2017 de cet Energy Management System (EMS), installé par EDF SEI, gestionnaire du système énergétique, en partenariat avec Enedis, gestionnaire du réseau. L’ensemble des foyers des deux îles ayant été équipé en compteurs communicants, l’EMS peut ainsi analyser en temps réel les données relatives à la production d’énergie renouvelable, au stockage d’énergie, à l’effacement éventuel et aux groupes électrogènes.

Ainsi, le gestionnaire peut intégrer davantage d’EnR dans le mix, tout en s’assurant de la sûreté de fonctionnement du réseau, en surveillant, contrôlant et optimisant production et consommation.

Une collaboration avec une université anglaise pour développer des solutions smart grid

Ouessant est de plus un site démonstrateur du projet européen ICE (Intellient Community Energy), dans le cadre d’une collaboration franco-anglaise avec l’Université d’East Anglia. Cela a permis un développement des solutions smart grids ad hoc.

« La coopération d’Ouessant avec le campus de 18 000 étudiants d’East Anglia va permettre de développer de nouveaux services tels que des applications pour smartphone de pilotage de sa consommation à distance, ou des appareils connectés offrant une information fiable sur la production des énergies renouvelables », anticipe Hélène Vente, chargée de mission énergies au Syndicat départemental d’énergie du Finistère.

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Car l’île d’Ouessant a déjà commencé à convertir sa population aux bénéfices de la production locale d’EnR pilotée par un smart grid. Le principe est de décaler les consommations vers les périodes de forte production d’EnR, quand l’ensoleillement ou les marées sont particulièrement forts.

Des heures creuses calées sur la production des EnR

Ainsi, EDF-SEI, ENEDIS et l’AIP ont mis en place un principe d’heures pleines / heures creuses EnR, qui ne sont plus calées sur des heures fixes, mais sur les marées et le soleil. A production intermittente, heures creuses intermittentes ! Ainsi, les particuliers qui le souhaitent peuvent profiter d’un pilotage de leurs ballons d’eau chaud, lave-linge ou lave-vaisselle en fonction de la production EnR, pour se caler sur ces fameuses heures creuses.

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Les partenaires technologiques ont lancé un vaste programme d’expérimentation, sur la base du volontariat. Un capteur est ajouté dans le compteur Linky des habitants souhaitant tester ce nouveau rapport à l’énergie. Une trentaine de personnes, sur les 850 que compte l’île, ont intégré ce programme : « Je vais ainsi pouvoir bénéficier d’heures creuses modifiées en fonction des pics de production des énergies renouvelables », se réjouit Delphine, 30 ans, garde champêtre de l’île. De plus, le capteur permet au foyer de mieux connaître ses besoins énergétiques et sa consommation, et ainsi mieux la maîtriser.

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La mobilité électrique en expérimentation

Parallèlement à ces expérimentations, l’île de Sein et l’île d’Ouessant devraient prochainement accueillir des bornes de recharge électriques, elle aussi pilotées par le smart grid. Le but est à la fois de favoriser le développement de la mobilité électrique dans ces territoires insulaires et d’intégrer cette composante dans la logique de pilotage du réseau intelligent.

L’ensemble de ces projets et réalisations prouve la détermination de ces îles à atteindre au plus tôt une autonomie énergétique renouvelable, tant pour des raisons écologiques qu’économiques. De beaux exemples d’une transition énergétique en action, et de la logique de micro-grid et de production locale qui s’imposera, à l’avenir, un peu partout sur notre territoire.

 

 

 

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