Le bilan de l’année 2018 pour les énergies renouvelables (EnR) en Australie est tout bonnement exceptionnel. Le pays a pulvérisé ses records de 2017, avec des investissements doublés d’une année sur l’autre. 38 nouvelles centrales de grande taille ont notamment été installées. Ce volontarisme doit se poursuivre, pour assurer la transition énergétique du pays, sans perdre de vue la sécurisation du réseau électrique.
L’Australie s’est engagée à réussir sa transition énergétique, et à réduire son empreinte carbone. Le secteur de l’électricité a été immédiatement pointé comme une priorité pour diminuer les émissions : l’électricité était historiquement, dans ce pays réfractaire au nucléaire, produite exclusivement à partir de combustibles fossiles. Le gouvernement a décidé de le convertir, progressivement, aux renouvelables, et s’est lancé dans une politique de grands travaux.
2018, année record pour les renouvelables en Australie !
Comme chaque année, le Clean Energy Council, association des filières renouvelables en Australie, vient de présenter le bilan 2018 des EnR productrices d’électricité dans le pays. Les investissements pour les parcs renouvelables de grande ampleur avait atteint un record en 2017, avec 10 milliards de dollars australiens (6,4 millards d’euros). Ce record a été pulvérisé l’année dernière : les investissements ont doublé en 2018, pour atteindre 20 milliards de dollars australiens (12,7 milliards d’euros) !
38 centrales de grande taille ont été inaugurées dans le pays en 2018. Les deux plus importantes sont les deux centrales éoliennes de Sapphire, en Nouvelle-Galles du Sud, avec 270 MW de puissance installée, et de Mt Emerald, dans le Queensland, avec 181 MW. La troisième plus importante est le parc photovoltaïque de Coleambally, mise en service par le groupe français Neoen, en Nouvelle-Galles du Sud, avec 150 MW. En tout, plus de 10 000 emplois ont été créé par ces installations.
L’autoconsommation photovoltaïque, une histoire d’amour australienne
Début 2019, 87 autres projets de grande ampleur étaient par ailleurs en construction ou validés financièrement, pour un total de 14,5 GW de puissance supplémentaire programmée.
Au-delà des grandes installations, l’autre tendance forte est le développement de l’autoconsommation, essentiellement photovoltaïque, particulièrement populaire en Australie. En tout, plus de 2 millions de foyers sont déjà équipés – soit un sur cinq dans tout le pays. Avec, à la clé, des économies financières réelles : les foyers équipés ont économisé en moyenne 540 dollars australiens sur l’année (environ 340 euros).
La croissance des EnR met-elle en danger la sécurité de l’approvisionnement ?
En terme de production d’électricité, les EnR ont atteint 21,3% du total australien, en constante progression, avec 48,3 TWh en 2018. L’hydroélectricité a représenté 35,2% de cette production renouvelable, l’éolien terrestre 33,5%, le photovoltaïque 24,3% et la biomasse 7,1%. Pour autant, les combustibles fossiles, charbon en tête, ont encore représenté plus de 78% de la production d’électricité, générant une importante pollution.
Ce développement à grande échelle des renouvelables va donc se poursuivre, en s’appuyant notamment sur l’éolien et le photovoltaïque, deux énergies intermittentes. La part croissante qu’ils prennent dans le mix pose la question de la sécurité de l’approvisionnement, dans un pays extrêmement vaste et peu densément peuplé, où le réseau électrique manque de robustesse.
Investir dans les solutions de stockage pour sécuriser le réseau
Les coupures ne sont pas rares en Australie. La plus spectaculaire fut le black-out qui a frappé 1,7 millions de personnes dans l’Etat d’Australie Méridionale fin septembre 2016.
Pour répondre à ces contraintes, l’Australie a décidé, à la suite de cette violente coupure, d’investir largement dans les solutions de stockage. C’est justement en Australie Méridionale que Tesla a construit sa fameuse « plus grande batterie du monde », un ensemble de batterie Lithium-Ion de 100 MW pouvant stocker jusqu’à 129 MWh.
Cette unité a fait preuve, en 2018, de son efficacité pour sécuriser l’approvisionnement en électricité de la région et optimiser production et consommation d’électricité. A elle seule, elle a réduit les coûts de production électrique de 50 millions de dollars australiens (32 millions d’euros).
Equiper les foyers de batteries
Cinq autres batteries de grande capacité sont en service en Australie, permettant de stocker en tout plus de 100 MWh supplémentaires. De nombreux autres projets sont en projet.
Le gouvernement incite d’ailleurs les foyers australiens, notamment ceux qui pratiquent l’autoconsommation photovoltaïque, à s’équiper d’un système de stockage stationnaire domestique. L’Etat d’Australie Méridionale a ainsi investi 180 millions de dollars australiens (114 millions d’euros) dans un programme de soutien à ces batteries. Au niveau fédéral, l’Australie s’est donné comme objectif d’atteindre un million de foyers équipés de batteries à l’horizon 2025.
STEP by STEP
Mais les batteries ne sont pas la seule technologie de stockage d’électricité plébiscitée par l’Australie. Le gouvernement fédéral a donné le feu vert, en février 2019, au lancement du projet Snowy 2.0 qui prévoit d’augmenter fortement, dans l’Etat de Nouvelle-Galles du Sud, les capacité de stockage par stations STEP.
Le petit Etat de Tasmanie, dont l’électricité est produite à 95,9 % par des renouvelables (essentiellement de l’hydroélectricité), a lui aussi décidé d’investir largement dans les STEP.
L’Australie semble ainsi avoir bien compris la nécessité de développer conjointement la puissance renouvelable installée et les solutions de stockage, afin de verdir progressivement son mix électrique. Et tout porte à croire que, de ce point de vue, l’année 2019 va, une fois encore, battre les records de 2018 !
Beaucoup d’incompréhension sur les méfaits de l’éolien et du solaire, qui ont déjà produits des blackouts en australie du Sud.
Avec près de 80 % d’électricité tirée du charbon, ce n’est pas tant le risque de pénurie d’électricité que les fluctuations rapides des sources intermittentes, liées à celles du soleil et du vent, qui sont un risque majeur sur la stabilité du réseau.
Dans ces conditions, l’utilisation de batteries de grande taille, qui amortit ces fluctuations, est une bonne solution.
Mais si le taux de pénétration des énergies intermittentes, faible actuellement, continue de croître et que simultanément l’Australie arrête ses centrales au charbon, va se poser le problème du stockage de masse de l’électricité, notamment pour les besoins intersaisonniers, qui va se poser avec aucune solution industrielle en vue, en Australie comme ailleurs dans le monde.
A noter aussi que les STEP, solution de stockage intermédiaire, ne constituent pas une solution réaliste dans une région où l’hydraulique produit l’essentiel des besoins en électricité, car les STEP sont des …stockages hydrauliques ! Autant conserver l’eau dans les barrages.