Barack Obama a officialisé la mise en place d’un programme de 7 milliards de dollars visant à fournir six pays d’Afrique subsaharienne en électricité. Une aide qui devrait grandement contribuer au développement économique de ces Etats. Et dans le même temps, les Etats-Unis réfléchissent à la modernisation de son propre réseau électrique.
L'électricité, facteur de développement
7 milliards de dollars seront débloqués par le gouvernement américain pour fournir en électricité 20 millions de foyers et d’entreprises dans six pays d’Afrique subsaharienne : l’Ethiopie, le Ghana, le Kenya, le Liberia, le Nigeria et la Tanzanie. Un projet hautement louable surtout si l’on considère à quel point l’accès à l’électricité est un élément crucial pour le développement économique d’un pays.
L’accès à une électricité relativement bon marché a en effet été un catalyseur fondamental de prospérité partout dans le monde, y compris aux Etats-Unis. Cependant, ces prix modérés ont également conduit à un haut niveau de gaspillage et à de trop faibles investissements pour la modernisation des infrastructures. Aujourd’hui, les Etats-Unis doivent donc faire face à ses propres enjeux électriques.
De fait, l’Américain moyen consomme près de 100 fois plus d’électricité par tête que les habitants d’Afrique subsaharienne. Alors que, d’après un rapport publié en 2011 par le Forum économique mondial, les infrastructures américaines sont classées en deçà de la 30e place mondiale en termes de qualité. A l’heure actuelle, les coupures de courant coûtent plus de 80 milliards de dollars à l’économie américaine chaque année.
30 milliards de dollars par an aux Etats-Unis pour les smart grids
Aux Etats-Unis, il est estimé que le déploiement des smart grids devrait coûter entre 25 et 30 milliards de dollars par an, pendant 20 ans. Or aux Etats-Unis, le réseau est tellement vaste que sa modernisation est une obligation. De plus, un retour sur investissement immédiat est attendu. Selon l’Electric Power Research Institute, chaque dollar investi dans des réseaux intelligents engendrerait un retour sur investissement compris entre 2,80 et 6 dollars. En outre, ce retour sur investissement est immédiat grâce à la création d’emplois et l’impact positif pour la croissance.
Recourir aux nouvelles technologies permettra aux pays les plus développés d’entrer dans le 21e siècle pour une fraction du prix que paieront les pays choisissant de s’en tenir au statu quo. Des réseaux modernes et intelligents réduisent le risque de gaspillage et de coupure et donc le coût pour l’économie de près de 50%. En outre, les smart grids engendrent une augmentation de l’efficacité du système de l’ordre de 4,5%, soit un d’environ 20 milliards de dollars par an pour un pays comme les Etats-Unis. Enfin, selon le Pacific Northwest National Laboratory, les smart grids permettent une réduction des émissions de gaz à effet de serre de 15%.
Les nations concernées par le programme du président Obama pour l’Afrique subsaharienne auront quant à eux un autre type de défi à relever. En effet, les deux tiers des habitants de cette région du monde n’ont pas accès à l’électricité. Les réseaux existants ne couvrent que des portions réduites des aires urbaines, tandis que les zones rurales ne sont pas du tout desservies.
Les régions rurales d’Afrique subsahariennes sont essentiellement composées de champs. A cet égard, la mise en place de microgrids, reposant sur l’énergie solaire ou d’autres technologies, pourrait être l’option la plus judicieuse et la plus rentable de fournir l’électricité. Cela suffirait à créer une révolution énergétique et d’assurer l’éclairage ainsi que les télécommunications.
Ces efforts sont d’ores et déjà en cours. L’accès à l’électricité procurerait d’ailleurs à ces pays les moyens de considérablement développer leurs compétences et compétitivité. Les Etats qui emploieront le mieux les nouvelles technologies auront en effet un avantage substantiel dans la compétition mondiale. L’effet de rattrapage des pays africains pourrait être fulgurant, sur le modèle de pays comme Hong Kong, Singapour, la Corée du Sud ou Taïwan. Des Etats qui se trouvent d’ailleurs aujourd’hui à l’avant-garde scientifique et technologique.