Si le marché de la domotique semble mur pour s’imposer dans une majorité de foyers et si les technologies sont parfaitement opérationnelles, des freins à son déploiement demeurent – notamment le manque de formation des électriciens et des technologies trop nombreuses et incompatibles. Une situation qui devrait profiter aux grands groupes…

Après avoir étudié, dans la première partie de notre étude, les technologies sans fil actuellement disponible pour piloter les solutions domotiques, ainsi que les critères de choix d’une box domotique, penchons nous sur les raisons qui empêchent encore son essor.

Un marché prêt à prendre son essor

Car, de l’avis général de l’ensemble des acteurs du secteur, le marché de la domotique est aujourd’hui prêt à décoller. Les technologies sans fil se sont considérablement améliorées, les fabricants et les grands acteurs sont prêts, les start-up ne cessent de proposer de nouvelles innovations offrant toujours plus de confort, de contrôle, d’économies.

Même les donneurs d’ordre et les promoteurs immobiliers ont commencé à se positionner pour équiper leurs immeubles dans le neuf : Bouygues Immobilier et Nexity livrent ainsi tous leurs nouveaux logements connectés et pilotables en sans-fil.

Un défaut de formation des électriciens

L’un des freins les plus importants au décollage de la domotique est le manque de formation des électriciens. C’est du moins le point de vue des fabricants : « Il reste un travail à faire auprès des installateurs, il faut prévoir des formations beaucoup plus approfondies auprès des électriciens et des intégrateurs, pour bien appréhender les nouvelles offres », note Alexandre Chaverot, cadre chez Avidsen, fabricant français d’outils domotiques.

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Pourtant, les technologies connectées peuvent grandement simplifier le quotidien non seulement des usagers, mais aussi des installateurs : « Beaucoup d’électriciens n’ont jamais entendu parler des technologies Zwave, EnOcean, ZigBee ou autre. Quand on leur présente nos solutions et nos tarifs, ils découvrent et sont étonnés. Même en dehors de la domotique, pour faire de la rénovation, le sans-fil offre pourtant un gain de temps et de facilité. Bien souvent, si un client leur dit qu’il manque un interrupteur dans la salle bain ou dans la cuisine, ils peuvent mettre un micromodule et un interrupteur sans fil, l’installation est faite : en moins d’une demi-heure ils ont posé un va-et-vient, alors qu’ils auraient mis une matinée pour faire une moulure, et ça aurait coûté, en plus, beaucoup plus cher ! Tous ceux qui ont testé la domotique par ce point d’entrée vont plus loin, car ils sont convaincus de la simplicité » raconte Pascal Stephany, patron d’Ubiwizz, spécialiste français de l’habitat connecté.

Trop de protocoles radio

La multiplicité des protocoles radio ralentit également l’adoption des solutions intelligentes pour la maison, tant du coté des usagers, qui peinent à choisir le(s) bon(s) standard(s) pour leur logement (pour ceux qui n’abandonnent pas dès la mention de l’expression « protocole radio » !), que des électriciens, souvent perdus devant le nombre de norme et leurs compatibilités fluctuantes. En la matière, un effort de pédagogie et de formation est également indispensable.

Les fabricants de box, de leur côté, travaillent à gagner en interopérabilité, et proposent de plus en plus souvent une compatibilité avec un maximum de technologies. « Notre passerelle est multiprotocole, elle permet de communiquer avec les protocoles radio EnOcean, io, RTS, Zwave, Wi-Fi, et d’ici quelques semaines, ZigBee 3.0 et IFTTT. C’est une vraie passerelle, qui fait le lien d’une technologie à une autre » expose ainsi Pascal Stephany.

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Les grands groupes industriels du secteur électrique partent avec une longueur d’avance

Mais ces « petits » fabricants, pour efficaces que soient leurs solutions, partent avec un double handicap d’importance par rapport aux grands groupes. Le premier est le confiance dans la marque : un acheteur se tournant vers une nouvelle technologie se sentira rassuré d’opter pour un constructeur reconnu, existant depuis des années, et dont on peut supposer qu’il existera toujours dans quelques années.

Le second est que des grands industriels comme Legrand, Delta Dore, Schneider ou Hager vont être souvent préféré par les électriciens, surtout si ces derniers ne maîtrisent pas parfaitement ces nouvelles technologies. D’abord parce que ces grands groupes ont noué des liens privilégiés avec les grands distributeurs de matériels tels que CGED ou Rexel, auprès desquels se fournissent les électriciens. Ensuite parce qu’ils peuvent débloquer des budgets importants pour organiser des démonstrations, réaliser des animations, proposer des formations afin de convaincre les électriciens – ce qui n’est pas le cas de petites structures comme Avidsen ou Ubiwizz, même si leurs solutions sont sans doute plus modulables et mieux adaptées à une variété d’usages.

Ne pas bouleverser le quotidien des électriciens, rassurer les clients

Enfin, le dernier tour de force de ces grands groupes est de développer une technologie mixte, mi-filaire, mi-sans fil, destinée spécifiquement aux électriciens, comme le Coviva d’Hager ou le Céliane with Netatmo de Legrand. Le principe : utiliser la radiofréquence, mais uniquement pour piloter le dernier mètre.

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Ainsi les électriciens peuvent continuer à travailler comme ils l’ont toujours fait, sans voir leurs habitudes bouleversées, mais en pouvant offrir à leurs clients des solutions connectées, en remplaçant simplement prises et interrupteurs par leurs équivalents intelligents. Autre avantage : en cas de panne des technologies de pilotage, le système fonctionne classiquement sur de l’électricité, ce qui rassure le client et l’électricien.

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A quand l’avènement de la domotique à grande échelle ?

Ainsi, la gestion des infrastructures domotiques a de grande chance de rester l’apanage des grands groupes, qui travaillent à simplifier l’accès aux solutions domotiques, afin de convaincre installateurs et clients qu’elles sont à la portée de tous les foyers.

Avec la future loi sur l’efficacité énergétique des bâtiments, la pertinence de généraliser les solutions domotiques saura-t-elle s’imposer à une large part de la population ? Elles permettraient en tout cas de rendre les logements moins énergivores, et donc d’avancer sur la voie de la transition écologique – tout en offrant de réelles économies aux clients. Alors, quand viendra ce fameux déclic ?

 

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