L’Inde s’est fixé des objectifs élevés en termes de réduction de ses émissions de gaz à effet de serre, en planifiant une spectaculaire augmentation de ses capacités de production d’électricité renouvelable. Si le pays a déjà lancé, avec un étonnant succès, une politique de grands travaux, l’Inde a besoin de mobiliser d’importants capitaux pour atteindre ses objectifs.

L’Inde veut devenir un exemple de transition énergétique réussie. Le pays n’a pas peur d’afficher des ambitions qui en ferait la plus brillante réussite mondiale en la matière. Car si le mix énergétique indien s reste actuellement terriblement tributaire des énergies fossiles (l’Inde a même eu l’autorisation d’augmenter sa production de charbon, en 2017, sans être exclue de l’accord de Paris), le gouvernement a posé des ambitions qui pourraient sembler démesurés.

Inde : des grandes ambitions renouvelables

A l’horizon 2030, le pays vise les 40% de renouvelables dans son mix énergétique total, grâce à 227 GW de puissance renouvelable supplémentaire installée, mais aussi la fin des voitures à combustibles fossiles, la fin de l’utilisation du pétrole, et une réduction des émissions de gaz à effet de serre de 30 à 35%.

La répartition de ces nouvelles installations renouvelables serait la suivante : 52% de solaire, 39% d’éolien, 7% de biomasse et 2% de petite hydraulique. Dont 100 GW de puissance photovoltaïque et 60 GW de puissance éolienne supplémentaires !

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Le pays s’est, pour cela, lancé dans une politique de grands travaux renouvelables et soutient massivement la création de nouveaux parcs. L’Inde est ainsi devenue le 4ème marché mondial pour l’éolien, et le 6ème pour le solaire, mais les analystes estiment que le pays se positionnera très vite, sur cette dernière énergie, à la troisième marche du podium, juste derrière la Chine et les Etats-Unis.

Des besoins de financement colossaux

Mais pour atteindre ces objectifs, l’Inde aura besoin de 189 milliards de dollars (168 milliards d’euros), uniquement pour le photovoltaïque et l’éolien. L’Etat ne disposant pas d’une telle capacité d’investissement, le pays va devoir s’appuyer sur des capitaux privés. Car le risque principal d’échec de cette planification viendrait d’« un manque de fonds propres et d’investissement par l’emprunt », selon Gireesh Shrimali, ancien directeur de l’organisme Climate Policy Initiative en Inde.

Le gouvernement entend d’ailleurs favoriser l’investissement privé, via des accompagnements ad hoc : les deux principales mesures en discussion sont d’octroyer une dette à long terme aux intérêts bas ou d’offrir des solutions d’amortissements accélérés (via des crédits d’impôt) pour les projets retenus.

Le soutien de grands groupes internationaux

Mais ce boom des renouvelables attirent également les grands groupes internationaux. La société britannique Thomas Lloyd Group, spécialisée dans les investissements (en particulier énergétiques) en Asie, a ainsi financé et achevé la construction de deux projets photovoltaïques de très grande importance.

Dans l’état du Karnataka, au sud du pays, une centrale de 700 000 mètres carrés a été inaugurée début 2018. Elle fournit de l’électricité à 72 000 personnes. Elle profite de conditions optimales pour le photovoltaïque : le parc reçoit près de 2 000 kilowattheures de rayonnement solaire par mètre carré, soit presque deux fois plus que la moyenne de l’Europe centrale.

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Elle a été construite par un consortium formé de Ja Solar (Chine, modules photovoltaïques), Shilchar (Inde, transformateurs de tension), Newsol (Suisse, systèmes d’assemblages et Lapp (Allemagne, ligne de production). L’investissement total est de 31 millions de dollars.

A Telangana, près d’Hyderabad, dans le centre du pays, un autre parc photovoltaïque de Thomas Lloyd, construit durant les deux dernières années, fournit de l’électricité à 20 000 personnes.

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Parallèlement, la société d’investissement a pris le contrôle de SolarArise, un développeur indien qui planifie, construit et exploite des parcs solaires. Devenu son principal actionnaire, Thomas Lloyd va faire augmenter la puissance électrique installée par SolarArise en Inde de 130 MW à 250 MW à moyen terme. Sur le long terme, le groupe veut la porter à 1,5 GW, grâce à 30 nouvelles centrales de grande taille, pour un investissement total estimé à 950 millions d’euros.

Les groupes français (Engie, EDF Renouvelables) investissent en Inde

Autre investisseur étranger récemment impliquée en Inde : la banque allemande de développement KFW a signé en août 2018 un accord de prêt de 200 millions d’EUR au nom du ministère fédéral allemand de la coopération économique et du développement avec l’Indian Rural Electrification Corporate Limited.

Les groupes français ne sont pas en reste. Engie vient d’annoncer un investissement de 1 milliards d’euros en Inde sur 5 ans. EDF Renouvelables, en partenariat avec le Groupe SITAC vient de remporter un appel d’offres lancé par le Gouvernement indien, portant sur un projet éolien de 300 MW ; la société totalise déjà 600 MW d’installations renouvelables dans le sous-continent.

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Le boom programmé des compteurs intelligents et des smart grids

Autre priorité du gouvernement indien : moderniser le réseau électrique, en particulier par des technologies smart grid, permettant de mieux intégrer les renouvelables au mix électrique. Le pays a lancé un grand programme d’investissement sur les réseaux intelligents, de près de 45 milliards de dollars pour la période 2017-2027.

Le gouvernement a notamment planifié l’installation de 250 millions de compteurs intelligents. Dans ce domaine aussi, l’Inde s’appuie sur l’expertise française. EDF International Networks vient ainsi d’entamer le déploiement de 5 millions de modèles Genus dans l’état de l’Andhra Pradesh, au sud-est, et de Bihar, au nord-est, près du Népal.

L’Inde a donc conscience de la nécessité, de rendre son réseau de distribution plus flexible, réactif, décentralisé et sûr, à l’aide d’outils intelligents, parallèlement à l’installation massive de renouvelables intermittents, afin de pouvoir pleinement profiter de l’énergie qu’ils vont produire. Une manière ne pas reproduire, en la matière, l’erreur d’un autre sous-continent, la Chine, quand l’Empire du Milieu s’est lancé dans une course (désordonnée) aux renouvelables.

 

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