Eric Morel, expert Smart Energy chez MACH & TEAM, animera la SALLE FOCUS INTENATIONAL le mercredi 27 mai 2015 prochain, lors du congrès SG PARIS 2015.

Comment le marché des Smart Grids évolue-t-il selon vous ?

L’évolution du marché des Smart Grids dépend du contexte de chaque pays ; il n’y a donc pas de réponse globale. Toutefois, malgré les particularités locales, les facteurs influant sur cette évolution sont toujours les mêmes.

Tout d’abord, les facteurs positifs :

– les offreurs communiquent beaucoup et poussent pour un développement assez rapide; ils voient souvent les Smart Grids comme une opportunité d’animer un marché souvent atone et de reconstituer des marges érodées.

– de nouveaux entrants issus des mondes du numérique ou des services bousculent les habitudes.

– le développement des énergies renouvelables et des sources de production localisées, facteur de base du développement des Smart Grids, est inéluctable.

– la pression sur l’efficacité énergétique est constante.

– l’engagement des acteurs territoriaux (villes, agglomérations, métropoles) crée une dynamique supplémentaire.

 

Au regard de ces influences favorables, des facteurs négatifs restent plus ou moins impactant :

– la réglementation a des difficultés à appréhender la complexité des enjeux; quelquefois, elle n’est ni cohérente ni vertueuse, et accompagne tant bien que mal les évolutions du marché

– la stratégie défensive de certains énergéticiens

– la difficulté de la plupart des consommateurs à comprendre leur impact sur la performance énergétique, freinant leur engagement

– les nécessaires évolutions de gouvernance, toujours très complexes.

 

La résultante de ces facteurs donne au marché un rythme d’évolution lent. Le Big Bang des Smart Grids n’est donc pas pour demain.

La position dominante, ardemment défendue, des principaux énergéticiens français, rend l’évolution du marché plus incertaine à court terme. Il sera néanmoins intéressant de suivre le résultat de l’implication croissante des collectivités territoriales.

 

Participez-vous au développement de la filière smart grids en France ou à l’international ?

Au travers de Mach&Team, je participe activement au développement des Smart Grids, dans de nombreux pays, au travers d’initiatives très opérationnelles. Ces projets sont menés avec des énergéticiens et des agglomérations urbaines et sont centrés sur les sujets sensibles du moment : le décloisonnement des systèmes, au travers des Micro-grids notamment, et l’engagement cohérent et coordonné de l’ensemble des acteurs.

A titre d’exemple, j’ai développé et déployé un processus d’engagement des consommateurs. Je contribue à la conception de l’architecture technique et à l’évolution de la gestion de systèmes énergétiques territoriaux, ainsi qu’à la définition de nouveaux modes de gouvernance de ces systèmes; enfin, je développe avec mes clients une approche complémentaire entre infrastructure énergétique et services énergétiques.

Je me focalise davantage sur la création de filières d’acteurs énergéticiens que sur la création de filières industrielles relatives aux Smart Grids; l’émergence d’un besoin clairement exprimé est aujourd’hui nécessaire au décollage du marché.

 

En quoi les smart grids pourraient influencer positivement le « dérèglement climatique » ?

En admettant que les gaz à effet de serre sont la cause principale du dérèglement climatique, les Smart Grids peuvent avoir une influence positive à deux titres :

– sans être le seul levier d’efficacité énergétique, ils permettent néanmoins d’aller chercher une performance supplémentaire en la matière, qui peut se traduire, en fonction du mix énergétique, en baisse d’émissions de gaz à effet de serre.

– les Smart Grids permettent d’exploiter des réseaux électriques ayant davantage recours aux énergies vertes, souvent intermittentes et non prédictibles comme le solaire ou l’éolien.

 

Quel sera l’impact de la loi de transition énergétique sur le marché des smart grids ?

Dans l’état actuel du texte, en n’imposant pas d’objectif d’efficacité énergétique et en restant frileux sur les énergies renouvelables, la loi sur la transition énergétique ne sera pas un catalyseur du marché des Smart Grids. Mais peut-on parler de transition énergétique à propos d’une loi qui, de manière sous-jacente, privilégie la défense du système énergétique d’aujourd’hui?

A l’heure où chaque acteur, individuel, professionnel ou institutionnel, doit s’apprêter à modifier ses comportements, doit s’engager à mieux comprendre son impact pour une utilisation progressivement plus vertueuse de l’énergie, les messages paradoxaux, les engagements non tenus, les objectifs non crédibles sont autant d’actions profondément contre-productives.

 

En quoi la data révolutionne le marché ?

Le traitement d’un grand nombre de données n’est pas une fin en soi. C’est plutôt un moyen de créer plus de valeur ou de donner un sens, auparavant inaccessible, à ces données. La simple existence d’une masse importante de données ne justifie pas toujours ce type de traitement.

Dans un marché émergent, le « big data » n’est pas donc une révolution, sauf sur quelques applications simples et bien ciblées. Il le deviendra quand les énergéticiens et autres acteurs du marché de l’énergie se seront appropriés les nouveaux systèmes énergétiques et implémenteront de nouveaux processus métier. Alors seulement, le « big data » sera indispensable et deviendra partie intégrante des solutions.

Nous sommes, sur ce sujet, à l’heure des premiers développements et de la montée en puissance. Nous vivons donc une étape d’investissements économiques et pédagogiques.

 

Comment créer de la valeur avec les Smart Grids ?

Tout d’abord, les Smart Grids donnent accès à une valeur économique. Mettre les systèmes énergétiques sous surveillance continue, les commander à distance permet d’optimiser l’utilisation de ces systèmes et donc, à long terme, de réduire les investissements en infrastructure. Cela permet aussi une plus grande efficience énergétique.

Ils contribuent ensuite à la création d’une valeur écologique en permettant un développement plus important des énergies renouvelables.

Ils introduisent néanmoins beaucoup de bouleversements dans la chaîne d’acteurs : la valeur potentiellement captée ne peut l’être que si les acteurs se réinventent et si la réglementation accompagne ou favorise (c’est un choix politique) cette mutation.

Pour l’heure, la stratégie défensive de nombreux acteurs français tend à limiter la valeur accessible à court et moyen terme avec les Smart Grids.

 

Pourquoi aller des Smart Grids  au Micro-Grids ?

Smart Grids et Micro-Grids ont tous pour but de permettre un équilibre entre production et consommation énergétique dans un contexte nouveau, caractérisé principalement par l’apparition de sources de production intermittentes moins prédictibles et par la nécessité d’une plus grande efficience, énergétique et économique.

Les Micro-Grids sont des Smart Grids déployés sur un territoire plus limité comme le site des grands consommateurs, des quartiers etc…

L’émergence des Micro-Grids répond à des enjeux de résilience. Ils peuvent permettre une exploitation technique plus simple, par niveaux, de systèmes énergétiques ayant fortement recours aux énergies renouvelables et autorisent une transversalité plus importante entre énergies.

Enfin, localement, ils facilitent la compréhension et donc l’engagement des différents acteurs et permettent de faire évoluer des systèmes de gouvernance, anciens, figés, et peu à l’écoute des besoins des consommateurs ou des territoires.

Malgré les freins à leur développement à très court terme, je pense qu’ils sont promis à un bel avenir.

Pour assister à sa présentation, s’inscrire au congrès SG PARIS 2015 ici.

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