Second volet de notre étude du rapport de l’Agence Internationale de l’Energie (AIE) sur les énergies renouvelables, centré sur les différents pays du monde. Où l’on s’aperçoit que la Chine demeure le leader incontesté du développement des énergies renouvelables, que l’Inde renforce sa position par une vigoureuse politique publiques, que les Etats-Unis demeurent un acteur essentiel malgré les changements à la tête du pays, et que la croissance devrait se ralentir en Europe, pour des causes structurelles. Tour d’horizon.

Après avoir étudié le bilan mondial et les évolutions probables pour la période 2017-2022 dans le secteur des énergies renouvelables, dans la première partie de notre étude, centrons-nous sur les Etats-clés du globe. L’AEI prévoit que, d’ici 2022, les deux tiers des nouvelles sources d’énergies renouvelables seront installées dans trois pays : la Chine, les Etats-Unis et l’Inde.

La Chine, leader mondial du renouvelable, et de loin !

Commençons par la Chine, leader mondial du renouvelable, et de loin. Elle est à elle seule responsable de 40% de l’augmentation mondiale du parc d’énergies renouvelables : le gouvernement chinois a encore accéléré la transition énergétique du pays, en constatant les taux catastrophiques de pollution atmosphérique : lancé en 2015, le 13ème plan quinquennal était particulièrement ambitieux en terme de capacités visées pour 2020.

Mais la volonté politiques chinoise est telle que ces objectifs ont déjà été dépassés en ce qui concerne le solaire, et l’AEI envisage qu’ils le seront dès 2019 pour l’éolien. La Chine est par ailleurs leader sur les marchés de l’hydroélectricité, de la biomasse et des véhicules électriques.

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Le gouvernement chinois renforce encore sa position en faveur des EnR

Cette position devrait encore être renforcée par les dernières décisions du gouvernement en terme d’énergie. La Chine devrait en effet abandonner progressivement son programme de tarifs de rachat garantis pour adopter un système de quotas avec des certificats verts. Le pays a également programmé une réforme ambitieuse du marché de l’énergie, de nouvelles lignes de transports d’électricité et une expansion de la production décentralisée.

Cependant, le calendrier et la mise en œuvre de cette transition politique demeurent incertains, rendant les prévisions difficile à établir – raison pour laquelle l’AEI part du principe, dans son scénario « classique » qu’elle ne sera pas opérationnelle avant 2022. Mais une mise en place plus prompte accélérerait encore la transition énergétique chinoise et tirerait avec elle la croissance mondiale des renouvelables.

Les Etats-Unis, une deuxième place malgré les incertitudes politiques

Les Etats-Unis devraient rester, d’ici 2022, le deuxième plus grand marché de croissance pour les énergies renouvelables, et ce malgré les prises de position du gouvernement Trump contre l’accord de Paris et le principe de la transition énergétique.

En effet, les mécanismes sur lesquels s’appuie la croissance du photovoltaïque et de l’éolien aux Etats-Unis sont toujours actifs – qu’il s’agisse des incitations fiscales pluriannuelles, des aides de l’Etat pour l’achat des panneaux photovoltaïque ou du principe des « Normes obligatoires d’énergies renouvelables » (« Renewable portfolio standard” en anglais), qui obligent les compagnies d’électricité à atteindre un certain pourcentage d’énergies renouvelables dans leur production globale.

L’AEI demeure tout de même prudente : les incertitudes politiques en la matière pourraient changer la donne, notamment en matière fiscale, et ralentir la croissance prévue.

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L’Inde en pleine révolution énergétique

En revanche, l’Inde devrait poursuivre sans encombre sa révolution énergétique. D’ici 2022, le pays devrait plus que doubler sa production actuelle d’énergie renouvelable, une croissance supérieure sur la période à l’Union Européenne. Photovoltaïque et éolien représentent 90% de l’augmentation de capacité électrique de l’Inde d’ici 2022 : les enchères pour les nouveaux parcs éoliens et photovoltaïques ont donné les prix les plus bas du monde ; dans certains Etats d’Inde, les prix contractuels sont désormais équivalents au charbon.

De plus, le pays s’est lancé dans une modernisation de son réseau électrique, avec pour objectif de le rendre intelligent au plus vite dans un maximum d’Etat, afin de résoudre les problèmes d’intégration des énergies renouvelables au réseau. De quoi être plus que raisonnablement optimiste.

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Une Union Européenne qui ralentit les installations mais reste en pointe

En revanche, pour l’Union Européenne, les nouvelles paraissent moins positives, puisque l’AEI prévoit certes une augmentation de la capacité d’énergies renouvelables sur la période 2017-2022, mais de 40% inférieure à ce qu’elle a été entre 2012 et 2017. Mais ces chiffres s’expliquent une demande d’électricité plus faible et par des installations déjà extrêmement nombreuses dans un grand nombre de pays.

L’Union Européenne a entamé une phase de stabilisation puis de baisse de sa consommation électrique (à l’inverse de la Chine ou, surtout, de l’Inde, qui devraient voir cette dernière exploser), rendant les nouvelles sources d’électricité globalement moins nombreuses. En revanche, l’immense majorité de ces nouvelles sources seront des énergies renouvelables.

Reste à l’Union Européenne à relever au plus vite le défi de modernisation de ses réseaux électriques, afin de pouvoir intégrer un pourcentage maximal d’énergies renouvelables intermittentes dans son mix.

Les énergies renouvelables intermittentes gagnent du terrain

C’est d’ailleurs un des grands enseignements de cette étude : la part de ces énergies intermittentes, éolien et photovoltaïque, va continuer de croître dans le monde – imposant une nouvelle approche de l’électricité et de la gestion du réseau. En 2022, le Danemark devrait atteindre les 70% de sa production d’électricité en énergies renouvelables intermittentes.

Plusieurs autres pays européens, l’Allemagne, le Royaume-Uni, l’Espagne et l’Irlande, devraient dépasser les 25% d’éolien et de photovoltaïque dans leur production électrique. Les Etats-Unis, la Chine, l’Inde, le Brésil et le Japon devrait doubler leur part d’énergies intermittentes entre 2017 et 2022, pour atteindre ou dépasser les 10%.

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L’AEI souligne que ces évolutions ont des conséquences lourdes sur l’évolution des réseaux électriques : pour supporter une telle part d’énergies intermittentes, ils doivent gagner en flexibilité, par le pilotage de l’offre et de la demande, le stockage d’énergies ou des techniques d’effacement.

Flexibilité et smart grids au programme

Les solutions smart grid doivent impérativement accompagner le développement de ces énergies renouvelables intermittentes, au double risque de voir le réseau saturé dans les périodes de faibles productions d’énergies intermittentes et les prix de l’électricité s’effondrer quand la production intermittente dépasse trop largement les besoins du moment.

En conclusion, l’AEI recommande, pour réussir le défi d’intégrer un maximum d’énergies renouvelables, une évolution franche des politiques publiques, pour atteindre simultanément plusieurs objectifs : fournir des signaux de prix à long terme pour attirer les investissements, assurer une répartition efficace de l’électricité à court terme, atteindre des niveaux de flexibilité suffisants – et pour cela ne pas négliger les autres sources d’énergies renouvelables, hydroélectricité, biomasse, géothermie et solaire thermique.

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