Poser les bases du mieux consommer, mettre la technologie au service de l’humain, encourager les circuits courts ; ces sujets existent déjà aujourd’hui. S’agissant de les rapporter à une nouvelle vision de la consommation d’électricité, à savoir consommer l’énergie que l’on produit depuis chez soi, est-ce là l’avenir de l’énergie et l’une des clefs de la croissance verte ? Alors que les installations photovoltaïques destinées uniquement à la revente de la production au réseau s’essoufflent, les professionnels de la gestion des énergies assistent à une poussée de demandes pour l’autoconsommation résidentielle.

Autoconsommer, c’est possible ?

L’autoconsommation résidentielle n’est plus un mythe en France. Un cadre règlementaire a été posé avec la loi du 24 février 2017. Elle n’était pas interdite, elle est désormais pleinement autorisée ! Et au-delà du cadre légal en place, c’est aujourd’hui une vraie tendance de société ! Près de 50% des demandes de raccordement réalisées en 2017 l’ont été sur des demandes en autoconsommation. On atteint donc à ce jour environ 30 000 installations photovoltaïques résidentielles. Un récent sondage Opinionway pour Qualit’ENR indique que 88% des français préfèreraient consommer leur électricité solaire plutôt que la vendre au réseau. Et si nous voyons et nous encourageons cette bascule vers l’autoconsommation, la France a encore beaucoup de retard de déploiement par rapport à nos voisins européens qui ont déjà équipé 750 000 foyers pour l’Italie et près d’1,5 millions pour ce qui concerne l’Allemagne. La route est ouverte pour la France…

Autoconsommer : comment, combien, pourquoi ?

L’autoconsommation offre une vision totalement nouvelle de la production d’énergie renouvelable. Jusqu’à présent, ce qui était majoritairement vu comme un placement purement financier avec les revenus issus de la vente de la totalité de sa production d’électricité à un organisme d’obligation d’achat devient un acte raisonné qui met le consommateur au cœur de son système et replace la consommation au centre des débats. En effet, avec l’autoconsommation photovoltaïque, l’intérêt est de couvrir ses besoins en électricité (c’est-à-dire maximiser son autoproduction) et de gagner en autonomie. Or il y a généralement un déphasage entre les phases de production (dépendantes du soleil…) et les phases de consommation.

Tout l’enjeu consiste donc à décaler ses consommations pour utiliser au maximum l’énergie solaire. Cela implique au minimum trois choses : mesurer en permanence la consommation et la production pour savoir s’il y a de la production disponible pour un usage énergétique ; déclencher automatiquement un maximum de consommateurs en fonction de la production disponible pour optimiser la consommation solaire ; et apporter une visibilité et des conseils à l’utilisateur final pour qu’il puisse suivre et réduire ses consommations et surtout adapter ses usages.

Les deux premières sont possibles grâce au développement d’outils innovants comme les solutions de monitoring et de pilotage que propose Monabee et qui permettent à la fois de mesurer la consommation et la production mais surtout de piloter intelligemment les gros postes consommateurs pour que leur utilisation soit alimentée par la production solaire disponible.

Dans un modèle en autoconsommation, l’usager est au cœur de son installation, il devient naturellement acteur de sa consommation énergétique. Sa dépendance au réseau électrique devient de moins en moins importante.

Par exemple, c’est ce que nous appelons chez Monabee la « chaîne de l’autoconsommation » et qui permet de passer d’un taux d’autoconsommation naturelle d’environ 30-35% à un taux de 50%à 60% grâce à du pilotage intelligent et jusqu’à 80% avec une adaptation comportementale forte. Sans stockage !

Pour nous, professionnels de l’optimisation énergétique, l’autoconsommation est un outil performant dans la palette de l’efficacité énergétique. Pour une logique globale, elle doit être bien sûr accompagnée d’un ensemble de travaux préalables, d’isolation notamment, permettant d’avoir une meilleure maîtrise de ses consommations d’énergie. Pour autant, l’autoconsommation n’a de sens que si elle est accompagnée d’une prise en main de l’utilisateur qui devient un vrai acteur de ses consommations et de ses productions.

L’autoconsommation résidentielle, nouvel outil de la transition énergétique ?

Nous sommes en train de vivre une véritable révolution dans le monde de l’énergie : avec la libéralisation des marchés, de nouveaux fournisseurs d’énergie alternatifs apparaissent. Avec le développement de la production photovoltaïque résidentielle, nous assistons à une décentralisation des moyens de production. Avec la digitalisation des solutions, nous pouvons imaginer de nouveaux business modèles autour de l’énergie, améliorer le pilotage et donc optimiser l’utilisation de l’énergie solaire. Avec la baisse des coûts et l’augmentation de la puissance des modules, nous pouvons imaginer augmenter massivement les puissances installées en toiture pour augmenter la production d’énergie renouvelable décentralisée. Ce sont autant de conditions favorisant le développement massif de l’autoconsommation photovoltaïque et donc la production d’une énergie propre, dans une logique de maîtrise des consommations.

Comment aller encore plus loin pour favoriser son développement ? Un cadre législatif simplifié, des aides économiques bien positionnées, des contraintes favorisant le travail des professionnels certifiés et limitant l’éco-délinquance et par-dessus tout une information claire à l’attention du grand public représentent les piliers d’un développement ambitieux de l’autoconsommation résidentielle. Et de rattraper notre retard sur nos voisins européens…

Clara Trevisiol est Co-fondatrice et Directrice Générale de la société Monabee, spécialisée dans la conception de solutions intelligentes pour l’optimisation des énergies et l’énergie photovoltaïque notamment. Membre de l’association Luciole, composée d’entreprises innovantes et indépendantes du secteur de l’énergie, celles-ci œuvrent pour accélérer la réalisation de la transition énergétique, de la digitalisation et de l’économie collaborative.

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