Depuis l’avènement du numérique, l’espace public des villes se transforme pour devenir connecté. Tour d’horizon des dernières innovations qui rendent nos rues, trottoirs, lampadaires et abribus plus intelligents.
De l’éclairage public aux feux de signalisation
Interface entre activités professionnelle, personnelle et sociale, l’espace urbain est un lieu hybride, qui vit actuellement une profonde mutation. Finie la jungle citadine de piétons, de deux-roues et de voitures péniblement domptés par les feux de signalisation. Depuis plusieurs années, les nouvelles technologies tentent de dessiner une ville plus harmonieuse, synonyme d’économie d’énergie, mais aussi d’échanges collaboratifs et même de découvertes. Principale poste de dépense, l’éclairage public compte pour 41 % de la facture d’électricité des collectivités. Dans le détail, malgré une baisse de la consommation de 6 % depuis les sept dernières années, il représente 16 % de la consommation énergétique totale des communes et 17 % de leurs dépenses d’énergie. Sans compter les émissions de Co2 liées aux anciens luminaires « boules » à vapeur de mercure encore en fonctionnement. Selon une récente étude de l’entreprise américaine IHS Markit, l’utilisation des diodes électroluminescentes (LED) a permis d’éviter l’émission de 570 millions de tonnes de CO2 dans l’atmosphère en 2017. Il était donc temps d’innover !
La technologie Hi’Light, conçue en partenariat avec la startup toulousaine Kawantech, permet ainsi de moduler la puissance et la portée de l’éclairage public grâce à des capteurs de présence, qui promettent jusqu’à 80 % d’économies d’énergie. La technologie de Citelum, marque ombrelle d’EDF-SE spécialisée dans les Solutions énergétiques, a également convaincu la ville de Provins de lui confier ses installations d’éclairage public, et notamment la mise en lumière de ses sites historiques, où la ville organise spectacles et défilés. La filiale d’EDF y a aussi remporté le marché de la Signalisation lumineuse tricolore (SLT), tout comme à Asnières-sur-Seine, dans la Métropole Nice Côte d’Azur et dans les villes italiennes de Rome, Milan, Venise, Naples et Florence. À la clé de ces nouveaux marchés, les municipalités comptent sur une gestion intelligente des SLT pour décongestionner leurs axes de circulation. Grâce à des algorithmes de régulation, il est maintenant possible d’adapter la signalisation à la situation du trafic. C’est le cas de Bologne (Italie) qui, en modulant la durée de ses feux verts par rapport à la position des bus, a permis une baisse de 20 % de leur temps de parcours sur les portions concernées.
Place à des plateformes centralisées
Autre source de frustrations en ville : attendre un bus sans savoir quand il arrivera. Là aussi, les nouvelles technologies investissent l’espace public avec du mobilier urbain connecté comme des abribus à écran digital à LED intégré, qui proposent des renseignements aux voyageurs, des journaux d’information, du Wifi et des prises USB pour recharger son téléphone. Si Paris en est déjà équipé, d’autres villes comme Bristol (Royaume-Uni) se servent des lampadaires, des boites aux lettres ou encore des bornes à incendie pour faire vivre aux citadins des expériences nouvelles en dialoguant directement avec eux ou en leur faisant découvrir le patrimoine de leur ville.
Pour coordonner tous ces appareils, les communes s’équipent de plateformes permettant de gérer l’ensemble des ressources de manière optimale. La plateforme collaborative de gestion de l’espace urbain MUSE par exemple, planifie les différentes interventions et gère les événements du quotidien. En suivant en temps réel le fonctionnement de leurs équipements sur MUSE, les villes peuvent utiliser au mieux toutes leurs fonctionnalités comme l’allumage et l’éclairage à distance des luminaires. À Dijon, le futur système de gestion connectée de l’espace public regroupera fin 2018 l’éclairage, l’énergie, les services de voirie et la vidéosurveillance. Assistée par Bouygues Énergies et Services, Citelum, Suez et Capgemini dans ce projet à 105 millions d’euros, la métropole dijonnaise espère notamment effectuer au moins 65 % d’économies sur l’éclairage public, 50 % sur les coûts de maintenance et améliorer significativement les délais d’intervention sur la voierie.
« Notre démarche met résolument le citoyen et son usage de la ville au cœur des services publics, résume François Rebsamen, maire de Dijon, et je suis convaincu que de nombreux services numériques aux habitants restent à inventer, grâce auxquels nous pourrons leur donner des informations en temps réel, mais aussi améliorer nos pratiques de démocratie participative. C’est une formidable opportunité de développement économique et d’attractivité pour le territoire. » Après les économies d’énergie et la création de lien social, le prochain défi de la ville intelligente sera probablement de limiter son impact sur l’environnement avec des services connectés fonctionnant à partir d’énergies renouvelables ou encourageant à adopter des pratiques éco-responsables.