Avec un sous-sol regorgeant de charbon, de pétrole et d’uranium, le choix des énergies renouvelables (EnR) n’avait rien d’évident pour le Kazakhstan. Pourtant le géant d’Asie Centrale s’est lancé dans une ambitieuse politique visant à développer les EnR, l’efficacité énergétique et les smart grids. Objectif : baisser ses dépenses énergétiques, réduire ses émissions de gaz à effet de serre et ne plus dépendre des combustibles fossiles.

A l’image des pays du Moyen-Orient, le Kazakhstan n’entend pas s’endormir sur sa richesse en combustibles fossiles et en uranium, et a décidé d’investir largement dans les énergies renouvelables.

Le pays dispose pourtant de réserves conséquentes d’uranium (2éme rang mondial, 1er exportateur avec 39% de la production mondiale), de charbon (8e), de pétrole (12e) et de gaz naturel (24e). La pays est, logiquement, un des plus gors consommateurs de combustibles fossiles : en 2014, sa production d’énergie primaire est composée à 99,6 % de ces combustibles (30 % de charbon, 50,7 % de pétrole et 18,8 % de gaz naturel). De même, la production électrique kazakhe était en 2014 à 92,1% d’origine fossile.

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Malgré des réserves de combustibles fossiles, le Kazakhstan fait le pari des renouvelables

Pour autant, le pays s’est engagé, ces dernières années, dans une révolution énergétique. Voulant anticiper l’épuisement inéluctable des réserves de combustibles fossiles et réduire ses émissions de gaz à effet de serre, le Kazakhstan a décidé de valoriser son potentiel en énergies renouvelables.

Car la nature s’est montée généreuse avec le plus grand Etat d’Asie centrale : le pays dispose d’un taux d’ensoleillement fort, avec des zones désertiques où le potentiel solaire est particulièrement élevé, au sud du pays notamment. Ses nombreuses montagnes regorgent de sites propices à l’installation de centrales hydro-électriques. Il est balayé par des vents puissants et plutôt réguliers : dans la seule région de la capitale et de Fort-Shevchenko (5% de la surface du pays), le potentiel éolien suffirait à répondre aux besoins en électricité de l’ensemble du pays.

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Un potentiel d’EnR considérable

Une étude des chercheurs de l’université de Lappeenranta, en Finlande, a d’ailleurs démontré que l’ensemble des pays de l’Asie Centrale pourraient baisser leurs coûts énergétiques de 20% en exploitant pleinement leur potentiel renouvelable.

« Le Kazakhstan va intégrer progressivement des sources d’énergie renouvelable dans son mix énergétique jusqu’en 2020. À partir de 2020 et jusqu’en 2030, le pays suivra une approche plus active » a déclaré, en 2016, le ministre de l’Energie, M. Bozumbayev.

1% de la consommation énergétique en 2017, 3% en 2020, 30% en 2030 ?

Début 2017, 252 projets renouvelables avaient déjà vu le jour, représentant une puissance installée de 252 MW (122,99 MW pour l’hydroélectricité, 71,87 MW pour l’éolien, 57,16 MW pour le solaire, 0,35 MW pour le biogaz), et produisant l’équivalent de 1% de la consommation d’énergie du pays.

D’ici 2020, 23 centrales photovoltaïques, 20 champs d’éoliennes et 10 unités de production de biomasse supplémentaires devraient porter ce total à 3% de la consommation d’énergie.

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En mai 2018, un appel d’offre a été lancé correspondant à 1 GW supplémentaires d’EnR. L’objectif affiché du gouvernement est d’atteindre 30% de la consommation d’origine renouvelable en 2030, et 50% en 2050.

Vers une réduction des émissions de gaz à effets de serre

Le pays envisage ainsi de réduire ses émissions de gaz à effet de serre en 2030 de 15% minimum par rapport à leur niveau de 1990, avec un objectif haut de 25%.

« En plus de stimuler l’exportation de gaz, une augmentation de la production va nous permettre d’utiliser le gaz sur le marché intérieur plus activement et de développer la production au gaz au lieu de technologies à base de charbon. Cela aidera à réduire l’impact environnemental du système énergétique national et réduire les émissions de gaz à effet de serre dans l’atmosphère », note M.Bozumbayev.

Smart grids et efficacité énergétique

Parallèlement à cette démarche volontariste, le pays investit également dans les solutions smart grids et l’efficacité énergétique. L’Astana EXPO 2017, un salon international sur les énergies du futur, fut la vitrine du savoir-faire et des ambitions kazakhes. Un éco-quartier de 25 hectares a été construit pour y installer l’exposition ; il est depuis devenu le centre d’efficacité énergétique d’Astana.

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Utilisant photovoltaïque, éolien et géothermie, l’éco-quartier est équipé d’un smart grid permettant de piloter production et consommation d’électricité. Les bâtiments disposent d’une isolation thermique optimale, des solutions intelligentes ont été appliquées : les ventilations se règlent par exemple automatiquement en fonction du nombre de personnes présentes dans les pièces. L’éclairage public est également intelligent : en s’adaptant à la circulation, il permet de réduire la consommation de 30% par rapport à des LED classique.

Au final, la facture énergétique de ce quartier correspond à 30% de celle d’un quartier de taille équivalente – c’est du moins ce qu’affirment les autorités kazakhes.

Investissements étrangers

Ce boom des énergies vertes attire évidemment les investisseurs et les entreprises étrangères, qui sont accueillis les bras ouverts par le gouvernement kazakh. La Banque européenne pour la reconstruction et le développement (BERD) a ainsi déjà investi 8,7 milliards de dollars dans des projets d’EnR et d’efficacité énergétique.

La France n’est pas en reste. La présence de groupes français au Kazakhstan n’est pas neuve, elle date pratiquement de l’indépendance de l’ex-république soviétique. Ainsi Orano (ex-Areva) exploite depuis 1996 les mines de Muyunkum et de Tortkuduk. Total est également présent depuis à peu près la même époque.

Sur le front des EnR, le pionnier s’appelle Urbasolar. L’entreprise montpelliéraine est présente à Astana depuis 2012, où elle équipe les toits de la capitale de panneaux photovoltaïques. Impliquée dans le projet Astana EXPO 2017, elle a construit cette année sa première centrale photovoltaïque au sol. Baptisée Zadarya, elle ajoute 14 MW supplémentaire au parc EnR du Kazakhstan.

 

 

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