Les villes moyennes sont un élément clé du maillage du territoire français et sont, en cela, fondamentale dans le déploiement de solutions smart city. De nombreuses villes ont déjà pris à bras le corps ces problématiques et ont déployés, à divers niveaux, des outils numériques à destination de leurs citoyens. D’Arras à Agen, en passant par Béthune, gros plan sur quelques unes de ces pionnières.
Nous avons vu, dans la première partie de notre étude, que les villes moyennes de France pouvaient prétendre à devenir, elles aussi, des smart city, en ce centrant sur quelques thématiques fortes – les liens avec les citoyens, la digitalisation, le traitement des données et la gestion des réseaux (électricité, eau, gaz, etc.).
Certaines villes à la population comprise entre 20 000 et 100 000 habitants ont déjà entamé leur révolution numérique et font figure d’exemple dans la transformation d’une ville moyenne en smart city.
Béthune, démonstrateur de la smart city appliqué à une ville moyenne
En la matière, Béthune, 25 413 habitants, tire nettement son épingle du jeu. La ville des Hauts-de-France a lancé un projet baptisé « Béthune Cap2020 », qui ambitionne d’intégrer dans la logique urbaine quatre évolutions sociétales majeures :
- les technologies de l’information et de la communication
- la transition énergétique
- le citoyen acteur et responsable
- la nouvelle gouvernance décloisonnée.
Béthune veut devenir un véritable démonstrateur d’application des solutions smart city pour les villes moyennes, en impliquant fortement ses citoyens, en coordonnant initiatives publiques et privées. Le projet s’appuie ainsi sur 7 piliers, porteurs d’initiatives variées :
- se déplacer autrement : la ville veut déployer une application smartphone permettant de prévoir son trajet en combinant différent moyen de transport ; la valorisation des transports en commun est une priorité, leur électrification un projet
- faciliter l’accès à la santé par des outils numériques, notamment un « cluster senior »
- travailler et se former dans un territoire attractif : création d’espaces de coworking ; réduction de la fracture numérique grâce à un plan de 250 000 euros sur cinq ans ; création d’une école des Objets Connectés et d’autres pôles d’activité numérique ; déploiement d’ateliers gratuits de sensibilisation des enfants au numérique
- consommer et se divertir : création d’un site internet mutualisé pour les commerçants de la ville, création d’un potager solidaire
- maîtriser l’impact écologique : projet d’éco-rénovation ; plan de modernisation de l’éclairage public via des solutions intelligentes ; projet Felicity, qui offre un diagnostic précis des voiries et du mobilier urbain, permettant un calendrier et un budget des travaux à venir
- développer l’accessibilité du service public, via des plateformes de e-services
- s’impliquer dans sa ville : déployer des projets participatifs et citoyens grâce à des portails dédiés
Arras, une Human Smart City
La municipalité d’Arras, dans le Pas-de-Calais, 42 501 habitants, s’est elle aussi lancé dans une démarche smart centrée sur la qualité de vie de ses habitants. Plaçant l’humain au cœur de ses préoccupations, une Smart Team a été chargé de recenser les initiatives de digitalisation déjà en cours et de les fédérer : plus de 150 projets ou services « smart » ont ainsi été identifiés.
Une vaste entreprise de formation des agents de la ville et de simplification de leur travail à l’aide d’outils numériques est en cours : une interface a notamment été mise en place pour fluidifier les travaux de maintenance des différentes équipes techniques de la ville.
Une application de signalement existe déjà, qui permet à chaque citoyen d’envoyer aux services de la ville toute doléance, idée, remarque pratique, mais aussi d’indiquer la présence de déchets sur la voie publique, le dysfonctionnement ou la détérioration d’un équipement public (lampadaire hors service, trottoir abîmé, etc.). Cette application permet d’impliquer les habitants dans la vie de la ville.
D’autres projets sont en cours de réalisation, un portail citoyen permettant d’effectuer toutes les démarches en ligne (notamment les prises de rendez-vous), une « place connectée » près de la gare ou un pôle éducatif innovant.
Agen, pionnière de l’open data
Agen, 35 465 habitants, se distingue quant à elle par sa politique d’open data, qui est déjà une réalité. Les données publiques de la ville sont en effet ouvertes aux usagers, associations, citoyens, entreprises, pour leur permettre de créer de nouveaux services, notamment sous forme d’application web. Une plateforme en ligne permet également de géolocaliser les données et de présenter ces dernières sous forme de graphique, en fonction des besoins de l’usager.
Parallèlement, la ville a mis en place une plateforme dédiée à la solidarité et la lutte contre l’exclusion. Suivant une pratique existant depuis 2002 au Québec et nommée « accorderie », la plateforme permet aux habitants de se regrouper pour échanger entre eux des services sans aucune contrepartie financière. Les conseils de quartier de la ville participent largement à la diffusion et au développement de cette belle initiative, en aidant à la formation au numérique des membres de l’association qui coordonne ce projet.
Beauvais, le numérique au quotidien
Beauvais, 56 772 habitant, est également une vitrine des solutions smart city appliquées à une ville moyenne. Un portail citoyen offre aux habitants de réaliser de nombreuses démarches administratives en ligne – pré-inscription aux écoles publiques, réservation de la cantine ou stockage des documents du citoyens (pièce d’identité, livret de famille, justificatif de domicile…) afin de les transmettre directement aux différentes administrations.
La municipalité a mis en place une application permettant de connaître l’actualité municipale, contacter les services de la mairie ou faire un signalement ; le stationnement peut être payé via son smartphone, et les cartes de transports se rechargent sur des bornes interactives.
La ville déploie également ses efforts pour former ses agents aux nouvelles technologies, et prendre leurs avis pour améliorer les modernisation en cours. La municipalité multiplie également les initiative pour former les plus jeunes aux outils digitaux et pour réduire la fracture numérique.
D’autres villes se sont également distingué ces dernières années par leurs outils smart appliqués à la vie municipales, comme Boulogne-sur-Mer, Cahors, Martigues ou Vannes : preuve qu’aux quatre coins de la France, les projets se multiplient, et la bascule vers un smart territoire appliqué à l’ensemble du pays ne semble plus une utopie.