Fin mai 2018, dans le petit village de Méry en Wallonie, le premier micro-grid de Belgique a été inauguré : baptisé MéryGrid, il associe production photovoltaïque, production hydraulique et solution de stockage, pour répondre aux besoins énergétique de trois entreprises. Piloté par un EMS, il est un test grandeur nature, destiné à être dupliqué un peu partout en Belgique.

Les projets smart grids se développent dans le monde entier, preuve que les outils technologiques sont matures et que les décideurs ont pleinement pris conscience de la rentabilité de ces technologies, à tout point de vue (climatique, économique, énergétique). Parmi les derniers exemples en date figure MéryGrid, un micro-réseau qui vient d’être inauguré en Belgique, une première qui sera dupliquée en cas de succès.

Un projet né d’un partenariat entre un gestionnaire réseau et une université

Dans l’Est de la Wallonie, dans la province de Liège et sur la petite commune d’Esneux (13 000 habitants) se dresse le village de Méry. Une localité sans histoire, plutôt dynamique, abritant trois entreprises générant de l’emploi : MéryBois, une scierie ; la Compagnie Belge de Ventilateurs (CBV), une usine fabricant des systèmes de ventilatio ; et MéryTherm, un spécialiste des énergies renouvelables centré sur le traitement thermique et l’hydro-électricité.

C’est dans ce petit village que Nethys, un groupe belge travaillant entre autre dans le secteur de l’énergie, via sa gestion du réseau de distribution par la société Resa, a mis sur pied le premier micro-réseau électrique intelligent de Belgique. Baptisé MéryGrid, ce projet pilote réunit les trois entreprises citées, et leur offre une électricité renouvelable, régulière et moins chère.

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Ce projet est né en 2015, quand Nethys a décidé de souscrire une chaire universitaire à l’Université de Liège sur les micro-réseaux intelligents, dont l’objectif était d’utiliser le numérique et l’intelligence artificielle afin de proposer un produit avant-gardiste en terme de transition énergétique à savoir l’énergie collaborative.

Photovoltaïque, hydraulique, unité de stockage, pilotés par un EMS pour trois industries réunies en un micro-réseau

Trois ans après, ce produit est une réalité, puisque MéryGrid a été inauguré fin mai 2018. Il se compose de panneaux photovoltaïques installés en toiture de la scierie de MéryBois, de turbines hydrauliques existantes au pied de l’usine de MéryTherm, d’un onduleur relié au réseau public de distribution, ainsi que d’une unité de stockage composée de 196 batteries Lithium-Ion, d’une capacité de 300 kVA, située à l’extrémité des locaux de MéryBois, en face de CBV.

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L’ensemble de ce micro-réseau (unités de production renouvelable, unité de stockage, les trois entreprises consommant de l’énergie) est piloté par un EMS (Energy Management System), développé au sein de l’Université de Liège. Doté d’une intelligence artificielle nourrie aux historiques et prévisionnels de production et de consommation d’électricité des acteurs du projet, l’EMS planifie, de façon automatisé, la meilleure utilisation possible de l’énergie disponible, ainsi que les échanges avec le réseau.

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C’est l’EMS qui détermine ainsi quand l’énergie produite doit être utilisée, quand elle doit être stockée et, éventuellement, quand elle doit être vendue sur le réseau ; c’est lui qui détermine également quand les batteries doivent être déchargées pour alimenter l’une des trois entreprises, et quand de l’électricité doit être captée sur le réseau public de distibution.

Pour « une valorisation maximale de la production décentralisée »

Inauguré fin mai 2018, MéryGrid a bénéficié d’un financement de la région wallonne à hauteur de 2 millions d’euros et de fonds privé à hauteur de 1 million d’euro.

Ce micro-réseau est la vitrine de cette solution technologique que Néthys veut développer dans toute la Belgique : « Merygrid permet une gestion optimale des flux énergétiques et économiques ainsi que leur prévision. L’objectif de cet outil est d’atteindre une valorisation maximale de la production décentralisée ainsi qu’une minimisation de la facture électrique. En effet, selon les premières estimations, ces entreprises verront leur facture énergétique diminuer de 15% » défend Stéphane Moreau, PDG de Nethys.

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MéryGrid a été reconnu comme expérience pilote par la Commission wallonne pour l’Energie (CWApE), l’organisme officiel de régulation des marchés wallons de l’électricité et du gaz : « la région wallonne va soutenir ses micro-réseaux et un décret va réguler le secteur lorsqu’une étude juridique aura été réalisée », a assuré Jean-Luc Crucke, le ministre wallon de l’Energie.

Le régulateur de l’électricité accorde une dérogation tarifaire…

En effet, le décret électricité en vigueur en Wallonie ne permet théoriquement pas la création de ce type de communauté énergétique. Mais la CWApE a, dans un premier temps, accordé une exception tarifaire à MéryGrid, tout en travaillant à un nouveau cadre juridique permettant de développer ces solutions pionnières, en laquelle la région croit beaucoup : « Ce type de micro-réseau, c’est l’avenir. Et on ne peut maîtriser l’avenir avec du conservatisme » affirme ainsi Jean-Luc Crucke.

Dans le détail, la CWApE veut moderniser les règles en matière de production d’électricité, de stockage et d’injection sur le réseau, tout en garantissant aux gestionnaires du réseau de distribution les moyens nécessaire à la gestion d’un réseau public dont il n’est pas question de se passer.

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qu’il transforme en décret incitant les zonings industriels à se convertir aux micro-grids !

Le projet de décret s’appuie sur une révolution de la tarification pour les micro-grid : ils basculeraient d’une tarification à la consommation vers une tarification capacitaire. Habituellement, les utilisateurs payent pour la quantité d’électricité qu’ils consomment ; le décret propose un tarif fixe, à l’année, pour que le micro-grid dispose d’une certaine capacité électrique, le tarif restant le même qu’il y puise pendant une heure ou pendant six mois.

Le but est de proposer une réserve d’électricité disponible en permanence pour le micro-réseau, à tarif fixe, tout en l’incitant à l’utiliser le moins possible : la mesure a pour but de générer un maximum de projets de ce type à travers toute la Wallonie. Ce décret sera, dans un premier temps du moins, réservé aux professionnels de l’industrie : «On veut d’abord miser sur les zonings industriels pour augmenter leur attractivité énergétique. Car 10% de facture électrique en moins, c’est 10% d’attractivité économique en plus » expose Jean-Luc Crucke.

Un outil novateur, une expérimentation grandeur nature née sous les meilleures auspices, une législation réactive qui incite à dupliquer l’expérience : la Wallonie deviendra-t-elle la patrie des micro-grids ?

 

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