Si seulement 576 MW d’électricité photovoltaïque supplémentaire a été raccordée en France en 2016 (plus bas total depuis 2009), l’évolution du parc solaire français se poursuit, avec une claire volonté publique de mettre en avant cette énergie renouvelable, et de nouvelles pratiques qui se développent. Bilan et perspectives.

Début mai 2016, l’Observatoire de l’énergie solaire photovoltaïque a publié son étude annuelle. Le constat est sans appel. Pour ce qui est des nouvelles installations photovoltaïques, la France n’a pas suivi le mouvement mondial en 2016 : sur l’ensemble de la planète, les nouvelles installations raccordées atteignent les 71 GW, soit une augmentation de 40%.

En France métropolitaine, seulement 576 MW ont été raccordées, quand les années 2014 et 2015 avaient presque atteint les 1 000 MW (soit 1 GW) raccordées. Ce volume de nouvelles installations est le plus faible depuis 2009, l’année où le solaire a vraiment démarré en France.

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Discontinuité des appels d’offre et forte volonté publique

Ce décalage s’explique en grande partie par une discontinuité dans les appels d’offre, notamment durant la période 2012-2014, qui fait que peu de projets d’envergure ont vu le jour en France en 2016. Et comme la création de grandes installations, qui bénéficient d’un tarif de rachat de l’électricité, est contingentée et soumise à autorisation, les nouvelles installations ont été freinées l’année dernière.

Ce mouvement devrait en revanche s’inverser en 2017, avec le raccordement de projets émanant de deux grandes campagnes d’appel d’offre : la première est celle de novembre 2014, portant sur des centrales au sol, sur ombrières de parking et grandes toitures, pour une puissance totale initialement prévue de 400 MW, relevée ensuite sur volonté du président de la République à 800 MW, répartie sur 220 projets.

La seconde campagne d’appels d’offre est celle de mars 2015, portant sur des projets de plus faibles ampleur, pour un total de 240 MW répartis sur 1 080 projets. Au total, la barre des 1 GW installés sur l’année 2017 devrait être franchie – assez largement, espèrent les plus optimistes.

Objectif 20 GW de puissance installée en 2023

L’objectif fixé par la programmation pluriannuelle de l’énergie du 2 novembre 2016 est de 10,2 GW d’installation totale pour 2018, et une fourchette compris entre 18,2 et 20,2 GW en 2023.

Pour se faire une vigoureuse politique publique de nouvelles installations et appels d’offre est en cours, en mettant l’accent sur les solutions les plus efficaces comme les installations photovoltaïques au sol et en visant en priorité les projets sur des espaces déjà occupés par des réalisations humaines artificielles, de manière à préserver les espaces naturels et agricoles.

Des appels d’offre ont été lancés en 2016, qui devrait aboutir à une attribution d’environ 1,6 GW de projets sur cette année ; l’objectif est d’atteindre ensuite environ 2 GW d’appels d’offre par an, si l’objectif de 2023 veut être atteint.

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Déjà 1,7% de la production métropolitaine totale

Concernant la production, la croissance est de 11,3% par rapport à 2015, dans la continuité de l’augmentation du parc solaire, dopée par un ensoleillement fort durant l’été. Un nouveau record de production a été atteint, avec 8,3 TWh, soit un taux de couverture de la consommation nationale de 1,7%, contre 1,5% en 2015. Le taux de couverture maximum a été atteint le 7 août 2016 à 14h avec 12,7%.

Rappelons que la puissance et la production d’une source d’énergie sont deux éléments distincts : un panneau photovoltaïque ne fournit pas de l’énergie tout le temps, il ne fournit par exemple aucune électricité la nuit ; et quand il en fournit, sa production, à puissance égale, peut varier en fonction de nombreux facteurs, en premier lieu le niveau d’ensoleillement, mais aussi la rentabilité du panneau lui-même ou le nombre de jours de maintenance par an.

On appelle facteur de charge le ratio entre l’énergie produit par une source sur une période donnée et l’énergie qu’elle aurait produite durant cette période si elle avait constamment fonctionné à puissance nominale. Il est de 75% pour le parc nucléaire français, de 24,3% pour le parc éolien et de 15% pour le parc solaire.

Par ailleurs si le taux de couverture du solaire augmente en proportion de l’augmentation du parc photovoltaïque en France, c’est que depuis 2010 la France est parvenu à stabiliser sa consommation électrique totale, pour un PIB toujours en hausse – les efforts d’efficacité énergétique portent leur fruit.

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Stockage et autoconsommation

Comme pour toutes les énergies intermittentes, le stockage reste un enjeu d’importance. Mais les technologies évoluent, les méthodes de stockage s’améliorent : les nouvelles générations de batterie Lithium-Ion ont permis le développement, en quelques années, de l’autoconsommation.

Fin mars 2016, 14 000 foyers en France avaient opté pour ce mode de fonctionnement, qui consiste à associer un équipement photovoltaïque, le plus souvent en toiture, avec un système de stockage, le plus souvent une batterie Lithium-Ion : ainsi le foyer (ou le bâtiment) produit de l’électricité, mais au lieux de revendre le surplus au gestionnaire réseau, il la stocke pour l’utiliser plus tard.

En la matière le développement des compteurs intelligents va favoriser ce genre d’installation, en intégrant plus facilement ces cellules d’autoconsommation à l’ensemble du réseau. « Nous ne sommes plus dans un phénomène de mode. L’autoconsommation va se développer grâce à la baisse du coût des batteries », explique Daniel Bour, le président d’Enerplan, le syndicat du photovoltaïque.

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Des expérimentations sont en cours ou vont démarrer sur la mise en place de l’autoconsommation au niveau d’un immeuble ou d’un quartier en Métropole. Outre-Mer, où le niveau d’ensoleillement est plus élevé, ces installations sont déjà des réalités, comme pour le petit village dans le cirque montagneux de Mafate, sur l’Île de la Réunion

Evidemment, les DOM-TOM demeure un cas particulier à l’échelle de la superficie du territoire. La France n’a clairement pas les atouts d’autres pays, aux niveaux d’ensoleillement bien supérieurs ; mais la baisse régulière du coût des installations photovoltaïque, ainsi que les améliorations constantes des panneaux et de leur rentabilité réservent encore de belles perspectives à cette énergie.

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