La marque coréenne Samsung a officialisé, le 18 juin, par la voix de son responsable santé numérique, une nouvelle orientation de son application Samsung Health. Cette décision marque une inflexion stratégique majeure, certaines fonctionnalités avancées de suivi de santé intégrées à ses montres connectées ne seront bientôt plus gratuites. Une annonce qui fait écho à la logique d’abonnement déjà amorcée avec Galaxy AI. Cette initiative s’inscrit dans une dynamique plus large de monétisation des services, déjà adoptée par Fitbit, Garmin ou encore Apple. Mais que cache cette évolution vers des services « premium » ?
Samsung pousse la montre au-delà du poignet
À l’origine de cette révélation, une déclaration limpide du Dr Hon Pak, responsable de la division Digital Health de Samsung, partagée par le site Les Numériques : « Nous envisageons un abonnement payant à Samsung Health, dans un format comparable à Fitbit Premium ou Garmin Connect Plus. » La stratégie est donc de faire payer pour l’accès à certaines données et outils de suivi de santé qui, jusqu’ici, étaient intégrés dans l’expérience d’achat.
Parmi les fonctionnalités visées, Samsung a laissé filtrer quelques exemples via la mise à jour One UI 8 Watch : analyse du stress vasculaire, recommandations de sommeil personnalisées, détection d’antioxydants, ou encore coach de course intelligent. L’utilisateur n’achèterait plus simplement une montre connectée, mais un accès conditionnel à ses propres métriques biologiques, verrouillé derrière un abonnement mensuel encore non tarifé.
Une fracture générationnelle entre modèles
La décision, déjà critiquée dans les milieux spécialisés, soulève une problématique d’équité technologique. Selon les premières rumeurs relayées par SamMobile et Frandroid, seuls les futurs modèles Galaxy Watch offriraient gratuitement les fonctions santé dites « premium ». Les utilisateurs de modèles antérieurs devraient, eux, souscrire à l’abonnement pour bénéficier des mêmes outils.
Cette segmentation commerciale s’inscrit dans une tendance inquiétante : créer une différenciation non plus par le matériel, mais par l’accès logiciel et le verrouillage algorithmique. Un glissement qui rebat les rapports entre innovation, fidélisation et obsolescence programmée.
Une santé à tiroirs… payants
Après avoir promis que les fonctions existantes de Samsung Health resteraient gratuites, lors de l’événement Unpacked de juillet 2024, la marque avait discrètement ajouté une clause : « Pour les fonctions futures, des conditions différentes peuvent s’appliquer. », apprend-on du site Les Numériques. Ce changement de cap, bien que prévisible, suscite des interrogations majeures. Est-il éthique de rendre payant l’accès à des informations de santé personnelles, produites par l’utilisateur lui-même ?
La santé devient-elle une option marketing, négociable à la carte comme un pack d’extensions sur console ? L’exemple de Galaxy AI, gratuit jusqu’à fin 2025 avant basculement annoncé vers un modèle payant, montre que Samsung n’a pas l’intention de s’arrêter là. La santé connectée, jadis outil d’empowerment personnel, glisse lentement vers une logique de plateforme fermée et tarifée.
Entre Fitbit, Garmin et Galaxy : une tendance lourde
Samsung n’est pas seul. Depuis mars 2025, Garmin a instauré Connect Plus, un abonnement conditionnant l’accès à certaines statistiques sportives poussées. Fitbit, propriété de Google, a initié dès 2020 sa formule Fitbit Premium, devenue incontournable pour profiter pleinement de ses capteurs. Le point commun ?
Transformer chaque capacité physiologique analysée en produit d’abonnement. Ce qui change avec Samsung, c’est l’échelle : des millions d’utilisateurs dans le monde, un écosystème déjà intégré dans la vie quotidienne, et une convergence de ses services autour d’une même stratégie d’exploitation tarifaire de l’IA personnelle.
