L’industrialisation des smart grids en France continue de progresser à un bon rythme : le gestionnaire réseau Enedis vient de proposer ses premières offres de raccordement intelligent, en Vendée, dans le cadre du REI SMILE. Découverte.

La France continue d’avancer, méthodiquement, sur le déploiement des smart grids sur son territoire, au niveau industriel. Les trois projets de Réseaux Electriques Intelligents régionaux, YOU&GRID, FLEXGRID et SMILE, progressent à un bon rythme, notamment les deux seconds, qui ont annoncé un rapprochement stratégique pour échanger leurs données et expériences.

Remplacer le raccordement de référence, long et coûteux, par un raccordement intelligent

C’est justement dans le cadre de SMILE qu’Enedis a présenté, le 23 février, ses deux premières offres de raccordement intelligent – quelques semaines après la première expérimentation d’autoconsommation collective. Elles ont été inaugurées au cœur du bocage vendéen, à la suite d’expérimentations menées en 2017 dans le cadre de Smart Grid Vendée (qui a été intégré à SMILE).

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Le principe de ces offres est de réduire les délais et les coûts de raccordement des énergies renouvelables pour les producteurs, à condition que ces derniers acceptent le principe d’une flexibilité : ils devront, si le réseau l’exige, limiter ponctuellement leur production en cas de pic de l’offre ou de demande basse.

« Jusqu’à présent, la solution de raccordement de référence est dimensionnée pour acheminer [la] production électrique maximum [d’un parc renouvelable], même en cas de pic de production. Selon la puissance à raccorder, et l’emplacement par rapport au réseau existant, cette solution de raccordement peut, dans certains cas, être longue et coûteuse », détaille Enedis.

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Se raccorder au réseau local, et effacer sa production en cas de saturation du réseau

Au contraire, ces nouvelles offres proposent un raccordement au réseau local le plus proche, avec de conséquentes économies de temps et d’argent. Le producteur d’énergies renouvelables (éolien ou photovoltaïque) se retrouve intégré dans ce réseau local, et ne peut injecter de l’électricité que sur cette portion du réseau.

Des équipements smart grids d’Enedis déterminent alors un prévisionnel de production et de consommation électriques locales en temps réel, en fonction de l’historique, de la météo et de tout autre événement connu.

Ce simulateur permet au gestionnaire réseau de connaître les moments où la capacité d’accueil du réseau risque d’être dépassée : dans ce cas, pour éviter une coûteuse saturation, l’agence de conduite régionale d’Enedis envoie l’ordre aux producteurs participants à cette offre intelligente de réduire leur production.

Deux offres complémentaires

La première de ces deux offres garantit au producteur qu’il pourra injecter, en permanence, une certaine puissance sur le réseau, quel que soit sa situation – tout en lui laissant, bien entendu, la possibilité d’injecter davantage en fonction des besoins du réseau ; elle va être immédiatement industrialisée dans le cadre de SMILE.

La seconde offre sera industrialisée plus tard dans l’année, toujours en Vendée ; elle consistera à demander au producteur de réduire sa production en cas de contrainte sur le réseau. Un contrat sera passé entre le producteur et le réseau de distribution déterminant un volume maximal d’effacement par an : « L’avantage, pour le producteur, sera de pouvoir traduire facilement, en termes financiers, cette énergie non injectable dans l’économie de son projet » précise Enedis.

300 000 euros d’économie contre un effacement de 4% de la production

Cette dernière offre a été testée avec succès par Vendée Energie, sur la centrale photovoltaïque de Talmont Saint-Hilaire, en 2017. Située sur le littoral vendéen, son coût de raccordement de référence, à près de 3,3 km de la centrale, atteignait les 494 000 euros, près de 10% du budget total de 5 millions d’euros. Un coût jugé prohibitif, qui remettait clairement en cause la construction de la centrale en elle-même.

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Enedis a alors proposé cette nouvelle technique de raccordement : « avec l’offre de raccordement intelligent, nous avons pu ramener la distance de 3,3 km à 40 mètres. Le coût de raccordement est tombé à 179.000 euros, soit 3,3% de l’investissement au lieu de 9,1% auparavant », explique Olivier Loizeau, directeur général de Vendée Energie.

En contrepartie, Vendée Energie devra optimiser le système de régulation de la centrale de Talmon-Saint-Hilaire : l’exploitant s’est engagé à « effacer au maximum sa production de 250 MWh/an sur trois ans lorsque le réseau est en contrainte. » .

Ce chiffre est bien entendu un maximum, si le réseau est peu en contrainte, l’effacement pourra être moindre. En admettant qu’il atteigne ces pics, cet effacement correspondrait à une perte maximale de chiffre d’affaire annuel de 4%, soit 21 500 euros – pour un économie de coût de raccordement de plus de 300 000 euros. Le calcul était vite fait, l’offre a été acceptée !

Un raccordement de 300 mètres au lieu de… 10 kilomètres !

L’autre expérimentation de cette offre concerne les cinq éoliennes du site de Chauché, là encore en Vendée. Energie Team, premier exploitant privé de la région des Pays de la Loire et troisième national avec un parc de 296 éoliennes (653 MW installés), y a déployé cinq éoliennes d’une puissance de 11,75 MW.

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« Nous nous sommes raccordés à 300 mètres de nos installations pour un investissement de 100 000 euros. Sans cela, nous aurions dû nous connecter à 10 km de là. Ce que nous avions chiffré à 1,1 million d’euros », expose Ludovic Leblanc, ingénieur chez Énergie Team. Soit une économie substantielle de 1 millions d’euros !

En contrepartie, la centrale devra accepter un effacement atteignant au maximum 2% des 24,6 kWh de production annuelle prévisionnelle : « Soit moins de 500.000 euros sur quinze ans », détaille Ludovic Leblanc, assurant, là encore, la rentabilité de l’opération.

Un accélérateur de transition énergétique

Ces deux solutions sont amenées à se développer sur l’ensemble du territoire : « A l’horizon 2030, grâce à ces nouvelles solutions, Enedis pourra raccorder sur le réseau existant 720 MW d’énergies renouvelables supplémentaires », note le gestionnaire de réseau. Rappelons qu’Enedis, en 2017, a raccordé 1,3 GW dans l’éolien et 767 MW dans le photovoltaïque ; chaque année, près de 30 000 nouveaux producteurs d’énergie sont raccordés au réseau.

En généralisant ces raccordements qui rapprochent les producteurs des consommateurs, réduisent les coûts d’installation tout en renforçant la flexibilité du réseau, Enedis va disposer d’atouts supplémentaires pour accélérer encore la transition énergétique en France. Sans précipitation, en prenant le temps de valider les options avant de les généraliser, la France bascule dans une nouvelle logique énergétique.

 

 

 

 

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